Bonjour, vous avez quelques secondes pour parler de dieu ?

On nous aura bien saoulé avec le birkini, la burka et ce concept hélas galvaudé, de laïcité servant de paravent à une islamophobie déjà bien décomplexée.

Et pourtant question prosélytisme on ne peut pas dire que l’islam en ait l’absolu monopole puisque se propage à vitesse foudroyante dans nos rues et particulièrement dans mon 18ème, dans une indifférence générale et une hyper tolérance, ces sortes de culs bénis avec autel à roulette : les évangéliques.

ça fonctionne toujours par paire de ce que vous voulez, selon le principe de l’apéro, un c’est pas assez, trois c’est trop, et commence à proliférer à chaque sortie de métro, avec caddy baladeur et prospectus messianiques, ciblant particulièrement les communautés antillaises ou africaines, ayant converti déjà l’essentiel, par exemple, des gens du voyage.

J’ai même découvert en mon immeuble un nid chinois.

Telle la vérole, ces églises évangéliques, saloperies déviantes et multiples du très ouvert et respectable protestantisme sont en train de se répandre sur la planète dans une vision très choc des civilisations, à tailler des croupières au catholicisme mais avant tout à l’islam.

Vous me direz que les évangéliques ou autres born again n’en sont pas encore à se faire sauter le caisson dans la foule ni à balancer des camions sur la promenade des anglais certes, mais leur évangélisation à coups de mégachurchs ne fait pas spécialement dans la dentelle, à s’accaparer des parts de marché de la bondieuserie tout autant que de la géopolitique, en brassant des milliards.

De l’Ouganda au Kenya en passant par le Malawi, le Ghana, le Soudan du Sud, la République démocratique du Congo, les organisations évangélistes américaines exercent leurs influences et inspirent des entrepreneurs religieux à bâtir des empires locaux ou internationaux parfaitement réactionnaires et obscurantistes à bien des égards. Je rappelle à tout hasard qu’il est des chefs d’état africains prédicateurs, tel le président pasteur Thomas Boni Yayi au Bénin et qu’au Brésil ils viennent de s’emparer de la municipalité de Rio.

Que ces grenouilles de mauvais bénitier fassent ostensiblement de la retape dans nos rues sans que ça émeuve particulièrement nos autorités me laisse un tantinet songeur… Car, et vous l’aurez sans doute deviné, je n’aime pas ces binômes de mes deux, j’exècre, je déteste je méprise j’abhorre ces tapineurs d’église, ces vrp doucereux du business de dieu pliés dans la soie et le cellophane.

tgb

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extrait de « Nuit Grave » tgb


Y tombaient bien ces deux-là. Bien encadrés dans la porte d’entrée avec leur gueule de tartuffe liquoreux et leur panoplie  » propres sur eux  » de faux derche encravatés. D’entrée j’ai pas aimé. Reniflés au premier coup d’œil ces deux burnes- là. Avec attaché-case et mocassins. Ça suintait le puritanisme obséquieux et l’onctueuse bien-pensance. Deux dealers de Dieu. Deux vrp moyens de la maison Jésus Marie et Joseph Corporate.

Une multinationale à forte potentialité de croissance ces temps-ci. Le confirmé et l’aspirant. Senior et junior en mission prosélyte de prise de tête. Sénior et Junior – la sérénité marketing. Plus vrais que nature. – Le genre poli et rassurant – sauf que c’est exactement ce qui ne me rassure pas, sauf que c’est exactement le genre qui me donne l’envie irrépressible de foutre sur la gueule.



Déjà j’étais pas d’humeur.

L’était tard. M’en restait qu’une – Fallait songer à réapprovisionner dare-dare avant pétage de plombs. Addict que j’étais et fier de l’être. Une brune, une blonde peu importe à ce niveau d’urgence. Une brune, une blonde en alternance depuis toujours. Une coquetterie, tournée en manie, fixée en réflexe conditionné. C’est dire si le coup de sonnette tombait mal.

En plus comment avait-il zappé l’interphone ce binôme évangélique là ? Bref j’étais pas chaud. Dès l’entrée en matière ça s’était confirmé

– Nous aurions voulu débattre avec vous du sens de la vie – Putains les enfoirés. Exactement ce qu’il ne fallait pas dire. Exactement ce que je ne voulais pas entendre. Exactement le type d’argumentaire qui me donnait direct une poussée d’adrénaline, décuplée par un souci légitime de panne de nicotine. En plus ça puait l’accroche bidon, les séances de training à Tartuffe-school. Avec mise en situation et analyse-vidéo.. Motivé le Sénior mais pas crédible.

Mon sens de la vie dans l’immédiat, se résumait à bar-tabac Château Rouge avant fermeture et calin java aux Buttes Chaumont chez ma douce. Le tout à vélo. Cinq minutes de trajet à tout casser. A priori c’était jouable. Faut croire que non.

– pas le temps merci, allez vous faire foutre –

En toute logique l’affaire aurait dû en rester là avec ces deux tarés de Dieu. Manque de vigilance, soupçon de courtoisie ou pulsion trop réfrénée de leur exploser les mocassins ?….…..que déjà ils s’étaient infiltrés sournoisement dans mon appart. J’étais tombé sur des coriaces.

