
Il fut un temps où les aristocrates russes magnifiaient leur banqueroute en se faisant sauter le caisson juste après avoir éclusé une bouteille de vodka.
Ça avait de la gueule.
Il fut un temps où la cavalerie polonaise montait à l’assaut des panzers allemands sabre à la main.
C’était con, mais ça ne manquait pas de panache.
Il fut un temps ou Danton, allant à l’échafaud, balançait au bourreau avec aplomb – Tu montreras ma tête au peuple, elle en vaut la peine ! –
La classe.
Il fut un temps pas si lointain où Salvador Allende, un certain 11 septembre 73, préférait mourir les armes à la main, en son palais de la Moneda avec ses camarades, plutôt que de négocier une médiocre survie en un exil doré…
Respect.

(quand même mieux que les sanguinaires généraux Pinochet ou Suharto crevant dans leurs lits en légumes grabataires ne commandant même plus à leurs sphincters)
On a la mort qu’on mérite.
Il fut un temps où les convictions, les principes, ou même, mot terriblement démodé et scabreux j’en conviens, l’honneur, valait largement le sacrifice d’une vie.
Quand la mort donnait un sens aux valeurs dont on se réclamait
Quand le savoir-vivre donnait du savoir mourir et qu’on ne confondait pas orgueil et vanité, muscles et gonflette, amour et Carla Bruni.
Sans idéaliser, il fut un temps où, on préférait le seppuku (trivialement nommé hara-kiri) à la la honte ou au déshonneur.
Les temps ont bien changé
A l’heure de la vulgarité d’état, du petit président médiocre et ridicule, nouveau petit riche, parvenu au quinquennat dans un yacht d’occasion prêté par un ami (faut pas jouer les riches quand on n’a pas le sou disait l’autre) l’élégance comme le CAC40 est sérieusement à la baisse.
Exemples chevaleresques
Pour s’excuser d’avoir dégueulassé toute la côte atlantique avec son Erika de complaisance, Thierry Desmarest (patron à l’époque de Totalfina) dans un élan de générosité fort compassionnel, offrit une journée de son salaire soit 22OOO francs
On voit l’envergure du bonhomme
Lagardère junior, fils à papa et frère de, accusé de délit d’initié préféra passer pour incompétent plutôt que malhonnête.
On découvrit assez vite qu’il cumulait les deux.
Nanard Laporte, médiocre secrétaire d’état aux sports et casinotier en short tout en grande gueule et dans le registre couillu ‘c’est pas moi c’est ma sœur’ dédicaça avec fair-play sa branlée rugbystique à ses joueurs…
Super mentalité de winner en effet.
Oui aux salaires, aux honneurs, aux prébendes, aux voitures et call-girls de fonctions non aux emmerdes qui vont avec.
En ces temps bénis ou les donneurs de leçons prédateurs, décideurs, tout en parachutes dorés nous expliquent qu’il faut prendre risques et responsabilités, conjuguer audace et esprit de compétitivité en bon entrepreneur, il est assez jouissif de les voir à plat ventre au premier coup de canon du dernier coup de vent boursier.

Quand le premier de la classe (dominante) Daniel Bouton à la chasse au lampiste breton, propose six mois de salaires (pourquoi 6?) pour se dédouaner de sept milliards de pertes sèches on peut constater une fois de plus que le big-boss de la société générale (plutôt qu’un coup de pouce publicitaire un majeur fièrement dressé eut été plus judicieux) fait partie (comme les copains) de cette race d’entrepreneurs bien nés assez doués pour la reptation.
Pour justifier de leurs salaires exceptionnels les cadors de la ploutocratie libérale devraient au moins nous donner l’illusion d’être des êtres exceptionnels justifiant leurs transferts à coups de millions en période de Mercato
Je t’en fous.
Quitte à passer pour un tricheur autant se la jouer sauvage et mafieuse.
Un poutine espiègle au moins tout à sa logique féroce, ne se serait pas contenté de faire porter un chapeau un peu grand à un obscur trader un peu benêt et mégalo, collabo de chez Davos, catholique pratiquant et conseiller municipal RPR en son temps de Pont-l’Abbé (Finistère 8ooo habitants) mais l’aurait balancé direct par la fenêtre avec pertes et profits.
Un suicidé au moins c’est pas bavard.
Qui se soucie d’un petit soldat conventionnel et lambda broyé par la machine folle à Wall street ?

