« Casse toi, pauvre con »

Ce qui m’interpelle n’est pas tant que le paltoquet de Neuilly, ait pu balancer cette phrase minable à un quidam de passage entre deux vaches et un discours incantatoire de plus, mais qu’un français lambda se sente autorisé à lui cracher à la gueule devant des millions de gens en le tutoyant.

Ce qui m’intrigue, ce n’est pas tant que Mr Bruni ne soit pas à la hauteur de son destin même sur la pointe des pieds, mais que son autoritarisme manque à ce point d’autorité.

Que le gugusse à Ray-ban soit une petite frappe de la banlieue ouest, on le savait déjà.

Qu’il soit pingre, vulgaire, menteur, frimeur, tricheur, égotiste, égoïste, inculte, ignare, suffisant, arrogant, mal sapé, mal élevé, cupide, sans-gêne, hâbleur, non fumeur, non buveur, branleur, méprisant, teigneux, agité, laborieusement sportif, superficiel, rancunier, complexé, goujat, démagogue, populiste, hargneux, colérique, capricieux,  m’as-tu-vu, caractériel, immature, pas fini, ringard, bedonnant, flasque, grossier, disgracieux, avec des goûts de chiottes et des amis qu’on ne souhaite à personne,…oui on le savait mais faudrait voir à pas louper l’essentiel, ce type-là est surtout

incompétent
.

a atteint son seuil d’incompétence.

Il est nu
Il est nul.

Si en principe, le statut de président grandit l’homme qui entre dans l’habit et l’histoire en même temps, il se trouve que notre chef d’état stagiaire réussit l’exploit d’abaisser la fonction en en sortant par l’anecdote et en slip kangourou.

Une performance.

Que Mr Bruni refondateur de morale à l’école, de vertu à l’église et de principes à la scène en soit le vibrant contre exemple à la ville, qu’il instrumentalise la Shoah, la peur du monstre, qu’il s’essuie les pieds sur la république, qu’il se torche avec la constitution ne m’étonne pas.

Plus rien ne m’étonne chez ce gougnafier, devenu la risée du monde et le problème de l’Europe en attendant Berlusconi.

A l’heure du casting de la nouvelle star aux 28000 prétendants (travailler plus pour gagner plus hihihihi) que la vedette soit devenue l’idiot du village ou le petit caïd du quartier prouve même qu’il est plutôt en phase avec le pire de son époque.

Non ce qui m’interpelle disais-je, c’est qu’après Juju le pêcheursi je descends je te mets un coup de boule – Et le vulgum pecus du salon de l’agriculture – touche moi pas, tu vas me salir – c’est cette familiarité tutoyée en toute normalité d’un président désacralisé qu’on ne respecte pas.

Que l’on se permette comme une évidence de cracher son mépris à la gueule de Mr Bruni comme on n’oserait même pas le faire au beauf du Balto PMU à l’heure de l’apéro est assez révélateur du niveau caniveau de ce quinquennat.

Qu’on ait aimé ou pas Mitterrand ou de Gaulle on imagine aisément les traiter de facho ou de collabo, les conspuer, voire les assassiner, sûrement pas de leur mettre la main au cul.

Et si par inconscience quelqu’un l’eût fait, on envisage assez que l’un, l’eût dédaigné d’un revers de la main et l’autre, l’eût ignoré d’un haussement de sourcil du genre :

La bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe.

Or avec Mr Bruni, on joue tous dans la même division.
Et on commence à se dire que si ce guignol qui nous demande de parler français en assassinant la syntaxe est président alors pourquoi pas nous ?

Que si ensemble tout est possible (ce qui est évidemment une plaisanterie) alors son cousin soixante-huitard tout seul tout est permis n’est pas loin non plus et que si tout est permis alors pourquoi avoir des égards ou de la considération pour ce gugusse à grelots grimpé sur des échasses qui se la joue perso.

