L’esclavagisme libre et non faussé

Du restaurant panoramique du centre Pompidou chez «Georges», restaurant chicobobo du groupe Costes, occupé par ses travailleurs  sans-papiers, vous pourriez contempler, avec une acuité visuelle toute mobilisée, les 4107 autres travailleurs étrangers en grève dans la capitale  et la quarantaine de lieux d’occupation, dont les médias respectables et bien informés ne vous informent surtout pas.

Faudrait voir à pas trop déranger.

On verrait, les piquets de grève, des agents de sécurité du Monoprix de Strasbourg St Denis (depuis mars 2009) ceux de l’hôtel Majestic, de la cité des sciences de la Villette (évacué depuis peu) du groupe SELPRO porte Champerret (700 occupants) du chantier du tramway porte des Lilas…

Ce mouvement social général de « clandestins », abonnés à la confidentialité donc, concernant aujourd’hui 33 départements et les communautés  chinoises, kurdes, turques, africaines, amérique latine, afrique du nord…tente de mettre au grand jour enfin les pratiques obscures et crapoteuses d’ un monde du travail chouchouté par un état hypocrite et négrier, expulseur à ses heures mais pas trop regardant sur l’identité nationale quand il s’agit d’exploiter des travailleurs taillables et corvéables, capitalistiquement parlant plus que rentables.

Car s’il est de bon ton symboliquement, d’éjecter 3 lampistes Afghans en charter à l’heure du 20 heures pour faire mouiller la ménagère ménopausée UMP, il est quand même très appréciable, soyons pragmatiques, d’offrir au medef une main d’œuvre discount, docile et particulièrement vulnérable, obligée de raser les murs tout en faisant tourner, en sous-traitance et dans des conditions de travail déplorables, la bétonneuse du btp, entre autre.

Le travailleur clandestin ? le rêve éveillé du patronat et de l’état réuni ; pensez donc : cotisations et impôts perçus sans droits sociaux reçus dont au final nous bénéficions à leur place, flexibilité et précarité totale, horaires à rallonge avec accidents du travail qui n’apparaissent pas dans les statistiques, pénibilité sans revendication possible, employeurs multiples…bref une forme moderne d’esclavagisme libre et non faussé.

Ils nettoient nos bureaux
Ils goudronnent nos routes
Ils récurent nos casseroles
Ils torchent nos vieux
Et assurent même (le gag) notre sécurité.

Quand un travailleur illégal, vigile de métier, rallonge son itinéraire de boulot de deux heures pour esquiver tout risque de contrôle, on commence à friser le kafkaïen. Surtout lorsque l’on sait, que le travail des agents de sécurité est soumis à une autorisation du ministère de l’intérieur.

Si, par simple humanité et souci d’équité, on se doit d’être solidaire, il y va évidemment de notre intérêt aussi, puis qu’ils sont aux avants postes de l’exploitation misérable qui nous pend au nez avec cette obsession malsaine du gouvernement à détricoter le droit du travail et les acquis sociaux.

A la limite et par pur cynisme, les défendre eux, c’est nous défendre nous, ce qui ne semble pas émouvoir plus que ça, le manager Delanoë aux abonnés absents comme d’hab.

A l’heure du débat bidon des valeurs de la France et de son identité, inutile de chercher bien loin ce qui nous définit et de se perdre en polémiques  à la mord-moi-l-nœud  : Liberté Egalité Fraternité – c’est marqué sur tous les frontons des écoles, des mairies, des batiments publics et ça suffit largement à nous rassembler.

Autant dire pour aller à l’essentiel et c’est pas pour cafter, que la mauvaise France, rapport à la république, c’est pas les piquets de grève qui dénoncent mais bien ceux qui exploitent : à savoir

tgb

photos : DA – (et en plus ce sont mes pognes)

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

11 commentaires sur « L’esclavagisme libre et non faussé »

  1. ça ne m’étonne guère qu’on soit en phase agathe – tu as bien fait de mettre les liens – ce billet je l’avais raté apparemment

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  2. Comme dab, d’accord.
    Mais il nous est tout de même arrivé de ne pas l’être… Heureusement.
    Très bon billet. Je peux témoigner chaque jour du calvaire que vivent sur les marchés les sans papiers toujours à la merci d’un contrôle…

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  3. Bravo pour ton billet tgb, ton intelligence (qui n’est en rien cynique).
    Les travailleurs sans papiers c’est comme la clope, l’alcool et la came, enrubannés d’hypocrisie et de rendement.
    Je me sens esclave de leur « clandestinité ».

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  4. « Car s’il est de bon ton symboliquement, d’éjecter 3 lampistes Afghans en charter à l’heure du 20 heures pour faire mouiller la ménagère ménopausée UMP, il est quand même très appréciable, soyons pragmatiques, d’offrir au medef une main d’œuvre discount, docile et particulièrement vulnérable, »
    Tout est dit (j’aime bien les copié-collés…). Ou comment avoir le beurre et l’argent du beurre ; quant au cul de la crémière, ça fait un bail qu’ils se le sont approprié.

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