La machine néoquedalle

La photo ci-dessus, tirée de l’émission Le Grand Journal (canal+) je l’ai trouvé chez mon excellent collègue de blog Bibi il y a déjà quelques mois. Elle illustrait un de ses articles pertinents sur cette société du spectacle, cette confusion des genres et ce barnum médiatique auxquels se livrent les politiques dans une surexposition narcissique.

Je l’avais mise de côté, car elle donnait à voir dans une somptueuse cruauté, la déliquescence ambiante, du micro chaos médiatique passé à la sanibroyeuse, au macro chaos social et sociétal passé au rouleau compresseur néoquedalle.

Oui, depuis que les politiques ont déserté la politique et rendu un à un leur pouvoir, dans un réflexe de survie, ils jouent de cette surenchère du spectacle sous vide, à se démonétiser, se décrédibiliser chaque jour davantage à se taper l’incruste dans cet écran qui fait écran et finit par les aplatir et les néantiser.

A la star Ac de la politique où le seul but est de se perpétuer et conserver sa gâche, ne plus s’étonner alors que le vrai devienne un moment du faux, tout étant dans tout et inversement, tandis que le rien finit par s’installer dans un grand concours de pets foireux.

Parce qu’à ce petit jeu de la machine à déconne, de la foire à l’égo convoqué sine die, de la parole promo en accéléré, inéluctablement le politique finira torse poil tandis que le gugusse de service se sera rhabillé pour l’hiver, à se demander qui était l’exhibisioniste de qui.

La question cependant reste pour moi une énigme. Pourquoi viennent-ils s’y déliter en direct, et pourquoi encore y reviennent ils, et pourquoi entre deux crétins furtifs acceptent ils d’y rire jaune d’y adopter cette posture obligée de la coolitude assumée, sans, dans un éclair de lucidité s’arracher fissa de ce jeu de rôle funeste en envoyant le tout et le rien à la fois se faire foutre ?

Et cette question vaut y compris pour Melenchon ou Besancenot, pour ceux qui par stratégie croient pouvoir se jouer de la machine en allant malgré tout chercher l’électeur où il est…

mais y est il ? Et y est-il citoyen ou consommateur, citoyen consommateur ? attentif entre deux chips ou à l’instar de l’émission déjà lessivés par la lessiveuse ?

Oui, les politiques y viennent pour l’audience, car ces émissions shaker où l’on mélange le grave et le futile, le personnage et la personnalité, l’être et son néant, la personne et son guignol, où l’invité devient sa propre marionnette et son double font de l’audience. De cette audience qui se mesure et se médiamétrise au marché compétitif du rire totalitaire, de la grande poilade pré JT, à l’aune de la grande zappeuse.

Oui ce dîner de cons et de cul à ne plus savoir qui chante ou qui fait chanter a son public. De ce public qui rentre du boulot, qui ne veut pas penser mais ne pas penser tendance, ne pas penser dans l’éclate avec cette caution vaguement intello remixée que le presse purée reste branchouille tandis que la boîte à clac clac pavlovienne fait la claque à la nunuche « nonmaisalloquoi » tout autant qu’une ovation au dernier criminel de guerre bronzé aux UV avant miss météo.

Et non, à ce jeu de la grande décérébration sympa, du divertissement qui asservit, on ne gagne pas contre la machine. On peut tenter de l’instrumentaliser, elle finit toujours par vous recracher un code barre sur le front, recyclé sans danger. Oui une fois qu’on a mis le doigt dedans impossible d’en sortir sans passer pour le pisse-vinaigre coincé, le rabat-joie, le cracheur dans la soupe, dans le bouillon de culture ou la culture du bouillon tout pareil.

Devoir d’hilarité exigé, connivence requise, ou procès en sorcellerie immédiate avec expulsion.

Est ce que sucer c’est tromper ? depuis cette question inepte et faussement provoc à Rocard d’un Ardisson qui s’est toujours scrupuleusement appliqué à ne déranger que le frivole, le syndrome à gagné l’ensemble d’une classe politique pipolisée qui s’efforce de jouer le jeu de la représentation entre deux indignations contre l’excès de transparence à laquelle elle a joyeusement souscrit par pure addiction.

Depuis que les politiques ont vérifié en direct que le ridicule ne tuait pas, ils sont prêts, entre clones conformes ou pas et clowns pas drôles à en accepter toutes les turpitudes, jusqu’à s’astreindre à trouver ça marrant.

Pas moi !

tgb

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

8 commentaires sur « La machine néoquedalle »

  1. Qui sont les génies sur la photo ? Y compris celui en costard ? Qui a peut-être les baloches à l’air sous la table, allez savoir.
    Bref.
    En tout cas, le roi est nu.

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  2. Ils ont trouvé là, leur véritable place,un petit bout d’écran,entre l’obscène et le néant, à coté des guignols professionnels qui ont eux depuis longtemps, perdu toute dignité.
    L’argent et le pouvoir avilissent de la meme manière.

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  3. C’est le genre de spectacle qu’avaient pressenti depuis longtemps des auteurs de science-fiction. Même pas le genre « deuxième porte à gauche, l’interrupteur est à côté de l’entrée ». Ce serait dénigrer un engrais utile.
    L’avenir est ailleurs. A nous de le bâtir. Quant à « çà »….

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  4. Mais c’est Bayrou à droite, de la photo je veux dire ! Il devait être content d’être assis à côté des gugusses, ça le change des politicards. C’était avant le retour de l’ex sur France 2, tout nu lui aussi.

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