Le silence des oiseaux

Il y a encore aujourd’hui dans les campagnes chinoises comme une impression bizarre.

Un étrange silence.

Au début des années soixante pour lutter contre la disparition des graines de céréales mangées par les oiseaux fut instaurée par Mao une grande opération d’hygiène qui avait pour but d’exterminer les « quatre nuisibles » : moustiques, mouches, rats, moineaux.

Pour tuer les oiseaux, les paysans chinois tapaient sur des casseroles empêchant les moineaux notamment, de se poser et de se reposer jusqu’à ce qu’ils meurent d’épuisement et tombent du ciel comme des pierres.

Les autorités ayant juste négligé le fait que dans l’ écosystème (qu’on ne maîtrisait pas encore) les oiseaux ne mangeaient pas que les graines mais aussi les « parasites » le résultat ne se fit pas attendre : une recrudescence d’insectes, une invasion de criquets et un effondrement des rendements de riz.

Cette planification à courte vue, avant d’être corrigée, fit des dégâts considérables et fut l’un des facteurs contribuant à la grande famine chinoise où près de trente millions de chinois crevèrent de faim.

Aujourd’hui encore, 50 ans plus tard, dans les campagnes chinoises : le silence.

Ce silence est en train de gagner nos campagnes à nous, où, à ce rythme mortifère, bientôt nous nous passerons du gazouillis des zoziaux, du bourdonnement des abeilles sans plus de frissonnement des arbres.

Si le gouvernement chinois pêcha par ignorance et par logique absurde, nous c’est en toute conscience que nous participons à l’éradication de la faune et de la flore, de la bio diversité de nos campagnes, nous c’est par cupidité, sous le joug des lobbies, que nous organisons le silence des oiseaux.

C’est le printemps et l’on remarquera les pudeurs de gazelle du Niel-Pigasse de référence

pour ne pas lâcher le mot insecticide en sa une, en ces temps de fusion monstrueuse Bayer/Monsanto.

Le profit du poison, la rentabilité du médicament.

Face à cette extinction progressive et discrète notons l’indignation triste de notre tout vert Nicolas Hulot, l’homme qui ne recule jamais, s’en prenant courageusement au ministre de l’écologie, caution de la start up gouvernementale à tout manager qui pense et dépense le printemps avant de l’épuiser.

Une telle schizophrénie dans l’impuissance ferait presque peine à voir.

C’est le printemps et nos forêts en voie de privatisation, de marchandisation, d’attendre la grande faucheuse à pognon, l’impitoyable tronçonneuse à profit tandis que les pseudo castors bradent les barrages aux actionnaires et finissent de mettre en bouteille le liquide à dividendes.

C’est le printemps et alors que les matraques des milices fascistes bourgeonnent dans nos universités,

tout autant que les paroles embourgeoisées des « starlettes » appointées de mai 68 ralliées à la grande saloperie en marche, une député LREM propose de tirer sans sommation sur quelque écolo lanceur d’alerte, introduit dans une centrale nucléaire.

En ce printemps donc, le paltoquet de la globishonie se pique de sauver la planète en éteignant la lumière.

Pour rien. Pour mieux faire écran. Comme on joue à faire clignoter la tour Eiffel, les jours sanglants.

Il y a longtemps que dans ce monde disjoncté, la commémoration printanière muséïfiée permet de mieux tuer le vivant du printemps, d’éteindre les voix dissonantes

et le chant des oiseaux même pas rentables.

tgb

Share|






Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

10 commentaires sur « Le silence des oiseaux »

  1. – Eh !T’as pas vu à la Star’Ac, d’alouettes, de rossignols, de pinsons pour déclamer leur répertoire ?
    – Ben non, il y en avait ?
    – Pense-tu ! Ils se sont tous barrés six pieds sous terre… on va être envahis de mouches !
    – On va sans doute nous pondre une nouvelle taxe « pour rectifier ça »…. genre aspirateur géant à insectes : des start’up vont s’en emparer pour faire du blé sans utiliser de céréales !
    LA VIE EST MORTE !

    J’aime

  2. ben oui ils sont en train de fabriquer de l’abeille électronique – pourquoi faire simple quand on peut faire sophistiqué

    J’aime

  3. on n’écoute rien vu qu’on sait tout et qu’il n’y a pas d’alternative
    L’ennui dans ce monde, c’est que les idiots sont surs d’eux et les gens senses pleins de doutes
    Bertrand Russel. (attribué à plein d’autres d’ailleurs)

    J’aime

  4. Dans ma région du Val de Saire, Terre maraichère, plus d’insecte, plus d’oiseau, plus de rongeur, plus de grenouille, plus de petit mammifère, lapin, lièvre etc…
    A côté de cela, fleurissent aux bords des routes des encart et panneaux publicitaires dont le slogan a certainement en partie échappé à son auteur  » Val de Saire, Terre de légumes  »

    J’aime

  5. « Pudeur », « impuissance », pourtant ces nuisibles agissent en pleine lumière et sont connus de tous. Vincent Jauvert les appelle « les intouchables d’Etat », les piafs-médias en parlent vite fait, puis silence on re-passe à ces faignants de chômeurs, de cheminots. Ah! la prise en otage des usagers, même ceux qui ne voyagent jamais en train sont rouges de colère devant leur agneau de Pâques qui vient de N.Z.

    J’aime

  6. Oui les nuisibles les Intouchables qu’on planque derrière l’écran les fameux assistés mais à ce petit jeu au bout du compte ce ne sera que du perdant/perdant

    J’aime

Commentaires fermés