A l’ombre de l’âne (d’après Démosthène)

Alexis, un Athénien au chômage fut délégué par son village pour se rendre à Delphes afin d’y vendre la misérable marchandise collective : quatre dérisoires barils d’huile d’olive. (c’eut été du pétrole qu’Hollandréou fut venu à genoux pour lui rouler des pelles). Quatre barils d’huile d’olive pour toute fortune afin de soigner les familles dépourvues de couverture sociale, la malaria et la tuberculose ayant refait leur apparition, tandis que le sida faisait à nouveau des ravages.

Pour transporter sa maigre production, Alexis loua à prix d’or, un âne à la directrice du FME (Fonds Monétaire des Equidés) mme Lagardos qui suspicieuse et cupide, le suivit à la trace dans son 4X4 climatisé, sponsorisé par l’Arabie Saoudite.

En ce temps-là, la loi Macron n’étant pas encore votée, il n’y avait pas d’autocar.

En chemin, au bout de plusieurs heures de marche dans la caillasse, sous un cagnard accablant, l’homme épuisé, chercha désespérément une taverne pour s’y rafraîchir et s’y reposer un peu. L’austérité étant passée par là, la troïka ayant tout dévasté, pas la moindre auberge en activité ; le plus petit estancot ayant depuis longtemps mis la clef sous la porte.

Dans le concert incessant des cigales et pour se protéger du soleil de plomb, pas même un arbre à l’horizon, chaque morceau de bois ayant été depuis longtemps consommé l’hiver pour chauffer les écoles privées d’électricité, ou abattu pour laisser place à des complexes touristiques gardés par des vigiles, y compris dans les zones protégées, cédées à des spéculateurs immobiliers allemands.

Au bord de l’évanouissement, notre homme eut alors une idée : s’installer quelques instants à l’ombre de l’âne. A peine avait-il déposé le bât de l’animal, que la harpie défiscalisée du FME surgit en le menaçant et l’injuriant tout à la fois :

– dégage de là, sale assisté, tu n’as pas le droit !

– comment ça je n’ai pas le droit, je l’ai loué cet âne, non ?

– tu as loué cet âne mais pas son ombre et son ombre est à moi !

Pour l’instant nous en sommes là, et attendons impatiemment la suite de l’histoire…

Ainsi non seulement la Grèce martyrisée devait rembourser la dette, mais passait le plus clair de son temps et de son peu d’argent à rembourser les intérêts exorbitants des prêts, dont 70% allaient directement renflouer les banques.

« La Grèce est « en bonne voie pour achever son ambitieux plan d’ajustement budgétaire », osait la directrice générale du FME, exonérée d’impôts mais qui en exigeait des autres, tandis que le nul et incompétent Jean Claude Trichet, ex président de la BCE (banque centrale des Equidés – un partenaire et concurrent du FME) trouvait que « les efforts demandés à Athènes ne sont pas de l’austérité mais simplement le retour à l’équilibre ». `

Délicieux retour à l’équilibre en effet que l’augmentation de plus de 43 % de la mortalité infantile.

Pour dénouer cette histoire, me revient une parabole orientale.

Dans un souk de Tanger, un flâneur soudain huma une exquise odeur de tajine d’agneau et s’en délecta. Le marchand s’en apercevant exigea immédiatement cinq dirham au quidam pour le plaisir procuré.

– il n’en est pas question, dit le passant , je n’ai rien consommé, c’est portnawak…

– tu as humé, tu en as joui, tu me dois cinq dirham – s’énervait le marchand

Ils commençaient tous deux à en venir aux mains

Surgit un sage qui dit au quidam

– donne moi une pièce d’or…

– mais certainement pas je ne dois rien je n’ai rien acheté…

– donne moi une pièce d’or – insistait le vieux sage…

En désespoir de cause et de guerre lasse le passant confia une pièce d’or au vieux sage qui se tourna vers le marchand, frappa cinq fois avec la pièce de monnaie la faisant résonner sur la marmite où mijotait le tajine et dit au commerçant :

– te voilà payé !!!

– Puis il rendit la pièce d’or au quidam.

Je dis ça je dis rien, mais ça pourrait inspirer Syriza…

tgb

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Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

7 commentaires sur « A l’ombre de l’âne (d’après Démosthène) »

  1. @ tgb
    fallait pas envoyer tata cristine se faire aimer chez les Grecs…
    délicieuses anecdotes 😉 sauf que le « flâneur dans les souks de Tanger » n’est autre que le fameux « Jehha » (ou Joha, ou Djoha, etc. selon les diverses mythologies du personnage, du Maghreb à l’Europe orientale dans sa tradition juive…)
    et que c’est lui qui dans la fable originale trouve l’astuce de faire tinter son unique piècette de monnaie le nombre de fois suffisant pour payer en espèces exclusivement sonores son soi-disant créancier.
    rendons donc à Jehha ce qui lui revient 🙂

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  2. tout à fait ! Jehha donc
    merci de ces précisions littérales
    de l’intérêt de la dette de l’ombre de l’âne ou du bruit de la pièce

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  3. Savoureuse fable.
    On notera que payer en tintements de piécettes ressemble bougrement, en plus « palpable », à la phynance d’aujourd’hui basée de plus en plus sur moins que du vent, un vide pis que sidéral, de laboratoire.
    La monnaie ne repose que sur la confiance, matière ô combien ténue et versatile. C’est bien d’ailleurs pour cela qu’il suffirait du passage d’une libellule pour que le dollar, assis uniquement sur des dettes ne reposant la plupart du temps sur rien, pourrait s’écrouler totalement en quelques heures.

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  4. He oui juste la battement d’aile d’un papillon, et tout ce pognon virtuel confisqué aux autres dans ces paradis fiscaux Et hop volatilisè – un simple but informatique

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Commentaires fermés

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