La fRance profondément

J’aime beaucoup cette photo si si, qu’elle est bien emblématique, qu’elle sent bon son nouvel esprit français… des années 70, qu’il manque que l’inspecteur Derrick et Danièle Gilbert.

ça te projette pas de suite dans le 21ème siècle ce cliché mais bon, au rayon quincaillerie de Gnangnan les Bains, sur fond de radio Nostalgie avec du vrai Mike Brant dedans, ça peut toujours faire illusion, un poil contemporain d’ici et maintenant : la France de demain que c’était mieux avant.

Que c’est donc ça, du français de souche de France, que c’est beau, que c’est frais, que ça a l’air fin intelligent, en prise directe avec son temps. Que ça sent bon son croisement consanguin, son Boutin et cousin, qu’on est chez nous, qu’on se renifle le trou de balle qu’entre nous, congénitalement parlant.

Allez allez, on en connaît tous de ce genre de brochettes de gens, des repas de famille, du comité des fêtes, des copains d’avant, qu’on retrouve trente ans plus tard avec cette question qui taraude :

– Ai-je moi aussi cette foutue tête de gland ?

Avec par ordre d’apparition : Philippe, courtier en assurances, l’intello de la bande qui connaît par cœur tous les vainqueurs du plus grand tour de France du monde et tata Paulette

qu’a toujours du poil au menton et du rouge à lèvre sur les dents et qu’a tellement aimé « les Choristes » et Bernard pharmacien, tiré à quatre épingles qu’il fait toujours un malheur au repas du troisième âge quand il imite Pierre Tornade et Colette qu’anime le catéchisme entre deux ventes de charité anti IVG et Marcel qui raterait pour rien au monde le banquet des accordéonistes et qui mourra sur scène comme Molière accroché au comptoir du Balto où il passa trente ans à dire que les jeunes c’est tous des feignants.

Oui on les connaît et même que des fois, nous « les bobos » on leur ressemblerait, qu’on doit avoir du gêne quelque part de cette drôle d’engeance-là, parce qu’un soupçon de beauf, c’est presque attendrissant, que ça nous fait des vacances, qu’on est tous quelque part des enfants de Pétain avec de l’encre anonyme sur les mains.

Oui belle brochette de boubours, de ces bourgeois bourrins, qu’il y en a toujours un, en fin de repas pour raconter des histoires graves et grasses…

qu’un ça va, c’est quand il y en a plusieurs…

tgb

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

10 commentaires sur « La fRance profondément »

  1. Octave Mirbeau les décrivait déjà identiques, en 1900…Le beauf rance, petit rentier ou petit notable est un archétype éternel, déclinable en toutes civilisation, surtout les décadentes…

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  2. Il paraît, me dit-on au café du commerce, que l’on accepte que je ne sois ni boubour ni bobo, suite à ma brillante démonstration. « Bon, d’accord… t’es gaga »!

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  3. Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! j’en ris encore. Surtout que, oui, chacun en connait de « ces gens-là, Monsieur » sortis tout droit de la naphtaline et du formol réunis. Ne seraient-ils même pas diablement nombreux, dans le fond de chemins perdus, ou au cœur de nos grandes villes où leurs toutous font pousser les réverbères chaque jour ?
    Heureusement, on découvre des personnages qui ressembleraient à ces archétypes, et qui pourtant n’hésitent pas à se retrouver en têtes des grandes manifs sociales, par simple altruisme et partage des peines et préoccupations de leurs semblables précaires ou chômeurs.
    C’est pourquoi il ne faut pas désespérer : à côté de ces vestiges de tous âges (certains ont tout juste vingt ans), un Peuple toujours prêt est là, caché, prêt à bondir dès qu’il sentira que cette fois, il faut y aller. C’est même lui que redoutent « nos dirigeants », qui savent bien que cette force-là peut les chasser.
    « Ils ont des millions, nous sommes des millions ».

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  4. Oui c’est vrai l’habit ne fait pas le moine mais la cette brochette a tellement la gueule de l’emploi qu’on peut y lire son programme dessus

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