La réponse est dans la question et réciproquement

Dans un de ces titres putassiers dont le Monde, journal de référence révérence au marché, a le secret, la question finement posée appelle comme une réponse à la truelle orientée :

Le droit du travail est-il un frein à la compétitivité ?

Réponse induite avant même que de se fader le corps du texte dans toute sa prévisibilité :

– Ben oui m’dame Parisot, c’est quand même bien archaïque tout ça…le code du travail, les congés payés, le repos dominical, les droits syndicaux…toutes ces contraintes à la liberté de devenir au minimum Steve Jobs, vague auto entrepreneur réussi quelque peu décédé.

Bref quand la question n’attend pas de réponse, mais, comme toute question rhétorique, circonscrit le champ problématique dans son jus dominant, la question est sa propre réponse et vice versa.

On appelle ça un postulat de départ ou un parti pris idéologique, voire une arnaque.

Ce qui est intéressant dans ce titrage somme toute assez banal et ordinaire dans le matraquage ambiant, ce n’est pas tant la doxa récurrente du libéralisme infiltré à usage du con d’exploité par l’enfoiré d’exploiteur et ses petits larbins aux mains moites glissées dans des gants de soie, mais le renversement tranquille des valeurs en notre monde frelaté.

La réponse est donc bien dans la question et réciproquement, sauf que ce n’est pas forcément la question, car, si l’on était encore dans une civilisation de progrès, avec un zest d’humanité dedans, la question pourrait être :

La compétitivité est-elle un frein au droit du travail ?

Et la réponse serait :

– je veux mon n’veu !

A la question donc de savoir si le droit du travail nuit à la compétitivité, l’on peut répondre aisément, sans même s’infliger une tartine indigeste d’élucubrations margarinées par l’un de ces commis d’office, en disant qu’en effet, à peu prés tout ce qui fait d’un salarié autre chose qu’un esclave payé à coups de fouet, nourri d’un croûton rassis et exploité jusqu’à ce que l’os, nuit à la compétitivité ; à savoir :

un salaire, des cotisations sociales, une retraite, un droit au chômage, au repos, à la santé, bref à une vie à peu prés décente.

Tous ces acquis, pas tombés du ciel mais arrachés de haute lutte dans un rapport sanglant dominant/dominé, qu’on nous persuade de bazarder, hop là, histoire de retourner par la fumeuse modernité à la préhistoire éclairée.

Le dominant ne se contentant pas cette fois du beurre de l’argent du beurre et du cul de la crémière mais encore, dans une jouissance pas même dissimulée, du consentement mortifié du cocu de crémier.

Le camp de travail, étant en termes de compétitivité et de profit,THE modèle incomparable dans son rapport qualité prix, efficacement imbattable, question nivellement par le bas.

Reste donc maintenant à savoir si, la compétitivité (et pour quel trophée ?) est la finalité de l’être humain, et, le camp de travail, l’idéal aboutissement de la mondialisation heureuse mais pour qui en dehors d’Alain Minc ?

Si tel est le cas, on peut donc commencer tout de suite à envier très fort les rats de laboratoire, exploités certes, mais au moins sans la conscience aigue de se faire empapaouter.

En conclusion, à la question vicelarde du gratte-papier embedded, salarié en sursis de la pensée unique et petite rognure d’ongle de la première phalange du petit doigt de la main invisible mais dans ta gueule quand même :

Le droit du travail est-il un frein à la compétitivité ?

je répondrai sans en faire un fromage à taux de tartinabilité élevé sur trois colonnes à la une :

Encore heureux, connard !

tgb

(En l’occurrence connasse c’est une femme qui a rédigé l’article)

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

23 commentaires sur « La réponse est dans la question et réciproquement »

