Il faut bien reconnaitre que depuis que ceux qui ont quelque chose à dire s’autorisent à le dire on commence sérieusement à apprécier ceux qui n’ont rien à dire et qui ont l’élégance de la fermer.
Ça nous fait des vacances.
Je n’exclus pas qu’il y ait des gens qui aient plein de choses essentielles à dire et qui, par fatigue, ironie, paresse, ou jmenfoutisme se les gardent pour eux tout en n’en pensant pas moins.
On a bien assez de livres à lire.
Ces temps-ci j’exècre particulièrement ceux qui beuglent sur tous les tons et sur tous les plateaux (repas) qu’on ne peut plus rien dire
tout en le disant effroyablement.
Les – je suis Charlie – qui interdisent les – je suis pas Charlie – à l’ouvrir – les MichelOnfrayMieuxDSeTaire…qui visiblement ont mis au goût du jour le fait qu’il était de bon ton de péter à table par la bouche.
C’est vrai que ça manquait.
Tant d’années à se contraindre du refoulé fait indubitablement que dès qu’ils l’ouvrent ça refoule sérieux du goulot.
Moi honnêtement je n’ai plus grand chose à dire. Mais j’en profite encore pour le dire.
Ce que je voulais dire, je l’ai dit et pour résumer ça consistait essentiellement à dire que le fascisme peut venir sous un forme cool et sympa, qu’il ne klaxonne pas avec une petite moustache pour prévenir et que le totalitarisme peut prendre bien des aspects, les mieux adaptés, les plus séducteurs pour nous la mettre bien profond.
Ce que j’avais à dire et je l’ai dit 1000 fois c’est que le capitalisme préfèrera toujours le fascisme à l’humanisme, Lepen à Mélenchon, et que la bourgeoisie – et ce que j’entends par bourgeoisie c’est ce gras confort à pas trop déranger les couches de crasse de la tête – a toujours un macron de rechange qu’il déguise en fonction des circonstances, des modes, des tendances et qu’il peut être féminin, vert, métissé, homo, trans…qu’importe le genre ou le non genre tant qu’il reste aux ordres et dans le cadre.
Tout à sa fabrication du produit, du profit et du consentement, le capitalisme détruira tout jusqu’au dernier arbre, spéculera sur tout, jusqu’à la dernière goutte d’eau, salopera tout jusqu’à à la dernière bouffée d’oxygène, marchandisera tout, jusqu’à l’amour, la mort et notre humanité, parce que telle est sa nature profonde et indécrottable.
Ce que j’avais à dire et que j’ai dit cent fois, c’est qu’aucun changement vital et radical ne se fera dans l’angélisme, avec des fleurs autour et que face à la violence sociale, policière, culturelle, médiatique, morale, et qui appelle, bien décomplexé de la gâchette, à tirer dans le tas, seule la violence populaire et légitime peut être redoutable.
Ce que je voulais dire et que j’ai dit dix fois c’est qu’aujourd’hui on peut encore à peu près dire, tant qu’on n’est pas entendu, qu’on reste confidentiel et que même ce confidentiel finira par être interdit sur les réseaux sociaux, sera fliqué dans les rues, espionné au téléphone, filtré, fiché, algorithmé,
mais qu’on trouvera toujours une combine pour le dire parce qu’on peut pas s’empêcher et que de la contrainte nait la créativité et donc la liberté.
Ce que je voulais dire et je vais le dire une fois c’est qu’en tant que professionnel de l’expression et de la prise de parole, durant 30 ans j’ai écouté, entendu des gens parler, faire du bruit avec la bouche, ressasser du blabla, enfiler du souverain poncif et du lieu commun, jusqu’à ce que parfois, dans ma somnolence, mon oreille soudain se dresse à l’écorce d’une parole, à l’aspérité d’une pensée même maladroite, même rudimentaire et qu’il n’y a que celle là qui me parle encore.
Ce que je veux dire aussi, c’est – que le silence est un moment du langage ; que se taire, ce n’est pas être muet, c’est refuser de parler, donc parler encore…-
comme l’exprimait Jean-Paul Sartre qui aurait parfois mieux fait de se taire.
Enfin, ce que je tiens à dire ici, c’est qu’à force de nous confisquer le langage, d’abuser la rhétorique et les images,
d’anéantir le lexique ou de le travestir, bref à force de nous désarmer les mots, il nous faut maintenant penser
Je rêvais d’un autre bocal. Je rêvais qu’un autre bocal soit possible. Tout en remplissant mon bon de sortie du bocal, j’avais bien intégré qu’hors la bocalisation mondiale, il n’était point d’alternative.
Tout juste une alternance.
