
Prenez un garçon charmant, propre sur lui, éloquent, un peu lisse sur les bords, leader attardé de mouvement étudiant (l’unef), contestataire certes mais bien coiffé, revendicateur oui mais bien poli, le genre syndicaliste élevé en plein air, avec label CFDT, le genre à s’essuyer les pieds sur les acquis sociaux avant d’entrer dans la carrière ou le compromis (c’est pareil).
Présentable quoi. Druckérisable même. Un profil de dimanche après midi France 2, à capter le cœur de cible, la ménagère de plus ou moins cinquante ans.
Félicitez le pour sa victoire politique contre le CPE. Géniale stratégie qui mit sur la touche un certain Villepin, dernier obstacle au triomphe présidentiel du frangin cadet du vice-président du medef qui enterra d’autant le contrat précaire hier qu’il peut démolir carrément le code du travail aujourd’hui.
Laissez Bruno signer bien responsablement durant l’été une réforme sur les universités avec dame Pecresse, laissez le déclarer qu’il serait « irréaliste » d’en exiger le retrait, puis un poil dépassé par le mouvement étudiant, laissez le prendre le train en marche pour mieux en descendre avant de rejoindre une liste socialistement correcte et politiquement parisienne.
Attendez quelques mois à feu doux, laissez le troquer le tee-shirt estudiantin contre la cravate assermentée du député d’ouverture :
Ça commence à ressembler à ça

Manuel Valls
Faites mijoter quelques années encore et avec un peu de réussite et d’entregent ça peut finir raisonnablement, en lobotomisateur de cerveau disponible sauce TF1, puis en censeur zélé et servile de Figaro-coiffure pour marchand de canons sauce UMP.
Non rien de personnel, rien contre le petit mignon Juillard, juste l’étude d’un parcours programmé, d’un glissement progressif à coups de petites touches par ci, de petits reniements par là, de concessions pragmatiques et d’ambition légitime.
Rien de personnel non, juste le jeu naturel de l’ascension dans la hiérarchie politicarde à coups d’accommodements réalistes, d’arrangements à l’épreuve du réel, d’entorses à la conviction sincère, de renoncements lucides face aux immatérielles utopies de nos 20 ans.
De compromis en compromissions, de tactiques de courants en logiques de pouvoir, on finit par intégrer la nomenklatura et ses privilèges, par boycotter le congrès de Versailles, par trouver décente la rémunération de Strauss Kahn, la politique de Blair et considérer même Ségolène Royal de gauche, tout en maquillant les comptes de campagne avec du maquillage.
On naît révolutionnaire, on se rémunère protestataire et on meurt notable de chez notaire.
On veut changer le monde et c’est le monde qui nous change,
Jusqu’à ressembler à ça :

Etienne Mougeotte vice président de l’UNEF dans les années 60
ex vice président du groupe TF1, directeur du Figaro aujourd’hui.
Cruel.
tgb
Bravo pour cette analyse, sauf la fin, le pauvre mougeotte il est juste animateur de télé quand-même ( enfin ex-responsable d’animations télé – pour être précis ).
C’est vrai que le CPE a coulé ce pauvre Villepin, lui qui était pas si mal. Et son CPE c’est pas si méchant ! : ceux qui bossent en équipe savent que quand on est jeune, on peut vite se laisser aller ! Et puis l’intérim, c’est pire et les Hollande, Julliard alliés aux Sarkozy, Devedjan n’ont rien trouvé à y redire !!! Cette bande-là a , on le voit bien, a prétexté le CPE pour couler un bel homme qui était trop populaire…
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Pourquoi ? Pourquoi finissent-ils(elles) (presque) tous comme ça ? Pourquoi ?
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Bien vu, fine analyse et belle plume
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ça découaffe !!
la vache ! j’ai masqué la dernière photo pendant ma lecture, pour réserver le moment ultime de la décourte du portrait final….
un film d’horreur !
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ça décoiffe !!
la vache ! j’ai masqué la dernière photo pendant ma lecture, pour réserver le moment ultime de la décourte du portrait final….
un film d’horreur !
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Hé hé, Le Parisien d’aujoud’hui nous entretenait, dans sa rubrique « Que sont-ils devenus? », du parcours de l’inénarrable Nicole Notat, passée du syndicalisme à la direction d’entreprise.
Elle dirige maintenant Vigeo, « leader européen de la notation extra-financière et de l’audit en responsabilité sociale ». Notat s’enorgueillit d’avoir au capital de sa société le « gratin du CAC 40 ». Une récompense de les avoir si « bien » combattus quand elle était à la CFDT ?
Sinon, son parcours retrouvé sur le journal du Net
« Enseignante de profession, Nicolas Notat adhère en 1969 à la CFDT. En 1982, elle devient membre de la Commission exécutive confédérale et secrétaire nationale chargée du secteur Education. En novembre 1992, elle est élue secrétaire générale de la CFDT. Elle est réélue en 1995 et 1998, mais ne se représente pas en 2002. Elle a également été présidente du Conseil de l’assurance chômage (Unedic) de 1992 à 1994 et de 1996 à 1998. En 2002, elle crée Vigeo, agence de notation sociale et environnementale. »
Pile poil pour ta démonstration, non ?
Arf !
Zgur
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Excellent ! Enfin, non, triste réalité. Mais excellent billet !
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très bon billet, merci à toi!
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Encore un exemple glané aujourd’hui sur Bakchich.info:
« Didier Tourancheau, ancien responsable du service juridique parisien de la CFDT, passé DRH à Libération, est aujourd’hui la tête de liste UMP, pour les municipales à Sanary, petit port varois. »
Plus de détails, là : http://www.bakchich.info/article2512.html
Comme conclut Bakchich: « Un bien joli parcours, du syndicalisme au patronat et du gauchisme à l’UMP. Tout à fait dans l’air du temps de « l’ouverture ». »
Arf!
Zgur
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