Tirer dans le tas

Il faudra quand même bien un jour, entre deux coups d’état d’urgence et les errances d’une diplomatie vautrée et incompétente, s’interroger sur la violence et la vacuité d’une société qui engendre de jeunes connards sanguinaires et immatures prenant un pied certain à tirer dans le tas comme en 3 D.

Oui, ces minables d’entre les ordinaires, cédant à la toute puissance et se la jouant super héros macabres, maître du monde un instant, purgeant à la kalash leurs frustrations adolescentes avec cette promesse de refoulé chronique d’un jour je me vengerai.

Du fachochïde Breivik, aux allumés laborieusement islamistes du 13 novembre, en passant par tous les cracheurs de feu et de haine des campus américains en quête du quart d’ heure de gloire et de l’ivresse sanguinaire, s’arrogeant le droit de vie ou de mort sur leurs semblables, s’érigeant un instant en juge suprême, s’interroger oui sur ces furoncles purulents d’une société de consommation de masse comme de carnages.

De la télé réalité virtuelle au réel un peu flou, la vie comme sous acide, la mort comme mauvais trip, comment passer de rien à tout par la mitraille, la ceinture explosive, quitte à embrasser au passage la première cause à la con qui passe, le premier Jihad bricolé, le dernier mouvement sectaire un peu in à tirer son coup comme on peut.

Dans ce monde en vrille et en sucette sans pitié sans amour, où pour toute utopie l’on vous somme d’être milliardaire en bossant le dimanche, devenir pour un instant enfin compétitif et attendre comme un « challenge » l’assaut final du Raid.

Le kif !

Incarner la terreur pour le bien. Le leur. Le mien. A imposer ma médiocre vérité en vérité. Le fanatisme pour tout bagages, le néant pour toute pathologie, remplir son vide de n’importe quoi et avoir enfin raison à en perdre la raison.

Quitte à être nié, foncer droit dans le déni. Etre le pire plutôt que rien dans ce bordel ambiant, ce monde renversé de la folle machine qui rassure les marchés en écrasant les hommes. Un œil sur le taux de stabilité, l’autre sur le taux de croissance.

Oui, être quelqu’un avant de redevenir personne, et à défaut de rites initiatiques de repères ou de rituels, noyer sa rage dans le sang et y trouver un sens.

Et pas tellement s’étonner que le chaos des bombes là-bas, finisse par nous revenir en tapis volant. Des guerres prétendues chirurgicales, en ramasser les dommages collatéraux ici, tandis que nos médiocres politiques lèchent de la babouche pétrolière et obscurantiste en tartuffes distingués.

A force de tirer dans le tas, pouvait on s’en tirer ?

Tout le monde connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un qui est mort au Bataclan et tout le monde d’être un peu mort dedans.

Rester vivant alors, humain et libre, pour toute vengeance.

tgb

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

15 commentaires sur « Tirer dans le tas »

  1. Mais celui qui tous les jours acceptent de rentrer dans l’usine ou le bureau où se fabriquent ses armes kalashnikovs ou autres qui tuent à plus grandes échelles. C’est bien des humains qui fabriquent, avions, missiles, bombes, bombes atomiques,armes à l’uranium appauvri. Doit on les placer dans cette chaînes de l’horreur. Je suis contre toutes ses industries de l’armement. Je le dis, mais personne ne le comprend. on me dit : il faut bien qu’ils travaillent.Et bien oui, mais si on n’y fabrique dans ces cas-là on sait bien qu’il faut que ça serve.
    Pourtant tous les matins des gens vont au boulot sans se poser de questions sur l’avenir du monde et de nos enfants

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  2. Merci, pareillement. J’ai fait un petit texte, qui rejoint ce que tu dis.
    Mais merci, c’est de ça, qu’on a besoin, de pointer une société dans ce qu’elle a contribué à la maintenance de la tête dans son cul d’une partie de la jeunesse.
    J’ai aussi une image, terrible, et qui dit tout (ci-dessous)
    https://scontent-cdg2-1.xx.fbcdn.net/hphotos-xtf1/v/t1.0-9/12274277_415891155286913_3889161851832878665_n.jpg?oh=9784ae6dade680001b31133db60978f0&oe=56E1C3FB
    ET pour le texte :

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  3. @isabelle – l’instinct de mort reste et restera longtemps je crois un marché très lucratif
    @StefG – excellent oui ! » L’aventure délirante de la mort, alors, plutôt que la vie d’un presque mort.  »

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  4. « Dans ce monde en vrille et en sucette sans pitié sans amour… »
    C’est notre modèle de société : un golem , qui se nourrit de l’entropie d’un monde agonisant , la plus abouties des entreprises d’anéantissement de la vie et de l’amour.

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  5. Aimons
    S’il est vrai que le coeur des hommes
    S’agrandit au vol des chansons,
    Chantons !
    S’il est vrai que les yeux du rêve
    Vous font voir de clairs horizons
    Pour que l’aurore au ciel se lève,
    Rêvons !
    S’il est vrai que l’amour nous mène
    Vers un avenir sans canons,
    Pour qu’il soit plus fort que la haine,
    Aimons!
    (Eugène Bizeau)

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