Celle de choisir tous les 5 ans ma façon de tourner en rond dans l’eau, de choisir mon sens giratoire, de droite à gauche, de gauche à droite, de penser en rond, sur moi, en moi, autour de moi, sans jamais sortir ni du cadre ni des confins du bocal, tout juste à me demander, pourquoi il y avait un bocal plutôt que rien, tout juste à me demander, si j’étais la goutte d’eau dans la mer ou la mer dans la goutte d’eau…
– dis, crois tu que Dieu existe – disait mon co-locataire de bocal ? – bien sûr – répondais je – sinon qui changerait l’eau du bocal ? –
Mais de quel Dieu s’agissait il ? du sien ou du mien ?
Ainsi occupions nous notre temps de poisson domestique, de poisson domestiqué, tout bocalisé du bocal, à nous battre dans le bocal, à nous contester le peu d’oxygène que la grande Oxygénation (qui en consommait 90%) voulait bien nous tolérer dans le bocal, tout en nous conduisant à nous oxygéner sur la dose de l’autre…
Et j’ explosais mon bocal et m’éjectais loin du bocal jusqu’au lavabo au moins, à me faire un siphon d’enfer, à nager dans les tuyaux, les canalisations, les canaux, loin, loin si loin du bocal…
Tu voulais pas dormir, jamais. Tu trainais tes nuits dans l’alcool.
Comme si tu savais déjà, craignais déjà qu’un jour, qu’une nuit tu t’endormirais pour ne pas te réveiller. Tu brulais ta superbe humanité consciencieusement en fumées, en nuits blanches sensibles en ivresses diverses et variées et généreuses. Je n’essayais même pas de t’en dissuader. Parfois je les partageais, souvent je les abrégeais, te laissant finir seul, ta nuit Quincampoix, à massacrer ton coeur en sursis. A vivre ta vie tout en densité.
Tu avais le désespoir joyeux, léger, amical et tellement séducteur, gentiment cabotin des fois. Tu étais un grand acteur, un immense acteur qui avait pris son temps pour devenir grand, pour bien s’incarner pour bien se jouer. Je t’ai vu triompher sur scène, dans Festen à Annecy avec cette magnifique présence faite de force et de fragilité enfin reconnue.
On avait des projets qui ne se montaient jamais. On avait des conversations qui n’en finissaient pas. On avait des absences qui nous faisaient nous retrouver d’évidence et poursuivre. nos errances verbales, nos connivences.
T’étais venu chez moi, dans les Alpes, j’étais allé « chez toi », à Saint Raphaël, sinon on était parisien, toi de Lyon, moi de Savoie. Tu étais mon ami depuis trente ans. Depuis ces séances de stress partagée dans des stages de com.
La dernière fois que je t’ai vu, à l’automne je parlais des années à venir, tu avais eu un geste las du genre…- tu sais les années à venir, moi…- Je ne me doutais pas qu’il ne t’en restait même pas une…
Et puis ce coup de téléphone à la fin de l’été, comme un coup de poignard me laissant sidéré, orphelin, amputé de toi, de ta fraternité sensible et délicate. Je n’imagine même pas effacer ton nom de mon répertoire.
Je vais conserver tes messages pour te garder encore un peu égoïstement près de moi. Ces derniers messages où tu me disais avoir joué un prêtre à Saint Eustache dans un court métrage.
Je t’avais donc demandé avec un brin d’ironie – priez pour moi mon père – tu m’avais répondu – c’est fait ! – Je ne savais pas encore que ce serait dans cette église Saint Eustache que c’est nous qui « prierions » pour toi des sanglots plein le corps et l’âme.
Qu’est ce que tu vas me manquer frérot ! qu’est ce que tu vas nous manquer Hervé !
Une touffe d’herbe sur la tête et la gargouille capitaliste se donne comme un air de punk à chien. C’est une de ces ruses que le bloc bourgeois dans sa perversité funeste manie à la perfection. Se travestir superficiellement, s’acheter la panoplie tendance, pour se perpétuer et continuer à se bâfrer sur la bête.
Elle conserve toujours une de ces rustines, un de ces avatars greenwashisé à l’occase, avec des morceaux de « durable » et « d’équitable » dedans. Un de ces produits pseudo nouveau mis en vente à grand renfort de pub, dans les rayons de son supermarché mondial.
Ainsi donc le bloc bourgeois, dans ses villes bourgeoises sait parfaitement recycler, renouveler son clergé servile en petits hommes verts pourquoi pas, concédant de la piste cyclable pour mieux vendre ses bagnoles. Le flux vaguement vert d’hier, n’étant qu’une tactique de plus. L’écologie en son égologie, sans rupture radicale ne restera à jamais qu’une bonne conscience de confort, une sale manie.
