
Je rêvais d’un autre bocal. Je rêvais qu’un autre bocal soit possible.
Tout en remplissant mon bon de sortie du bocal, j’avais bien intégré
qu’hors la bocalisation mondiale, il n’était point d’alternative.
Tout juste une alternance.
Celle de choisir tous les 5 ans ma façon de tourner en rond dans l’eau,
de choisir mon sens giratoire, de droite à gauche, de gauche à droite,
de penser en rond, sur moi, en moi, autour de moi, sans jamais sortir ni du cadre
ni des confins du bocal, tout juste à me demander, pourquoi il y avait un bocal plutôt que rien, tout juste à me demander, si j’étais la goutte d’eau dans la mer ou la mer dans la goutte d’eau…
tandis que le chat-peau melon veillait :

Tout ce qui était interdit d’interdire…
– dis, crois tu que Dieu existe – disait mon co-locataire de bocal ?
– bien sûr – répondais je – sinon qui changerait l’eau du bocal ? –
Mais de quel Dieu s’agissait il ? du sien ou du mien ?
Ainsi occupions nous notre temps de poisson domestique, de poisson domestiqué,
tout bocalisé du bocal, à nous battre dans le bocal, à nous contester le peu d’oxygène que la grande Oxygénation (qui en consommait 90%) voulait bien nous tolérer dans le bocal, tout en nous conduisant à nous oxygéner sur la dose de l’autre…
et tandis que le chat-peau Melon surveillait

…devenait obligé d’obliger.
Mais dans le coin de mon bocal, je me débocalisais. Et je me répétais
– faire péter le bocal pour enfin respirer –
Et j’ explosais mon bocal et m’éjectais loin du bocal
jusqu’au lavabo au moins, à me faire un siphon d’enfer, à nager dans les tuyaux,
les canalisations, les canaux, loin, loin si loin du bocal…
jusqu’à la mer…
promise !
tgb
photo 1 : Danièle Atala
Dis papa, c’est encore loin la mer? Demanda le petit poisson ….😉
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la mer elle est toujours trop loin l’amer il est toujours si près
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