Au joli pays de Charlie

Au joli pays de Charlie, être ou ne pas être Charlie, telle n’est pas la question.

Non, en ce joli pays de Charlie, on ne pose et ne se pose pas de questions inutiles ni même subsidiaires. S’en poser dans un esprit vaguement critique étant déjà suspect

Etre Charlie ne se discute pas. On est Charlie ou rien. Charlie ou personne. Charlie ou en prison.

Etre Charlie c’est comme l’école publique : gratuit et OBLIGATOIRE.

Car en ce joli pays, la bonne pédagogie consiste à ne, ni questionner ni se questionner mais à bien fermer sa gueule tout en l’ouvrant aux heures de gavage.

C’est ainsi qu’ici, en ce gentil pays de délateurs chroniques, les profs dénonçant leurs élèves tandis que dans une juste répartition des rôles, les élèves dénonçant leurs profs, tout en réglant quelque compte au passage, se demander simplement ce que recouvre ce slogan est absolument proscrit.

Mesdames et messieurs dans cette grande tradition qui fit l’honneur et la gloire de la France éternelle, dénonçons nous les uns les autres, le ministre de l’intérieur reconnaîtra les siens.

On peut, éventuellement nuancer Charlie à la condition extrême d’être Charlie (et blanc).

Donc, étant lâche et n’ayant pas vocation à devenir martyr de l’union nationale, je le dis comme je ne le pense pas : je suis Charlie.

Cette formalité accomplie sous les caméras vidéos de mes voisins, maintenant réfléchissons :

Comme le capitalisme, sensé être basé sur la libre concurrence, donc le choix, et qui nous serine à longueur d’ondes qu’il n’y a pas d’alternative, tu es Tina, n’y aurait-il pas quelque contradiction à défendre la liberté d’expression tout en l’interdisant.

Tu es Charlie avec moi ou pas Charlie contre moi. Bon ou mauvais français.

Quand on réduit toute pensée dans une formule marketing à 2 balles, y a t-il encore de la pensée autre que pourrie ? Y a-t-il encore de la liberté de penser (comme dirait l’autre con) dans l’injonction solennelle à penser tous pareil ?

Dans le consensus mou et moutonnier quid de la dialectique ?

Pour un pouvoir quel qu’il soit, ce qu’il y a de bien avec l’hystérie compulsive collective, c’est que la foule se sentant des poussées nationalistes, des pulsions de croisade, des montées de vengeance tricolore, elle ne pense plus, elle éructe, elle mobilise, elle claironne, elle pavoise.

Ah ce goût pavlovien et grégaire pour le tout sécuritaire, quant à la liberté qu’en ferions-nous, tant qu’on peut pousser des caddy à Carouf le dimanche ?

Oui, quand elle a les craquettes, la foule déjà pas très fine en temps ordinaire devient con comme un balai, subtile comme une balayette à chiottes.

En ces temps galvanisés, l’on peut d’ailleurs vite se retrouver décoré de la francisque, la patrie reconnaissante, pour avoir courageusement affronté seul et à mains nues un dangereux enfant terroriste de huit ans et mis hors d’état de nuire tout une filière djihadiste d’école élémentaire.

Respect !Oui mesdames et messieurs les bons français, pour ne pas l’avoir connue je la reconnais pourtant cette odeur familière de la nation profonde, ce parfum singulier qui fait notre identité nationale tout autant que notre ADN : la bonne pourriture des enfants de Pétain.

Ainsi donc finirons nous par trouver normal de ne plus enterrer les petites filles Rroms, de mettre en garde à vue un petit garçon basané tandis que l’on se scandalise d’un politique devant un tribunal, de transformer les instituteurs en matons et les flics en juges, alors que la mauvaise haleine de Tesson et de ses acolytes continuent rèspectablement d’ empuantir nos narines à travers même les ondes.

Ainsi donc aussi, naissent les parfaites souricières et l’asservissement volontaire et le totalitarisme flasque et la fabrication du consentement .

Ainsi donc dans le Doubs, après avoir désespéré le peuple de gauche, en lui confisquant toute alternative par de l’alternance pareille (cause) puis avoir instrumentalisé l’extrême droite comme tonton Mitterrand lui avait appris, le parti solférinien tout à ses minables manigances exige de l’électeur et de l’élu DU Pacte Républicain contre la bête immonde (conséquence) qui monte qui monte et que l’on fait monter.

Entre l’inoculation de la rage et le prix de son vaccin, mon cœur ne balance pas :

qu’ils aillent tous se faire empapaouter ! (chez Syriza)

Je ne marche pas dans la sale combine.

A la question Es-tu Charlie ? les dessinateurs de Charlie eux mêmes, je n’ai aucun doute, d’un crobard bien torché pour dénoncer ce mauvais Charlisme dégoulinant, auraient répondu comme Oscar Wilde :

Je suis moi-même, les autres sont déjà pris.

tgb

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

12 commentaires sur « Au joli pays de Charlie »

  1. Tout arrive évidemment par hasard et les plus rapides en font leur beurre…Je suis Charlie. Merci, c’est la moindre des choses. Surtout quand on est un suspect potentiel. Il faut bien le dire.

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  2. Je l’ai dit et redit : je ne suis pas Charlie, et j’assume. Le prénommé ministère dit de l’intérieur traîne les relents de tous les intestins. Logique. Avec plus ou moins de vivacité, selon la nature de celui qui en conduit la barque. Vu le prédécesseur, beaucoup de vent sera nécessaire pour ramener un taux acceptable. D’autant qu’en fait, il n’en est jamais parti.
    Il va être nécessaire, pour nous retrouver enfin entre républicains, de chasser cette horde qui a tout accaparé. Reconstruire sera nécessaire, ils ont tout détruit. La charliemanie n’est qu’un prétexte pour faire oublier cet état des lieux. Combien sont dupes ?

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  3. C’est un peu ce contre quoi je me bats avec énergie depuis au moins 2008 !!!!
    Mais surtout , ne comparons pas les histoires économiques depuis 1929……….
    Surtout restons moutons de panurge en suivant toutes les consignes nationales des manipulateurs de notre société élitiste ! Surtout, ignorons les « allumés » de collègues qui tenteraient d’exprimer un point de vue différent ou nuancé ou de faire valoir leurs droits ;
    Surtout , préférons la stigmatisation, l’isolement au dialogue plus réfléchi et démocratique pour satisfaire ce système concurrentiel exacerbé et sans équité et nous donner peut-être la possibilité de faire carrière……….
    C’est la dure réalité que j’ai pu vivre et observer depuis plus d’une vingtaine d’année, les extrêmes se rapprochant inexorablement.
    Dans vingt ans, à ce train-là, peut-être n’aurez-vous déjà plus d’énergie, en ayant été cassés de la sorte à cause d’un déficit démocratique et humaniste institutionalisé!
    J’ose espérer que l’esprit de responsabilité et les consciences restantes conduiront très prochainement à un changement radical de l’orientation de la société et une prise en compte effective des besoins communs des populations pour l’avenir au lieu de rester tous aveuglément assujettis au pouvoir ultralibéral des financiers ou industriels internationaux. Il faut une volonté politique( au sens constructif du terme) de l’ensemble de la population, d’envergure .
    Ne baissons pas les bras face aux attaques antidémocrates et discriminatoire !

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  4. Le système est surpuissant mais il n’est pas invincible rien n’est fatal l’histoire l’a montré plus d’une fois -d’ailleurs il est assez capable de se détruire tout seul

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