Comme dirait Chico Mendes° – l’écologie sans lutte des classes est elle autre chose que du jardinage ? -° La question elle est vite répondue.
La bonne nouvelle malgré tout, est que la marée abstentionniste d’hier, semble démontrer que la population lambda ne se fait plus guère d’illusions sur ce simulacre de démocratie en tenaille et plutôt que de faire semblant de changer tout pour rien, elle préfère visiblement plutôt planter des choux…
En prévision sans doute du prochain confinement.
tgb
° activiste brésilien, assassiné en 1988 dans sa lutte pour préserver l’ Amazonie, reprise par Eduardo Galeano : La ecología sin lucha social es jardinería
troispetits cailloux dans la main de l’infirmière trois petits cailloux qui ne pesaient rien trois petits cailloux contre la misère trois petits cailloux elle en jeta un
Condamnez vous ce geste ? disait l’ordre médiatique à tout convoqué suspect de voir le tonfa et non le galet condamnez vous ce geste ? êtes vous pacifique ? matraquait les marchands de canons, aboyaient ses valets
Deux petits cailloux dans la main de l’infirmière deux petits cailloux de rien du tout deux petits cailloux pour hurler sa colère deux petits cailloux, en jeta un debout
Que toutes les violences faites vous restent confinées opprimez vous vous mêmes ou haïssez les autres il n’y a aucune issue pour tous les révoltés résignez vous enfin à devenir bon apôtre
CSI, Article R211-13 : L’emploi de la force [..] n’est possible que si les circonstances le rendent absolument nécessaire [.] La force déployée doit être proportionnée au trouble à faire cesser et son emploi doit prendre fin lorsque celui-ci a cessé.Farida, infirmière, en blouse blanche, en GAV, risque 2 ans de prison ferme et 45000 euros d’amende pour outrage et rébellion suite à la plainte de 4 policiers
Des petits cailloux il n’en restait qu’un ce petit caillou tout comme un galet ce petit caillou qu’elle lança au loin si loin de la mer comme en ricochet
– Tu aimes la police ? …. – C’est pour un sondage… …. – tu réponds par oui ou par 24 heures de garde à vue… ….
– regarde moi bien dans les yeux… … – non là…dans les yeux du canon… … – tu aimes la police ? … – tu l’aimes fort ? … – redis le… ….
– t’es sincère au moins ? ….. – non parce que sinon on risquerait de se chamailler un peu, un oeil par ci une main par là ….. – quel coup de tonfa dans la gueule ? … – et le contexte alors ? … – est ce que je te cause de ma tendinite du poignet ? …. – ben oui, comparution immédiate, six mois pour outrage et rébellion… …. – c’est le tarif …. – t’as des images ? …. – ben alors tu fermes ta gueule, tu voudrais quand même pas que je perde ma prime assermentée ?
…. – quoi ta retraite ? …. – Tu voudrais pas la mienne pendant qu’on y est ?… …
– donc maintenant tu réponds gentiment à la question suivante… … – objectivement …
…. – existe t’il des violences policières ? …. – réfléchis bien avant de répondre ….. – je te rappelle que ceci est un LBD … – ça donne ça comme résultat
– and now yes you can ? … – Donc, bien raisonné, il n’y a pas de violences policières. … – Autre question fils de pute, vois tu un rapport entre ici et l’Amérique ? … – regarde bien les deux images…
victimes de la police américainevictimes de la police française
…. – Je te donne un indice. je ne vois aucun point commun… … – Bonne déduction. La police républicaine n’a rien à voir avec les cowboys américains. … – Dernière question facile…la police est elle raciste ? …. – Je te rappelle gentiment qu’avant on foutait les bougnoules à la Seine et que maintenant on les repêche… …
– ça devrait t’aider … – Bien vu, elle ne l’est pas…j’ai même un collègue négro qu’on appelle Bamboula …si c’est pas une preuve ! …. – donc tu aimes la police…
… – quel tutoiement ? …. – et un toucher rectal façon matraque ça vous irait enculé ?
En philosophie, le concept est une représentation mentale abstraite et générale, objective, stable, munie d’un support verbal. Le concept de vérité, du temps, de l’espace… Du percept (forme perçue d’un stimulus externe) au concept dialectique chez Platon ou de la construction métaphysique et scientifique chez Aristote, il est un schème, un symbole. En linguistique, le concept est nommé « signifié » le terme le désignant, nommé « signifiant ». Le mot « chien » (signifié) par exemple, ne mord pas, pas plus que sa représentation. Si pour les philosophes modernes (Descartes, John Lock) le concept est une idée, pour Kant, il est un moyen de juger, un universel. Bref, selon Deleuze et Guattari, la philosophie se définit comme la création de concepts.