Ironie du sort, le décomplexé complexé a décomplexé tout le monde. Il a explosé le cadre de références, les repères sociaux, les règles du savoir-vivre ensemble et il devient bien illusoire de demander aujourd’hui aux enfants de se lever à l’entrée du professeur quand notre président nous a autorisé en mettant ses pieds sur la table, à chier sur son bureau.

A n’avoir point d’allure et plus de manière plus personne aujourd’hui n’en prend avec lui.

C’était fatal.

Oui, cette distance perdue, c’est bien le paillasson de Neuilly qui l’a initiée.

Symboliquement, elle fut inaugurée par un lâcher de « racaille » retentissant en banlieue.

A faire dans le même registre mafioso que le petit voyou, à draguer le populo en disant (soi disant) tout haut ce que l’on pense tout bas ( et en général si on le pense tout bas c’est qu’on a de bonnes raisons et qu’on en est pas spécialement fier), tout le monde s’y est mis et tout le monde se lâche et se relâche.

On ne retient plus ses pets. On les revendique.

Et quand on a personnalisé par une extrême surexposition son nombril aux JT en toute consanguinité (et je l’avais théorisé qq notes avant) la contestation inévitablement glisse du politique à l’homme, et le conflit se déporte de l’objet au sujet.

Aujourd’hui donc Mr Bruni, le néo-président de la république Française, contrairement à ses prédécesseurs, qui quelque soit leurs opinions fédéraient tous les français, ne représente plus rien, ni plus personne que lui même (et quelques amis)
 
Il est nada nothing oualou en deux mots, il est que dalle.

Dangereusement instable, psychologiquement douteux, pathologiquement suspect, potentiellement méchant, ce type qui nous parle de transcendance les pieds dans le bidet n’est plus craint par personne, n’est plus pris au sérieux.

Il n’impressionne pas.
Ne fait plus impression :

C’est assez grave.

C’est assez grave, car en France aujourd’hui, il n’y a plus de pouvoir, il n’y a plus d’opposition, il n’y a plus de parlement (que des commissions) plus de ministres (que des conseillers) plus de constitution (que le fait du prince) plus de république laïque, plus de suffrage universel (Versailles) il n’y a plus de peuple (que des communautés sectaires) plus qu’une lente décomposition, qu’une immense fragmentation, une machine à diviser et à déconstruire qui génère autant d’électrons libres en fureur, orphelins de valeurs communes.

La nature ayant horreur du vide, elle y colle, pour l’instant, et par compensation, le pâle, mais au moins décent Fillon, qui est tout aussi vide aussi.

Que les français désorientés se raccrochent à l’inconsistance d’un premier ministre en dit long sur cette peur du vide, cette inanité ambiante, ce trop plein de riens, de vacuité et de bides.

La nature donc ayant horreur du vide, quelque chose finira forcément par la remplir…

Quelque chose mais quoi ?

On le saura vite. La France est pleine d’imagination.

tgb

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

23 commentaires sur « « Casse toi, pauvre con » »

  1. Je me suis pris de plaisir à lire ces quelques lignes, même si le sujet est grave.
    Oui grave, car une simple insulte de la part du premier homme de France, en dit long sur son sujet, du moins allonge la liste des manquements liés à sa fonction.
    Oui, je me suis pris de plaisir, car l’analyse, complète, de la situation est bien dite, et bien écrite, avec la dose d’humour qui adoucit les angles de l’épineux propos.
    Un blog à mettre de suite dans ma liste des « à lire régulièrement » !

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  2. Belle et bonne analyse.
    Je suis plus laconique (et bas de plafond).
    Juste une remarque : le quidam responsable de l’altercation (et qui risque les galères pour lèse majesté, selon dernières nouvelles des chiens de garde de l’UMP) ne dis pas « Ne me touche pas » ou même « me touche pas » mais « touche moi pas ! » suivi de « tu vas me salir ».
    Important pour saisir la familiarité envers M. Bruni.
    Il aurait dit « Veuillez ne pas me palper Monsieur le président, vous aez froisser ma tenue », Sarkozy aurait répliqué …
    Pareil en fait.
    T’ar ta gueule à la récré !
    Zgur

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  3. Le président francais avais été voulu par les français.
    Et il avais été bien reçu à Lille capitale de la culture europeenne en 2oo4 donc,
    bravo la culture et agricultue!