( Jérôme Kerviel trader facétieux, arrivant au pôle financier de Paris en Berlingo – pas très Hollywood-sexy-glamour, tendance franchouillarde quoi, la méga-production du petit spéculateur )
Non seulement, tricheur le Bouton, mais petit joueur au petit bras un peu con. Auteur d’un très médiocre polar pas très Dostoïevskien.
Tout ça pour dire que si c’est à l’épreuve du feu qu’on mesure la Société Générale, ben le général Bouton en son état-major est du genre poltron-tous-aux-abris-couvrez-moi.
Quand, les forces soi disant vives, d’une société décadente et repue ont plus peur de rater le feuilleton dominical ou les soldes de janvier que de se battre pour leur idéal (même tristement financier) on peut se dire qu’irrésistiblement les soldats de misère, un cutter a la main, n’ont pas fini de botter le cul à ces polytechniciens obèses du bouclier anti-missiles et de la frappe chirurgicale.
Mains propres mais pas de mains.
A mon humble avis, le jour où une poignée de révolutionnaires résolus, considérant avec allégresse que décidément c’est un beau jour pour mourir et pour virer les forts en thème de leurs charentaises à dividendes, cette poignée là ne devrait faire qu’une bouchée de ces maîtres du monde-ci furieusement pétochards, pleurnichards et baisseurs de froc de première au premier Trafalgar.
Saigneurs ou grands seigneurs de la ploutocratie ?
Même pas plouCtocrates.
Seuls ceux qui n’ont ni peur de rire, ni peur de mourir (ou de rater l’épisode du feuilleton du samedi soir) sont les maîtres du monde.
Même pas peur !!!
tgb
Photo du haut : Fortino Samano, révolutionnaire membre de l’état-major de Zapata photographié par Augustin V. Casasola, quelques minutes avant qu’il ne soit fusillé , en 1913.
Remarquable…
« Tout se perd ma bonne dame…! »
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Excellente synthèse.
« Honneur » ? Mais n’est-ce pas devenu un gros mot ?
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@ Françoise
« un gros mot » ?
Comme convictions ?
@ tgb
Clap Cap Clap
Quelle verve !
Les plus belles fleurs pousseront sur le fumier ploutocrate.
Zgur
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Chapeau (franchement)
La grande classe.
Merci!!
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@ tgb,
Oui, c’est ça.
Tout comme « Honnêteté » et « Honnêteté intellectuelle » et « Compassion » et « Fraternité » et « Égalité » et « Liberté (de pensées) » et « Droiture » et… la liste serait trop longue.
Tous ces mots si gros que nos chers hommes et femmes politiques n’arrivent plus à les (sup)porter.
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Oui mais nous tous on y peut rien !!!
Laissons donc nos enfants ou petits enfants s’en débrouiller………….
Chacun sa merde apres tous (et de la merde pour tous)…………
Ils en crèverons, idées révolutionnaires ou pas………………………
Sous le soleil, rien de neuf.
Consomons moins.
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Bravo, au moins ça c’est dit et bien balancé…
De passage à Paris ce week-end (1 & 2 février), j’aimerai bien vous serrez la pince !
Natif du 12e, j’en serai ravi.
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Comme me le disait un collègue (trader lui!!) dans une salle de trading d’une banque d’affaire rachetée depuis longtemps par une plus grosse et ça au moment de l’invasion du Koweit par l’Irak.. c’est pas neuf … « ah!! ceux là (les koweitiens) ils sont trop gros et trop repus pour se défendre » – oui mais , avec leur pétrole ils ont trouvé le chevalier blanc américain pour les défendre
Il n’y a pas que ceux là qui sont trop gros et trop repus et il faut être trés malheureux et crève la faim ou dans l’idéologie pour faire la révolution, le temps des révolutions est révolu et le temps du « j’me fais sauter l’caisson » pour l’honneur aussi
Et aprés tout à chacun son époque !! que font les jeunes ?
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Il n’y a pas d’abonné au numéro demandé… comme dans la chanson des palestiniens checkpoint
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