
Blasé ou pas, on dira ce qu’on veut, la sélection officielle du festival de Cannes 2011, restera, au delà des œuvres convenues et de ses stars bankables sur tapis rouge, un millésime exceptionnel, alliant éclectisme et densité.
Première bonne surprise, ce film tunisien qu’on n’avait pas vu venir « La révolution du Jasmin » qui, bien que construit sur un scénario improbable, aura donné un coup de jeune et une fraîcheur populaire à la programmation parfois académique. On aura noté d’ailleurs la prestation très réaliste bien que surjouée, parfois ridicule, de l’actrice confirmée Michèle Alliot Marie, bien placée selon les rumeurs, pour décrocher un prix d’interprétation féminine.
Si l’on peut déplorer d’ailleurs qu’un autre film ambitieux égyptien « Place Tahrir » abordant la même thématique sociale et révolutionnaire et qui ne manquait d’ailleurs pas de qualités visuelles, scènes de foules particulièrement réussies, fasse un peu doublon, on gardera longtemps néanmoins en mémoire, cette fantasia à chameaux assez hallucinée, captée caméra à l’épaule, au milieu d’une foule pittoresque et affolée.
La révolution : sujet curieusement décliné et revisité par la plupart des productions d’Orient dans des tentatives filmiques foisonnantes, pas toujours abouties, hélas.

Pour ce qui est du classique film catastrophe, « Fukushima » Opus japonais à gros budget, aura audacieusement renouvelé le genre avec une inventivité technique et des effets spéciaux qui marqueront sans doute l’histoire visuelle du cinéma mondial. Une oeuvre tellurique, qui n’a pas fini d’irradier les salles des multiplex planétaires.
Nous passerons rapidement sur la création anglaise « Kate et William », mélo mièvre, dégoulinant d’affèteries et de joliesses, remake bien falot de «Charles et Diana » vite éclipsé par l’indigent film familial français « Carla ‘s baby » une réalisation bavarde et grand public produite par TF1, qui nous entraîne confusément entre deux guerres en côte d’ivoire puis en Libye à la poursuite d’un coufin perdu, passée quasi inaperçue, au point que la jeune comédienne Bruni, meilleur espoir féminin en son temps, en annulera sa montée des marches.
Ce nanar filandreux, n’ayons pas peur des mots, sera lui-même rapidement occulté par la production vaticano-italienne papale « Jean-Paul 2» qui ne nous fera pas oublier, c’est le moins que l’on puisse dire, les grandes heures du cinéma italien.
L’événement marquant était la présentation coup de poing et spectaculaire du blockbuster « Geronimo » western moderne et manichéen dans une superproduction hollywoodienne. Cette énorme machinerie cinématographique industrielle, aussi mécanique qu’efficace met en scène tout en les confrontant, deux monstres sacrés du grand écran dans une distribution épatante : le jeune Barack Obama (révélation 2008), dans un de ces rôles de gentil élégant quoique ambigu, dont il s’est fait une spécialité et l’excellent Oussama Ben Laden confiné aux compositions de méchant barbu dont on voit mal aujourd’hui qui pourrait le remplacer.

Si évidemment le prix de la meilleure interprétation masculine semblait définitivement promis à l’un de ces deux immenses acteurs (dont l’un à titre posthume) c’était sans compter sur le choc de ce festival décidément de grand cru et l’interprétation magistrale du séduisant Dominique Strauss Kahn dans un contre emploi d’obsédé sexuel dégenté, tiré du long métrage qui aura décoiffé cette année la Croisette – « La femme de chambre »
Le festival tient enfin son scandale.
Même si le scénario semble a priori, assez rocambolesque et peu crédible – la rencontre foudroyante et destructrice d’un maître du monde affameur de peuples avec une obscure boniche de Sofitel – cette histoire d‘amour violente et scabreuse (la scène du droit de cuissage notamment) entre deux luttes des classes ( il n’y a guère que des scénaristes américains pour nous inventer des pitchs aussi fictionnels et peu réalistes) fera date.
Comme restera longtemps gravé dans nos mémoires cinéphiles, la descente aux enfers du patron du FMI, alias DSK dans une interprétation sobre et bouleversante jusqu’à sa sortie menottée entre deux flics proprement saisissante. (Mon confrère Valls en fit couler son Rimmel – « Des images de cruauté insoutenable » – c’est dire).
A bientôt l’heure protocolaire on peut regretter toutefois, que les succès des superproductions marketées, se fasse au détriment de films plus intimistes et discrets quasi clandestins, tel ce dramatique et émouvant « Nakba » petite production palestinienne confidentielle aux moyens rudimentaires et dérisoires qui se bat chaque jour, simplement pour survivre dans cette société du spectacle.

La vie est un story telling.
tgb
Joli petit tour des films en compétition.
Je déplore quand même l’ oubli de « Pacte pour l’euro « , cette fiction tant attendue par le « Tout Cannes » . D’ailleurs David Lynch y voit la Palme d’ Or 2011 .
Il y avait aussi le petit film islandais : « Ils refusent de banquer »
Je suis de ton avis pour » Nakba « .
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ah mais je suis sûr qu’on n’est pas à l’abri de nouvelles surprises – 2011 c’est spécial –
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La grosse déception c’est quand même « L’étrangleur de Tripoli » qui, en dépit d’une sortie mondiale disposant d’un budget de com colossal et le renfort des « gros bras » de »l’intelligentsia » cosmopolite, a beaucoup déçu les spectateurs avec un scenario poussif , des interprètes manquant de conviction et des scènes de bataille trop « cheap » pour satisfaire un public désormais exigeant .
La longueur du film et l’épilogue confus et interminable ont achevé de faire de cette superproduction au casting pourtant alléchant ( avec le deuxième meilleur « vilain » du box office ) , un flop ruineux ( surtout pour ceux qui paient les bombes et les porte-avions ) .
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pourtant en début de projection la critique semblait unanime – Mais c’est vrai que ça traine en longueur et que ça manque terriblement de rebondissements
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Sans oublier la Quinzaine des réalisateurs – reprise au cinéma L’Harlequin :
– Chronique des allées de fraises, de Mohammed Lakhdar-Famina (Alg.)
– Alexandrie-Alexandra, de Youssef Chouhine (Eg.)
– Fukushima, mon amour, de Chris. Market (Fr.)
– Prince of Persilla, de Mike Newill (GB)
– The Wedding march, d’Erich von Stroheim (USA)
– La Messe est indéfinie, de Nanni Fioretti (It.)
– Bring me the head of Alfredo Oussama, de Sam Kimpaypah (USA)
– Le Journal d’une femme de chambre, de Luis Buñuel (Esp.)
– Interception divine, de Christopher Noleiman (USA-Pal.)
Waouh, quelle programme !!!-D
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ah je vois qu’il est encore de véritables cinéphiles loin des esbroufes de Sunset Boulevard
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