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  4. Un très très très bon billet.
    « un président désacralisé qu’on ne respecte pas ».
    Pour être respecté il faut être respectable.

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  5. « Qu’on ait aimé ou pas Mitterrand ou de Gaulle on imagine aisément les traiter de facho ou de collabo, les conspuer, voire les assassiner, sûrement pas de leur mettre la main au cul. »
    En êtes vous sur?

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  6. en etes vous sûr ?
    je ne suis sûr de rien mon pauvre ami
    je sais qu’à l’insulte balancée par un quidam ‘mort au con » De Gaulle avait répondu par un ‘ vaste programme » resté dans l’histoire
    chacun sa hauteur de vue

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  7. Si le mec de Carla est un mètre étalon en ce qui concerne l’intelligence, alors moi et je le revendique très fort: JE SUIS UN PAUVRE CON.
    En parlant de mètre étalon je ne faisais référence à sa taille….

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  8. N’ayant pas voté pour lui, je n’étais pas des lécheurs, je ne suis pas des lacheurs et ne participerait pas au lynchage. Mais ce personnage est fascinant de médiocrité. On nous fait croire que n’importe qui peut etre chanteur, on nous a fait croire que n’importe qui peut etre Président. Buvons la Coupe jusqu’à…

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  9. Commentaire sagace et bien rédigé !
    Moi non plus je n’ai pas voté pour le petit homme ! Je craignais le pire mais mon imagination était décidément bridée !
    Médiocrité et grossiéreté. Nous voilà avec un Berlusconi mal poli !
    Pauvres de nous !
    Eric

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  10. Puisqu’on demande à un président de nous présenter son bulletin de santé PHYSIQUE , je propose aussi que l’on nous fasse un bilan de sa santé MENTALE et ….psychologique , d’autant plus que l’on prend modèle au gouvernement sur les grandes entreprises qui ne se privent pas, elles d’utiliser ces méthodes pour embaucher leurs cadres supérieurs , alors dans cette ère de la notation et des expertises en tous genres , il faudrait aussi créer un groupe de sages composé de cliniciens comportementalistes et autres spécialistes de la psychologie humaine pour que nous le petit peuple soyons enfin rassuré sur la gente qui nous gouverne

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  11. Monsieur Sarkozy n’ a rien inventé…
    Il est le produit ( entre autre ) d’une société qui s’est lentement dégradée… Un homme seul ne peut faire jaillir la médiocrité, il faut que le milieu s’y prète.
    Déjà à l’époque de Monsieur Juppé, qui fut rejeté de façon violente suite à la dissolution de l’AN par Monsieur Chirac, on avait déjà la puce à l’oreille.
    Un gouvernement de gauche qui n’en fut pas un, puis Monsieur Raffarin qui laisse mourrir des centaines de milliers de petits vieux et qui vient ensuite nous faire la morale, c’était encore plus inquiétant !!!
    Et puis il ya eu le procès du sang contaminé, Outreau, les affaires qui s’éternisent et qui s’enlisent, l’affaire de l’hormone de croissance dont on parle à peine… Tapie, Carignon, Juppé, Tiberi, Pasqua, mais la gauche n’est pas exempte de reproches non plus…
    Le fruit était déjà bien pourri avant que le ver ne s’y installe.
    Je n’ai plus confiance dans la justice de mon Pays depuis longtemps mais ce qui est dommage, c’est qu’il va falloir songer à ne même plus faire confiance aux institutions de mon Pays en général.
    JP

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  12. Reste à savoir si l’Étalonette de Neuilly pense mesurer l’ampleur de son pouvoir à l’aune de ses passages télévisés. Il gagne plus, à défaut de travailler plus, qu’il travaille mieux. Quant à ses tableaux de chasse, on s’en moque. Plus besoin de climatiseurs dans les maisons de retraite !
    Ce type brasse tellement d’air qu’on devrait le qualifier d’énergie renouvelable. Le renouveler ? Heu, non, peut-être pas quand même…
    Chirac, reviens ! :-))

