
– Le monde, vous n’avez pas à l’imaginer mais à le faire…-
Ce slogan, je l’avais vu affiché, lors d’un séminaire quelconque que j’animais en tant que consultant quelconque qui pensait à peu prés le contraire.
Facilitateur ça s’appelait, dans la novlangue poétique de l’univers corporate.
Ce fut une journée difficile….
– Le monde, vous n’avez pas à l’imaginer mais à le faire…-
Et ce monde, ils le firent.
Ils firent du reporting, ils firent du benchmarking, ils firent du marketing quantitatif, ils firent du consulting qualitatif iso 9001.
Ils firent du coaching individuel et du team building collectif, des jogging performants, du speed dating compétitif, tout en gérant leur temps efficacement.
Ils rentabilisèrent en optimisant, ils s’adaptèrent en fonction des challenges, ils atteignirent leurs objectifs trimestriels :
Du software au hardware ils firent dans la gestion de soi et dans le management.
Pour quoi faire ? on sait pas, mais il firent.
– Le monde vous n’avez pas à l’imaginer mais à le faire…-
Ils firent dans le productivisme motivé, ils firent dans le consumérisme zélé, ils firent dans le développement personnel et dans le segmentant. Ils firent dans la part de marché, ils firent dans la réduction des coûts, ils firent dans la culture du résultat et l’évaluation en feed-back ;
Ils firent de l’audit, ils firent de la statistique, ils firent du graphique avec du power point. Des super camemberts quadri-chromés projetés sur Barko en salle plénière.
Ça pour faire ils firent.
Ils marchandisèrent, ils commercialisèrent, ils mercantilisèrent. Et réifièrent et chosifièrent, et rationalisèrent en positivant carrément.
A fond la forme….
Ils formatèrent et calibrèrent tout plein de choses en tion :
-Normalisation
-Mondialisation
-Déréglementation
-Dérégulation
Ils firent glisser sémantiquement les mots :
-libéraliser, libérer, liberté….
-usagers, abonnés, clients…
De la technologie au concept
De l’idéologie à la science
-employabilité, faisabilité, pénibilité…
De l’entreprise au langage courant
-Gérer ses affaires, gérer ses enfants,
-sa vie sentimentale, manager ses parents…
du savoir faire au savoir être….
Ils privatisèrent, turbo-capitalisèrent, stocks optionnèrent à donf, spéculèrent sur leurs propres licenciements, centralisèrent tout en délocalisant, externalisèrent en sous sous sous sous traitant…
Ils mirent le monde en équation.
Façon Kerviel
Et paumèrent mille millards.
Et nous avec
– Le monde vous n’avez pas à l’imaginer mais à le faire…._
D’abord on se sert ensuite on voit….
A l’issue de ce séminaire mémorable où l’on tourna en rond et devant mon peu d’enthousiasme à facilitater, le responsable logistique avait cru me flinguer en cette formule qu’il pensa assassine :
– En tant que facilitateur vous fûtes plutôt complicateur –
Je pris cela comme un compliment.
tgb
Cher difficilitateur, je pense effectivement qu’il n’est pas aisé
d’accompagner des gens qui ne savent pas où ils vont… ça me fait penser
à un certain facilitateur français… sur le sujet des droits de l’homme .. par exemple en Tunisie…. vous le voyez dans quelle catégorie?
http://www.anecdote.com.au/archives/2006/11/what_kind_of_fa.html
J’aimeJ’aime
Ben alors tgb le difficilitateur, on filtre les commentaires?
J’aimeJ’aime
mais non mais non kikine c’est juste qu’aujourd’hui ça manutentionne chez 20 mn
mais pendant les travaux la visite continue
J’aimeJ’aime
je me sens décalé face à leur réalité….ô combien je te comprends tgb 😉
J’aimeJ’aime
à force de facilatater dans le « donne moi plus je m’en fou pas mal des zautres » cé sure on va bien finir par voir le fond
J’aimeJ’aime