L’année des hannetons

Dans la série des questions existentielles gravement frivoles de l’été : Où sont passés les hannetons ?

Quand j’étais môme, il y avait ainsi des années à hannetons.

Tous les 3 ans environ, on voyait débouler dans la cour de l’école, à la récré, ces gros patauds de coléoptères carapaçonnés, cuirasse mordorée, casque éperonné, élytres rougeâtres, ce qui signifiait l’arrivée imminente des grandes vacances et de son

haut les mains peau d’lapin, la maîtresse en maillot d’bain.

Qu’est ce qu’on pouvait leur en faire baver à ces gros balourds d’insectes qu’on chopait si facilement à la main.

Le Melolontha de la famille des Scarabaeidae (pour faire savant) nous, on le nommait communément ‘cerf-volant’, parce qu’on lui attachait volontiers une ficelle à la patte pour se marrer dans la salle de classe, quand on le collait pas direct dans les cheveux des filles juste pour le plaisir de les entendre hurler.

Dieu qu’on était délicieusement con.

Autre variante délectable de l’apprentissage de la cruauté sur le dos de ces gros lourdauds était leur massacre programmé façon purée et enchevêtrement d’ailes et d’antennes. On te les enfermait par fournées dans une boîte d’Ovomaltine avant d’y glisser un pétard à mèche qui te hachait tout ça menu menu dans le genre attentat en Irak.

Notre approche merdeusement féroce de la boucherie guerrière.

Je ne dis pas que c’est à force d’expériences génocidaires de ce genre qu’on fit disparaître cet empoté de nuisible, notamment pour l’agriculture, mais bien plutôt la pulvérisation massive de ces putains de pesticides, n empêche, en ce début de juillet, je me sens un peu responsable de sa quasi-disparition.

Et soudainement, ce scarabée me manque.

Mais ce manque, surtout,c’est plutôt la nostalgie estivale de cette enfance perdue, dont on ne guérit jamais, comme tout le monde le sait.

tgb

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

8 commentaires sur « L’année des hannetons »

  1. J’adorais aussi les pétards à mèche courte… (et les P4 aussi d’ailleurs). En plus le grillon dans une boite d’allumette, avec une tige d’herbe pour le faire chanter… Merci pour cette évocation !
    (De Hue – Vietnam…)

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  2. Quelle horreur !
    Il y avait aussi ,comme bestioles qui me dégoûtaient, les orvets : les garçons s’amusaient à nous effrayer avec ces horribles, « énormes  » rampants : ils nous les mettaient dans nos sacs ou nos poches ( je pourrai en faire , encore aujourd’hui , des cauchemars )…beeuuurrrkkk!!! Ce ne sont pas les choses que je regette le plus de mon enfance .

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  3. moi ce ne sont pas non plus les carnages d’ hannetons que je regrette, d’ailleurs mes potes d’alors tiraient au lance pierre sur les piafs, ça je n’ai jamais pu, mais bien leur arrivée annonçant l’été

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