
Tu voulais pas dormir, jamais. Tu trainais tes nuits dans l’alcool.
Comme si tu savais déjà, craignais déjà qu’un jour, qu’une nuit tu t’endormirais pour ne pas te réveiller. Tu brulais ta superbe humanité consciencieusement en fumées, en nuits blanches sensibles en ivresses diverses et variées et généreuses. Je n’essayais même pas de t’en dissuader. Parfois je les partageais, souvent je les abrégeais, te laissant finir seul, ta nuit Quincampoix, à massacrer ton coeur en sursis. A vivre ta vie tout en densité.

Tu avais le désespoir joyeux, léger, amical et tellement séducteur, gentiment cabotin des fois. Tu étais un grand acteur, un immense acteur qui avait pris son temps pour devenir grand, pour bien s’incarner pour bien se jouer. Je t’ai vu triompher sur scène, dans Festen à Annecy avec cette magnifique présence faite de force et de fragilité enfin reconnue.
On avait des projets qui ne se montaient jamais. On avait des conversations qui n’en finissaient pas. On avait des absences qui nous faisaient nous retrouver d’évidence et poursuivre. nos errances verbales, nos connivences.

T’étais venu chez moi, dans les Alpes, j’étais allé « chez toi », à Saint Raphaël,
sinon on était parisien, toi de Lyon, moi de Savoie. Tu étais mon ami depuis trente ans.
Depuis ces séances de stress partagée dans des stages de com.
La dernière fois que je t’ai vu, à l’automne je parlais des années à venir, tu avais eu un geste las du genre…- tu sais les années à venir, moi…- Je ne me doutais pas qu’il ne t’en restait même pas une…

Et puis ce coup de téléphone à la fin de l’été, comme un coup de poignard me laissant sidéré, orphelin, amputé de toi, de ta fraternité sensible et délicate. Je n’imagine même pas effacer ton nom de mon répertoire.
Je vais conserver tes messages pour te garder encore un peu égoïstement près de moi.
Ces derniers messages où tu me disais avoir joué un prêtre à Saint Eustache dans un court métrage.

Je t’avais donc demandé avec un brin d’ironie – priez pour moi mon père – tu m’avais répondu – c’est fait ! – Je ne savais pas encore que ce serait dans cette église Saint Eustache que c’est nous qui « prierions » pour toi des sanglots plein le corps et l’âme.
Qu’est ce que tu vas me manquer frérot ! qu’est ce que tu vas nous manquer Hervé !
TGB
fort en tendresse, amour. courage frérot
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merci beaucoup
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Lovedd reading this thank you
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merci
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