  1. Ils ont déjà bien massacré les droits du travail
    et ça n’a eu aucun résultat sur la compétitivité. La compétitivité a de l’intérêt pour qui ?
    Le droit du travail, enfin, ce qu’il en reste, est un des dernier contre-pouvoir face aux vrais dirigeants que sont les teneurs du capital .
    Grâce à la complicité de nos politiques et presque tous les syndicats(voir les liens mis sur ton twitter ), la précarité, le chômage, les délocalisations ( pourquoi ne remboursent-ils pas , s’ils délocalisent, toutes les aides publiques qu’on leur a largement octroyées , par exemple )sont devenus une épée de Damoclès efficace pour imposer un esclavage évident .
    Et ces cancrelats se sentent tellement forts:ils ont le droit de vie ou de mort sur la population .
    Incroyable qu’on ait laissé faire !
    J’ai essayé vainement de mettre 2 liens, qui me semblent important pour rappel : je ne passe pas l’antispam . Donc je vais les mettre sur ton twitter

    J’aime

  2. @turandot – cancrelat 🙂 y’avait longtemps que je n’avais pas vu passer ce mot là…pour les liens je ne m’explique pas pourquoi les tiens ne passent pas
    @urbain – un autre discours existe ça c’est sûr mais avant qu’il ne s’impose…encore est il utile de l’entendre

    J’aime

  3. le travail est plus que jamais devenu un sport de combat , déjà le parcours du combattant pour en trouver un et ensuite la lutte continue pour le conserver ainsi que les acquis conquis de haute lutte , l’idéal étant une petite journée mondiale de grève générale pour voir comment ils s’en sortent tous ces putains de décideurs mais qui va l’organiser ce beau jour ? ça pourrait au moins se faire en Europe , ça aurait déjà du se faire avec les grecs , mais que font donc les syndicats européens ?

    J’aime

  4. les syndicats gèrent la contestation en France ils dépendent des financements de l’état – la messe (syndicale) est dite.

    J’aime

  5. @Françoise D
    C’est l’emploi qui fait défaut, pas le travail.
    C’est le salaire qui nous permet de vivre, et pas l’emploi, pas davantage le travail.
    L’activité devient travail, c’est à dire qu’elle est socialement reconnue, quand elle est salariée .
    C’est le salaire que le syndicat doit défendre, et non le travail, et encore moins l’emploi.

    J’aime

  6. Tu mesureras à quel point ton commentaire est aussi juste, en regard des idées de Marx, qu’inapproprié quant à mon propos , en venant assister à la soirée de vendredi .
    Bernard Friot ( et moi avec lui) ne dis pas autre chose que Marx, et propose de traduire ça en actes, avec une série de revendications politiques, concrètes et réalisables sans présupposer une quelconque révolution préalable .
    Il s’agit d’émanciper le travail dans le rapport social, en tant qu’activité, c’est à dire émanciper le salaire de l’emploi .
    C’est l’objet de son livre « l’enjeu du salariat » qui propose de remplacer la « valeur travail », que met en oeuvre l’emploi salarié libéral/capitaliste, par le « salaire à vie et à la qualification », conçu à l’instar du droit de vote comme un droit de majorité politique du citoyen , abolissant le « marché du travail » et tout ce qui s’en suit.
    Le gros intérêt de ses propositions c’est qu’en économiste, sociologue et spécialiste de l’histoire du droit social il fait la démonstration que ces propositions sont parfaitement cohérente du point de vue macro-économique et donc réalisables … tout de suite .

    J’aime

  7. je savais bien que tu retomberai sur tes pattes animal !!!
    bon Friot ça m’intéresse bien (déjà raté une fois) sauf que j’ai un truc à 20H 30 alors ça risque d’être un peu short (ou bermuda)

