Née quelque part

Elle n’aura pas servi de matière sirupeuse à squatter du temps de cerveau disponible, ni rempli les poches des bookmakers à coups de paris sur l’heure de la layette, le jour de la couleur des yeux de l’arrondi du menton, ni dynamisé le tourisme péridural , ni orné de son effigie quelque mug mercantile, pas plus que servi d’écran de fumée au milliardaire Cameron pour masquer la misère du pays des enfants pauvres en ce jour d’élection qui ne changera rien comme d’hab.

Ce pays où des fils à papa bien nés décrètent au nom d’une idéologie de classe, que la survie se mérite, qu’un travailleur ayant bossé une heure dans le mois n’est pas chômeur, tandis que le déterminisme social fait loi.

Elle n’aura donc pas l’honneur de chier en direct sous les caméras mondialisées dans des couches en soie, comme certaine princesse au petit pois donnée en pâture au peuple affamé et infantilisé, dont le destin après tout, n’est peut-être pas si enviable.

A peine éclose et déjà instrumentalisée.

Francesca Marina née le 3 mai sur un navire de l’armée italienne le Bettica, n’ira au moins pas nourrir les poissons comme près de 30 000 immigrés de ses sœurs ou frères qui au grand soulagement des obsédés de la théorie paranoïaque du grand remplacement ne viendront pas vider leurs ordures ni les torcher ici pour 3 sous de l’heure.

Ils pourront faire fièrement sous eux dans la continuité de leur œuvre charitable.

Cette Italo-nigériane donc, née un jour après la petite fille du prince aux grandes oreilles ne part pas pas et c’est le moins que l’on puisse dire, avec les mêmes privilèges, si ce n’est d’être en vie quand même. Restant à démontrer toutefois que la vie soit un luxe.

Les deux petites filles ne se croiseront pas, ne joueront évidemment pas dans la même cour des grands, d’école, n’ont aucune chance d’être amies ou de se crêper le chignon. L’une entendra parler de l’autre tandis que l’autre n’aura aucune conscience de l’une dans autant de mondes parallèles et oligarchiques.

Au moins si Francesca Marina nommée ainsi par les marins italiens a l’idée saugrenue de se réfugier à Beziers, échappera t’elle à la liste de Robert, tout comme Charlotte Elizabeth Diana, Anders Breivik, Mickael dos Santos ou Maxime Hauchard, les biens nommés.

Le prénom ne faisant ni le terroriste ni le djihadiste, comme l’habit ne fait pas le fanatique, il doit bien exister des Robert fréquentables qui ne soient pas d’authentiques saligauds en costume croisé et en chemise vichy.

A la star Ac des princesses, Francesca Marina n’a aucune chance de finir reine à chapeau vert gélatine, pas plus que de se déplacer en carrosse ou d’inquiéter la monarchie à cause d’une varicelle. Nonobstant si l’aristocratie s’acquiert à la naissance, certainement pas la noblesse.

En attendant de faire leur vie, toutes les petites filles naissent princesses avant de devenir pour certaine et par triste héritage, maquerelle d’extrême droite.

Que les fées qui se penchent sur le couffin de fortune de Francesca Marina l’en préserve.

tgb

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

4 commentaires sur « Née quelque part »

  1. Je te souhaite la bienvenue, petite princesse de la mer. Bienvenue dans un monde qui accueillera tous ses enfants avec le même amour. Sans trier ses enfants selon la couleur de leur peau, la richesse de ses parents ou autre critère de sélection. Un monde où l’on reconnaîtra que tous le humains veulent vivre dans la paix, l’amour et la dignité. Un monde qui reconnaître à tous les humains le droit à cette dignité.

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