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  13. bon billet comme d’hab c’est toujours un plaisir de te lire.
    Concernant le dernier dérapage de Mr le président, ce qui me perturbe le plus c’est l’emploi de « pauvre », le quidam, qui ne l’insulte pas contrairement à ce que les médias assènent depuis hier, le quidam qui l’invective façon cour de récré d’un « touche moi pas, tu vas me salir », reçoit un « casse toi, PAUVRE con »; qu’il soit con c’est un fait (la connerie est souvent franchouillarde si je puis me permettre), que Sarko lui dise alors de se casser c’est normal dans une logique cour de récré (11-12 ans âge moyen) MAIS qu’il ajoute « pauvre » et non pas « vieux » ou « sale » ou »petit » (enfin tous les adjectifs qui vont avec « con ») ça me sidère. La pauvreté, l’apanage d’une majorité de Français hélas, est désormais du domaine de l’insulte. Cela en dit long sur la grande considération dont jouissent les membres de la nation dans l’esprit de ce parvenu médiocre.

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  14. ben dis donc bridge un commentaire par an le moins qu’on puisse dire et contrairement à mr Bruni ta parole est rare et précieuse
    oui dans le pauvre on peut y lire tout le mépris que ce type a pour le peuple et la classe soi-disant inférieure
    quant au con peut être est il obsédé par celui d’une ex

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  15. lorsque une personne , et surtout un Président de la République vous tend la main, même si vous n’etes pas de ses appartenances politiques, la plus élémentaire des corrections est de lui serrer la main, et non, de retorquer par une réponse outranciere, et injurieuse, quant à la réaction de Monsieur SARKOZY j’estime que sa réponse à été direct dans l’action et tres légitime, …. après tout, notre président à le  » défaut de ses qualités « , il est clair , et j’admire sa franchise et sa rétorique

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  16. à LAZERAS Jean Pierre le perroquet de l’UMP je me permets donc d’utiliser la rhétorique du président qu’il admire :
    – casse toi, alors, pauv’con !!!-
    (et quand on admire une rhétorique c’est mieux d’y rajouter un H )

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  17. Billet fort bien écrit, même si je ne suis pas d’accord avec son contenu.
    Sarkozy est en rupture avec l’image présidentielle qui prévalait jusque là. On y gagnera sans doute -on y gagne déjà- en efficacité et en honnêteté ce qu’on y perd en cérémoniel.
    Un article intéressant sur la façon dont notre président voit sa fonction :
    http://www.lemonde.fr/politique/article/2008/02/25/l-homme-qui-ne-voulait-pas-etre-president_1015206_823448.html#ens_id=991293

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  18. efficacité et honnêteté c’est en effet ce que je disais hier encore à mon copain Bolloré en lui montrant ma fiche de salaire augmenté de 206%
    quant à l’article de ce triste philippe ridet le caniche nain du Monde vous me permettrez de faire l’impasse j’ai passé l’age d’être pris pour un con
    ne pas confondre sacré et cérémonie, pour la cérémonie larme à l’oeil votre copain est assez doué
    excusez moi mais c’est là la limite de mon intelligence je ne comprends tout simplement pas comment on peut avoir un cerveau et apprécier ce guignol

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  19. Tss-tss, tgb (vous permettez que je vous appelle tgb ?)
    Utiliser le mot ‘con’, alors que vous vous en insurgiez quelques instants plus tôt… est-ce bien raisonnable ? Raisonné ?
    Ne vous donnez pas la peine de répondre : les blogues m’ennuient quand on ne peut pas y entamer un débat d’idées sans tomber dans l’insulte facile (« le caniche nain du monde »… auriez-vous quelque aversion pour les gens de petite taille ?).
    Bonne continuation.

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  20. 1 – je ne traite personne de con moi !!!!
    2 – je me donne la peine de répondre , je fais ce que je veux ici.
    3 – caniche nain au sens de journaliste docile laquais larbin
    4 – je me sure 1 m 66

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