Le Barbier de Servile

Dans l’entre soi du monde rêvé de la caste, dans l’intimité télévisée de la pensée salonnarde, dans le creux de la main invisible et manucurée du dessus du panier, l’on peut dire bien des choses abjectes.

Il est même recommandé.

L’on peut oui, étaler son obscénité de classe avec la suffisance des petits kapos payés 30 000 expliquant à des gens payés 1500 que le problème sont les assistés survivants avec 500.

Oui dans ce petit monde-là, l’on peut émarger à 53 000 euros à rien foutre et baver sur les privilèges des petits employés forcément fraudeurs, forcément profiteurs, forcément coupables de n’être pas assez exploités à l’aune des inégalités modernes et disproportionnées.

Précisément dans ce cercle-là on est coopté à la condition même qu’on y joue les francs-tireurs de la saloperie, qu’on y distille péremptoirement la parole décomplexée, qu’on habitue l’oreille à l’indécence, qu’on alimente la machine à ouvrir les brèches dans les défenses immunitaires des laborieux.

Mais dans la vraie vie alors le cuistre de raser les murs, de se déguiser en racaille du neuf/deux et tel l’esprit frappeur, le fantôme du rail, de se prendre pour l’ombre de son ombre, de se rendre invisible parmi les invisibles, de ceux qu’on humilie au quotidien, de peur sans doute de polluer son esprit d’éditorialiste éclairé, confronté au terrain fangeux de la plèbe.

Rien de personnel, le Barbier de servile ici n’est que l’illustration du mépris ordinaire du cercle des subalternes, satellites des importants, accédants aux privilèges à la fine sueur de leur médiocrité, de leurs postures et impostures, de leur capacité à cirer avec zèle les mocassins à glands des puissants.

Oui alors, soudain dans la vraie vie comme la terreur consciente du risque de se faire vomir son venin en retour, de se faire mollarder la gueule en boomerang, de se prendre en pleine poire les crachats au centuple et se sentir soudain comme une merde.

Je ne sais pas ce que fout dans une rame de métro à une heure de pointe ce tuteur dissimulé, sur lequel, tel le lierre, le peuple est sensé s’élever. Une inadvertance sans doute, un Uber qui te plante, un taxi qui te jette ou un chauffeur de petit maître réquisitionné ailleurs, toujours est-il que l’éleveur de masse avec des « les français veulent, les français pensent » plein la bouche, ne semble pas s’y mouvoir si populairement que ça.

Comme la peur assez raisonnable de s’en prendre une.

Pour dire chez les marchands d’ordure sortis de leur dorures, chez les penchés de la courbette, chez les bavards du rien, seul domaine où ça a de la vague compétence, on n’a pas à ce point la conscience tranquille qui te fait ramper droit.

Oui chez ces experts de l’ignoble confinant à l’infâme, chez ces bien assis de la verticalité en exemple, on décèle avec délectation, comme la prescience qu’ils n’excluent pas de se retrouver en lambeaux de chemise et quitte à en payer le prix, pourri à une lanterne.

Ce en quoi pour une fois l’écharpé rouge, montre qu’il conserve une certaine capacité à la clairvoyance.

tgb

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Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

13 commentaires sur « Le Barbier de Servile »

  1. Quand il était rédacteur en chef à L’Express, il militait pour un nouveau traité européen en ces termes: « Puisque les peuples ne valideront jamais un tel traité…un putsch légitime est nécessaire. » Et je n’ai pas souvenirs qu’un tel propos ait agité le Landerneau médiatique !

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  2. pour ces pitres de la gamelle l’impunité verbale est totale – Ces ultralibéraux nuls dans le réel, à plomber direct leur petite entreprise malgré les subsides de l’état n’ont jamais à justifier ni leur incompétence ni leurs immondices. En plus de leurs rétributions généreuses c’est le plus insupportable de leurs privilèges – le droit absolu à dire n’importe quoi sans sanction aucune.

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  3. Moi j’aime porter longue barbe et ne suis donc pas soumis au barbier même servile. Et tant pis pour moi : même sous capuche, on me reconnaît…

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  4. L’écharpe rouge est devenue guignolesque. Il y a quelques années, j’ai fait un bout de ligne de métro face à lui, tassés à six heures du soir.. Il souriait, goguenard à l’époque, avé l’écharpe rouge (marketing de Tonton), c’était l’expert de C dans l’Air (ces faussaires impudents ricanants et beaufs). Et effectivement je me suis retenu de lui cracher mon mépris au visage. Il l’a senti et a cessé de sourire. Il sait ce qu’il fait le sinueux.

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  5. la prochaine fois que tu croises le sinueux te gène pas pour le mollarder de ma part si c’est à moi de le croiser je ne manquerai pas d’en mettre double ration en ton nom

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  6. Dans le genre bêtise crasse, le canard Trump veux faire passer un test QI à son ministre des Affaires Étrangères, ex PDG d’ExxonMobil…(lol) le gars s’appelle Rex comme la plupart des bergers allemands.

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  7. Je n’avais pas compris. Ce passe-muraille qui se cache sous sa capuche est donc cette merde qui nous gave – enfin pour ceux qui l’écoutent – de ses péroraisons. Quand même on est pacifique mais des fois l’interpeller dans un métro ça nous consolerait un peu du bruit qu’il fait en permanence à la télé.

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  8. Oui, méfiez-vous car cracher sur un pourri peut être assimilé à une tentative de meurtre. Déjà qu’un flic à Rodez à déposé plainte contre un manifestant pour « Jet de feuilles d’origine végétale » et qu’un procès est en cours!? À ce rythme, péter en public peut mener aux assises!!!

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