Question endoctrinement J’étais rompu. Je savais que toutes leurs réponses tenaient dans Le LIVRE au détriment de tous les autres qu’ils foutaient volontiers à l’index. J’avais même eu affaire dans ma jeunesse à un squatteur illuminé et à son bourrage de crémol jusqu’à me vouloir re-baptiser ipso facto dans la baignoire. J’avais dû m’en séparer à grands coups de bible chirurgicale. Avec dommages collatéraux. Non vraiment, j’aimais pas cette engeance, mais…

– Savez vous que Dieu nous aime ? Senior avec cette voix doucereuse du type qui vend des assurances-tout risques-signez-là…

Je connais la question, je le prends à la coule.

-J’savais pas, c’est super, dégagez bonsoir.

J’avais cru conclure mais junior s’enhardit et dit : – Qu’il désire nous sauver et qu’il veut notre bonheur éternel…

je vois le rideau de fer glisser le long de la devanture de mon bar-tabac préféré de Château-rouge. J’ai les nerfs. Je toise le Junior d’un air mauvais. Il a une drôle de tête, grand, long, moitié moche, un peu beau. Je le pousse sérieusement vers la sortie. Au passage j’attrape Sénior par la manche qui résiste. Au feeling, il a senti le cœur de cible, la niche, le bon segment. Au feeling il se plante. Le ton monte. Je le bouscule…il clame :

– que se sont nos actes qui nous séparent de son amour – Il se dérobe. Mal. Il glisse. Je le rattrape au vol. Il a une tête marrante, nouée, à lunettes, assortie à sa cravate. Pitoyable.

Le coup de la culpabilité. J’exècre. C’est comme un gyrophare, ça s’allume dans ma tête direct, je vois rouge, je vois noir, ça clignote en binaire. C’est pavlovien chez moi. Ça me fâche.

– fumer boire baiser, ce soir…cassez vous….je les sors.

Junior planté sur le palier se lâche : jésus-christ est mort sur la croix pour nous réconcilier avec Dieu, il nous invite à nous repentir de nos actes et à changer de vie. – changer de vie, ben voyons – je me dis -…ils savent toujours mieux que toi ce qui est bon pour toi, …- je craque. Je pèse sur la porte. La lumière du couloir se met en veilleuse. Sénior en profite pour réinvestir héroïquement son mocassin dans l’entrebâillement. J’hésite. Il débite – Jésus par ses souffrances a obtenu la guérison de tous nos maux, il reviendra sur terre…dans la bible se trouve la réponse à toutes nos questions.

Toutes ? …Nous y voilà. Qu’est ce que je disais. Un livre, un seul. Et on brûle tous les autres. Le livre Mode d’emploi. La morphine existentielle, la boîte à outils de la métaphysique. Super pratique. Mieux que le quid.

Toutes ? – je dis – et ton livre répond aussi à cette question …dans combien de secondes exactement la porte va broyer ce ravissant mocassin de chez André qui me coince l’encoignure ? – d’un faux air navré –

– Nous sommes protestants….

J’avais compris. Mais ce n’était pas la réponse.

Qu’ils soient fondamentalistes musulmans, juifs ou Chrétiens, Baptistes, Adventistes, Pentecôtistes, Charismatiques voire Zarkozistes, ce sont surtout des intégristes du slip et du mental. Peu m’importe la succursale et qu’ils s’empoignent pour des parts de marché, ces marchands de peur et d’ordre moral me foutent la trouille d’instinct. Si Dieu existe, pas d’intermédiaire.

La réponse était cinq. C’est votre dernier mot Jean pierre ? – je me pense…1-2-..3-tension suspens…4 secondes…avant de lui refermer la porte sur le pied qui lutte un peu plie et se rétracte. – 5 – La porte claque. La serrure s’enclenche. Verrou – Cadenas – armoire. Je barricade. J’exagère mais à peine. Le mocassin est vaincu.

(téléphone)… – Salauds de prédicateurs …je crache et décroche….

tgb

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

14 commentaires sur « Bonjour, vous avez quelques secondes pour parler de dieu ? »

  1. Il y a bien 20 ans qu’ils n’osent plus frapper à ma porte bien que je les voie pourtant passer de temps en temps dans ma rue…Ils ont du mettre une grosse croix rouge sur mon adresse.:-)
    Cela dit, Eve Angéli n’a jamais frappé à ma porte, je le regrette.:-)

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  2. (téléphone)… – Salauds de prédicateurs …je crache et décroche….
    j’espère que ce n’est pas Hélène Lesage qui téléphone dans la foulée pour te vendre une porte blindée avec alarme et toute la panoplie de la domotique !

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  3. @Robert Spire – ne te réjouis pas trop vite je t’envoie les macronistes hi hi
    @OToulouse – comment tu sais ? tu connais ton tgb par coeur ma poule – bisous
    – ALLO –
    – Espace windows Bonjour –
    Manquaient plus qu’eux. L’heure de la maison surfaces et transparences. Les rois du PVC et du parquet flottant.

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  4. Hi hi hi je me souviens encore de ce beau papa tout propre avec sa fifille d’une dizaine d’années, qui arrive à la barrière de mon jardinet, un jour où il gelait pas mal.
    Je leur ai tenu un joli discours d’athée militant pendant un bon quart d’heure où il avait à peine le temps de répondre (la fifille n’a rien dit). On se les gelait, ils restaient là stoïques et inutiles…
    J’ai bien rigolé, après.

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