
En philosophie, le concept est une représentation mentale abstraite et générale, objective, stable, munie d’un support verbal. Le concept de vérité, du temps, de l’espace… Du percept (forme perçue d’un stimulus externe) au concept dialectique chez Platon ou de la construction métaphysique et scientifique chez Aristote, il est un schème, un symbole. En linguistique, le concept est nommé « signifié » le terme le désignant, nommé « signifiant ». Le mot « chien » (signifié) par exemple,
ne mord pas, pas plus que sa représentation. Si pour les philosophes modernes (Descartes, John Lock) le concept est une idée, pour Kant, il est un moyen de juger, un universel. Bref, selon Deleuze et Guattari, la philosophie se définit comme la création de concepts.

Puis vint Botul et ses botulettes (Glucks, Finkie, Bruckner…) qui inventa le concept de la chemise déboutonnée et son corollaire entarté ; surgit Ferry (boat) et le concept de la croisière ça m’use ; entra sur scène la Chantal Goya du concept Michel Onfray et son acolyte Comte-Sponville, inventeur de la philo patronale à 5000 boules l’ineptie. Ne manquait plus que l’ineffable Peña-Ruiz et son fameux concept – je suis islamophobe (mais pas judéophobe) c’est bien la preuve que je suis laïc – pour souligner combien ces dernières années la notion de concept était monté d’un cran dans l’exigence de la pensée sous vide.
Et de me souvenir être allé un jour vendre un spectacle à un producteur célèbre de soupe populaire qui conclue l’entretien en me disant – y’a un concept !
Un – y’a de l’idée – m’aurait rassuré davantage. Nous ne fîmes pas affaire.

Tout ça pour en arriver au : concept de la plage dynamique pour ne pas dire aérodynamique.
J’explique donc aux novices ce qu’est, dans la bouche des crétins zélés et serviles
de l’administration publique, en cette novlangue chérie des managers et autres plagistes de la Startup nation, la notion du – concept de la plage dynamique. –
C’est une plage où tu peux marcher courir, jouer au volley, plonger, nager, sauter à cloche pied, à la corde, ramper, danser, faire la roue, la course en sac, la marche arrière, la danse de st Guy, bref à peu près tout ce que tu veux, sauf t’asseoir ou t’allonger, même en ayant la bougeotte. Une sorte de jeu de chaises musicales, sauf qu’à l’arrêt de la musique, tu continues de tourner en rond.
C’est spécial. C’est nouveau. C’est la tendance de l’été.

A cette notion extrêmement subtile de plage dynamique, il existe quelques variantes comme la plage quadrillée, encadrée, encerclée, dont le principe est de réserver dés maintenant un 2 M2, allée 125, option pâté de sable, dans le créneau horaire 11 H 50/13 H 45 le 24 juillet 2020.
Vérifie quand même la météo.
Il faudra bien reconnaître que question créativité, la gestion loufoque du covid_19 aura été un grand moment de révélation hilare. Entre la mise à distance assez douce et moelleuse à la japonaise,

et la mise sous cloche assez cloche et furieusement conviviale façon française,

selon que tu sois grand

ou petit,

De l’invitation policée à aller déconfiner ailleurs aux Invalides ou à te faire reconfiner
la tronche au carré à Barbes, une jolie palette de l’arbitraire et de la loi au faciès reconceptualisé, pour ne pas dire recontextualisé.

En attendant que dans ce siècle la moitié des plages aient disparues – et de se demander vu l’évolution si ce ne serait pas une bénédiction – programmons vite notre séance de bronzage avec ticket horodaté entre les doigts de pied en éventail, tout en respectant la juste distanciation sociale de 5 ananas coloniaux

- – toi y’en a respecter la distance ananas ? – en fredonnant quelque tube estival indémodable…
...sur la plage déconfinée, coquillages et crustacés…
tgb