Puis vint Botul et ses botulettes (Glucks, Finkie, Bruckner…) qui inventa le concept de la chemise déboutonnée et son corollaire entarté ; surgit Ferry (boat) et le concept de la croisière ça m’use ; entra sur scène la Chantal Goya du concept Michel Onfray et son acolyte Comte-Sponville, inventeur de la philo patronale à 5000 boules l’ineptie. Ne manquait plus que l’ineffable Peña-Ruiz et son fameux concept – je suis islamophobe (mais pas judéophobe) c’est bien la preuve que je suis laïc – pour souligner combien ces dernières années la notion de concept était monté d’un cran dans l’exigence de la pensée sous vide.
Et de me souvenir être allé un jour vendre un spectacle à un producteur célèbre de soupe populaire qui conclue l’entretien en me disant – y’a un concept !
Un – y’a de l’idée – m’aurait rassuré davantage. Nous ne fîmes pas affaire.
J’explique donc aux novices ce qu’est, dans la bouche des crétins zélés et serviles de l’administration publique, en cette novlangue chérie des managers et autres plagistes de la Startup nation, la notion du – concept de la plage dynamique. –
C’est une plage où tu peux marcher courir, jouer au volley, plonger, nager, sauter à cloche pied, à la corde, ramper, danser, faire la roue, la course en sac, la marche arrière, la danse de st Guy, bref à peu près tout ce que tu veux, sauf t’asseoir ou t’allonger, même en ayant la bougeotte. Une sorte de jeu de chaises musicales, sauf qu’à l’arrêt de la musique, tu continues de tourner en rond.
C’est spécial. C’est nouveau. C’est la tendance de l’été.
A cette notion extrêmement subtile de plage dynamique, il existe quelques variantes comme la plage quadrillée, encadrée, encerclée, dont le principe est de réserver dés maintenant un 2 M2, allée 125, option pâté de sable, dans le créneau horaire 11 H 50/13 H 45 le 24 juillet 2020.
Vérifie quand même la météo.
Il faudra bien reconnaître que question créativité, la gestion loufoque du covid_19 aura été un grand moment de révélation hilare. Entre la mise à distance assez douce et moelleuse à la japonaise,
et la mise sous cloche assez cloche et furieusement conviviale façon française,
En attendant que dans ce siècle la moitié des plages aient disparues – et de se demander vu l’évolution si ce ne serait pas une bénédiction – programmons vite notre séance de bronzage avec ticket horodaté entre les doigts de pied en éventail, tout en respectant la juste distanciation sociale de 5 ananas coloniaux
– toi y’en a respecter la distance ananas ? – en fredonnant quelque tube estival indémodable…
Il était un pays où le président faisait peur aux enfants.
Ce président n’aimait pas les mômes. Il n’aimait pas les parents non plus. Faut dire que dans ce pays qui portait le drôle de nom de Startupnation, le président n’aimait personne…que lui.
Dans ce pays, le président préférait que les enfants soient tous habillés pareils, soient tous alignés pareils, saluent tous le drapeau pareils, soient tous à genoux pareils avec les mains tous pareils sûr la tête.
ça leur servait de leçon.
Dans ce pays où les enfants déjà tourmentés par un méchant virus n’avaient plus droits ni à faire des câlins ni à en recevoir, devaient se tenir à distance les uns des autres, se laver les mains cent fois, porter des masques et des gants, voir du microbe partout sous le lit, dans le placard, dans l’assiette du copain, dans les bisous de maman…ces gamins devaient manger à la cantine enfermés dans de drôles de boîtes.
Pas drôles du tout.
Dans ce pays, à bien conditionner les enfants, d’étranges maîtresses ou maîtres compartimentaient les enfants, les enfermaient seuls dans leurs angoisses d’enfant, dans des cages mentales, des carrés pas du tout magiques, leurs apprenaient, les formataient, les conformaient à se méfier des autres.
Tourcoing dont le maire est le triste Darmanin
L’enfant grandissait avec cet horrible sentiment que l’autre enfant, l’autre adulte, le papa autre, la maman autre, la mamie autre ou l’institutrice autre… était l’ennemi et le méchant.
Dans ce pays dont le président n’aimait pas les enfants et même pas les siens, vu qu’il n’en avait pas, il était bientôt question, de pister, pucer, tracer les enfants (et les parents aussi) pour mieux vérifier de ce que l’on appelait en mot savants, distanciation sociale, distanciation sanitaire.
Ainsi allait la pédagogie, l’infantilisation des grands, la programmation des petits.
Dans ce pays où le président n’aimait pas les enfants, ma gosse n’allait plus à l’école. Car cette école n’avait rien d’une école.