    J’aime

  8. @ tgb
    de plus en plus impressionné par tes billets mon cher 🙂 ya juste ton européocentrisme qui me chiffonne mais là n’est pas la question.
    un ami soufi me conseillait : il s’agit d’être dans le monde et non pas du monde… c’est ce qu’il faudrait recommander à la spissedicounasse qui chante aussi laborieusement la légitimité du grand capital 😉
    de toute façon Dieu n’a pas créé l’homme pour travailler mais pour adorer son créateur, d’ailleurs pour s’en convaincre il suffit de dresser le bilan de ce que l’activité humaine a causé comme désagréments aux animaux.
    heureusement la surpopulation galopante devrait bientôt nous aider y voir plus clair si j’ose dire 😉
    @ urbain
    comme transformer l’humanité en ruche écologique ? au modèle de ton prophète à toi, il manque le paramètre de la spiritualité et de la foi, disons concrètement l’acceptation voire la soumission à un ordre naturel. que je qualifie pour ma part de divin.
    et sans chercher à t’énerver, je précise que l’ordre social islamique tient éminemment de cette logique. notamment dans la façon dont il organise la solidarité sociale. autre dimension décisive de ce modèle-là : Dieu est seul maître de la dévolution des richesses en ce monde…
    cela dit, si les prestations sociales étaient gratuites, ça ferait déjà autant de salaires en moins à payer aux gens. et de retraites également.
    reste à guérir l’humanité de l’hystérie consumériste…

    J’aime

  9. « Si Dieu nous a fait à son image, nous le lui avons bien rendu. »
    attribué à Voltaire et aussi à Fontenelle (pas celui de Politis hein)
    en tant qu’agnostique je n’exclue pas une nécessité de transcendance en tant qu’homme raisonnant je ne crois plus au père noël.
    cela dit que nous soyons un petit rien dans un grand tout ça je n’en doute pas une seconde.

    J’aime

  10. @ urbain:les vidéos n’ont pas besoin de réconcilier qui que ce soit , nous ne sommes pas fâchés . Bernard Friot est venu à Metz pour l’enjeu des retraites et j’y étais :j’aime bien son discours et ses arguments .
    A Metz , nous organisons aussi des conférences intéressantes
    (conférence d’Etienne Chouard à Metz avec ATTAC: je ne mets pas le lien, désolée : l’antispam de TGB me bouffe à chaque fois )
    @urbain et @TGB : la province n’est pas la brousse . Nous ne sommes pas  » sauvages » . Et puis c’est souvent joli et vert, passé le périphérique .
    @Salvadorali d’accord avec toi pour que s’arrête cette « hystérie consumériste  » . Je n’ai aucun à priori quant à ta croyance ,et je me retrouve assez bien dans ce que dit TGB.
    Spiritualité , oui , dans le sens connaissance de soi .
    « Si les prestations sociales étaient gratuites  » : de quoi vivraient les personnes qui travaillent au sein de « ces prestations »?
    « Dieu n’a pas créé l’homme pour travailler  » : cette partie de ta phrase me va très bien .
    A bientôt !

    J’aime

  11. hé la province c’était une blague – je suis moi même comme à peu près tous les parisiens un provincial exilé qui ne rate pas une occase à retourner dans ses montagnes profondes

    J’aime

  12. Ma province c’est là où je vis.
    Le village Pernety Plaisance dans la 14ème région de Paris , dans la rue centrale qui débouche sur le MontParnasse et qui avant guerre s’appelait la rue de Vanves, au bout de laquelle, à la « Porte de Vanves », il y avait jadis un octroi, comme à toutes les « portes » ouvrant sur Paris , avec un douanier.
    Ce douanier s’appelait Rousseau.
    Je ne suis pas fâché non plus et n’ai jamais cru que nous l’étions.
    Réconcilier suggère pour moi l’idée de rapprocher. rapprocher les lointains (tgb déjà pour moi vient de loin, d’un autre monde : le nord de la rive droite) c’est à dire pour qu’ils s’approchent et ne restent pas lointains, qu’ils viennent enfin par ce que les écrans ne sont jamais que des écrans, quelque chose s’y projette à quoi ils font écran, le réel est derrière.
    Et seul le réel est rationnel.

    J’aime

  13. @ urbain
    laisse mon roi en paix s’il te plait, et ne me traite pas de thuriféraire, moi je ne traitre pas de suppôt de Marx 😉 quant à ton allergie à l’Islam, il faudra qu’un jour je t’explique qui était vraiment Mohammed, son prophète. après tout, il y a peut-êtres des données qui te manquent et qui pourraient t’aider décoincer ta crispation idéologique ? à ta disposition mon cher.
    Roi prédateur ? à la limite courtisanerie vorace mais bon la cour de sarkozy 1er ne vaut pas mieux pour ne pas dire pire. avec une prime à la stupidité politique des français qui l’ont élu, chez nous au moins le roi est « élu » par dieu, ce qui contribue grandement à blinder sa légitimité, sans parler des valeurs chérifiennes.
    concrètement, si le roi est plus riche que les plus riches des bourgeois, c’est pour éviter que ces derniers ne lui fassent subir une sorte de coup d’état économique. dans un autre ordre d’idées, le contrôle qu’a exercé le palais, sous le règne de Hassan II, sur le noyau dur de l’économie marocaine (groupe ONA, SNI et CDG) a eu un résultat plutôt heureux, en dépit de toutes les dérives constatées/
    en effet, Attijariwafabank, le vaisseau amiral de la finance à la fois royale et nationale, est plus prospère que jamais, et joue ainsi le rôle, au même titre que d’autres entreprises du même calibre, de « champions nationaux » contribuant à la sphère de prospérité marocaine, là encore en dépit d’une très mauvaise mécanique de redistribution des richesses.
    de toute façon, tous ces démocrates de plus ou moins bonne foi qui s’excitent sur la fortune du roi du Maroc ne font qu’entretenir le mythe foireux de l’illégitimité foncière de la monarchie marocaine en général et de la dynastie alaouite en particulier. voila bien l’à-priori qui verrouille ce débat pourri.
    il va donc falloir que je t’explique également en quoi feu SM Mohammed V a refondé la monarchie alaouite, avec en prime la bénédiction urbi et orbi du général de Gaulle lorsque celui-ci a élevé Mohammed V au rand de Compagnon de la Libération (la vôtre).
    d’où mon invitation à te libérer aujourd’hui des schémas foireux que des gratte-papiers tels que catherine graciet (disqualifiée du journalisme respectable du fait de sa collaboration au Journal de Boubker Jamaï) et éric laurent (c’est pas celui qui avait comme dit mon pote le blogueur hmida commencé par cirer les pompes de Hassan II ? qu’est-ce qu’il lui prend d’agresser ainsi Mohammed VI ? )
    et si tu as un moment, viens donc faire un tour au Maroc, e te présenterai notamment des hommes d’affaire et des entrepreneurs puissants qui sont d’accord aujourd’hui (ils semblent avoir réfléchi, eux 😉 sur le fait qu’au Maroc, hors la puissance royale, point de salut. ‘en connais meme qui disent : merci, Sidi !
    donc s’il te plait, urbain, fous la paix à mon pays, tu n’y comprends rien.
    PS
    je suis analyste, pas propagandiste.

    J’aime

  14. @ urbain
    PS
    autre exemple de réponse dans la question faut-il virer un roi illégitime ? évidemment !
    sauf que le roi du Maroc est infiniment plus légitime sur son trône que par exemple toi dans ta librairie, tellement tu manques d’intelligence et d’humanisme…

    J’aime

  15. @Urbain :
    « Ma province c’est là où je vis » : très joli !
    « Ce douanier s’appelait Rousseau » : alors là, si tu me prends par les sentiments …
    « les écrans ne sont jamais que des écrans »: c’est bien pratique pour ne pas tout rater .
    @TGB :
    « un provincial exilé qui ne rate pas une occase à retourner dans ses montagnes profondes » : comme je te comprends !
    Bonne journée !

    J’aime

  16. allez hop ici on ferme on continue plus haut et on évite les pétitions de principe et les jugements définitifs assez limités du bulbe.

    J’aime

Commentaires fermés

%d blogueurs aiment cette page :