
« Les grandes puissances n’ont pas de principes, seulement des intérêts. » Henry Kissinger
Les indiens des grandes prairies avaient installé leur campement au coeur de la ville, tout près de la rivière. Ils avaient érigé leurs tipis faits de bâches, de plastiques et de briques sur des palettes en bois récupérées ça et là.
Réfugiés des grands espaces, des horizons là bas ou d’ici, loin de leurs ancêtres et des grands esprits ou si proches, les migrants du réchauffement climatique, les exclus économiques, les réfugiés politiques, venaient se les geler dans ce territoire tempéré, modéré, de la start up nation où l’on privilégiait ceux qui avaient tout en culpabilisant, exploitant, méprisant ceux qui n’avaient rien.

On les laissait crever de froid, de faim et de désespoir vu que c’était leur choix, leur liberté que de mourir dans la rue, sous une porte cochère, dans un abri de sans fortune, hérissé de piques d’acier et de tessons de verre, et que chaque homme dans ce monde libéral libertaire avait après tout bien le droit de vivre mais surtout de crever comme un chien.

Dans ce pays civilisé, où l’argent ruisselait, on se faisait un devoir de respecter leur volonté d’être né quelque part et de n’être rien ni quelqu’un.
Les indiens de tous les pays y compris du mien, attendaient résignés l’assaut de la cavalerie comme à wounded knee, en se serrant les uns contre les autres pour conjurer la peur avec pour tout drapeau leur peau et leur dénuement.
Les indiens d’ailleurs et d’ici avaient l’insigne courtoisie de mourir par centaine discrètement et d’être ramassés à la pelle par leurs frères de misère et de voirie au petit matin blême.

Les indiens de la terre mère, les expulsés du profit, les nouveaux sauvages du nouvel ordre mondial et de la néo-barbarie, les derniers de cordée, les premiers des Mohicans qui seraient bientôt des milliers des millions à errer, à se clochardiser moderne en toute urbanité, commençaient à former cette cour des miracles, cette armée de gueux en haillons, faite pour effrayer le voisin enjambant sans les voir les cadavres pétrifiés avant que de traverser à gué dans les clous.
Les indiens des grandes prairies et des terrains vagues, les femmes et les enfants, les improductifs, les malades, les vieux, toute cette horde de sans noms, de sans dents, tous ces pestiférés et autres détritus, les déracinés aux pieds nus, les losers de la vie, les perdants de la ville, expérimentaient sans le savoir le lent et subtil génocide un par un de la déshumanisation marchande, avant que de connaître l’euthanasie programmée.

Les indiens des grandes prairies avaient installé leur campement au coeur de la ville des néo-yankees, tout près de la rivière infecte et polluée entre deux tas d’ordures.
Ils méditaient pensifs et incrédules sur cet étrange eldorado qui leur claquait la porte au nez tandis que s’effondrait sous leurs yeux, une civilisation.
tgb
En te lisant je songeais qu’un indien pris d’une fantaisie subite pourrait bien euthanasier sans avertissement un vieil improductif dont les théories ont été aussi inutiles que les changements de décor de sa banque de marbre…
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ce serait un grand service rendu à l’humanité et au débat intellectuel mais étant donné que les meilleurs s’en vont les premiers ce baltringue se fera forcément centenaire
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BILAN
2% qui « possèdent » la planète, 1 milliard qui bâfre, 1 milliard qui survit, 5 milliards qui crèvent la dalle. C’est plié pour les 2%. Faut juste tenir le verbe et la critique radicale jusque au bout pour préparer la suite afin d’éviter que la novlang marchande et la pensée simplifiée mondialisée ne rendent l’opération impossible et la régression inévitable, car de l’anomie nait la barbarie des mœurs, ou pire encore : dans le verbe dévoyé elle accouche de la Bête Immonde, celle qui prétend penser comme les dieux et broie scientifiquement les peuples au nom des ses futurs radieux. Aujourd’hui leurs messies sont tous « trans-humanistes » ou racialistes, souvent les deux. Les Internationalistes marxistes hégéliens ont du pain sur la planche. C’est parfois déprimant mais il faut continuer de répondre coup pour coup aux tirs nourris des propagandes de tous bords. les mêmes aux USA, en Chine, en Russie, en EU. Elles s’appuient désormais sur le leviers universels du neuro-marketing. Le management du socius par la média sphère est au point
Rue Affre est l’un des rares blogs qui brise ces mirages vénéneux.
Merci tgb .
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A propos de la Lituanie, la proposition d’euthanasier les pauvres s’inscrit dans une logique (qui touche tous les pays baltes) d’amnésie des horreurs du nazisme sur leurs sols. L’historienne Sophie Wahnich:
« Dans les pays baltes, les russophones subissent souvent la vindicte populaire, alors que d’anciens héros nazis sont très explicitement honorés par la nation. Le 16 mars 2005, « jour de la légion », a eu lieu à Riga un défilé qui rendait hommage aux soldats lettons engagés dans la Waffen SS contre l’Armée rouge. Alors que d’anciens nazis retrouvaient un statut de héros, les contre-manifestants furent matraqués. Dans le journal Libération du 24 mars 2005 on pouvait lire : « aujourd’hui encore ces pays tardent à reconnaître leur complicité dans l’exécution des juifs et des nostalgiques inaugurent des monuments aux leurs qui se battaient pour le Reich.» »
http://www.vacarme.org/article1919.html
Ce courant touche la Pologne qui vient de passer une loi qui interdit « d’attribuer à la nation ou à l’Etat polonais, de façon publique et en dépit des faits, la responsabilité ou la coresponsabilité des crimes nazis commis par le IIIe Reich allemand(…), de crimes de guerre ou d’autres crimes contre la paix et l’humanité…»
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merci les gars les fidèles pour vos commentaires et vos analyses – l’air de rien on gagne du terrain – il n’ y a jamais eu autant de revues de sites qui phosphorent on avait perdu le combat culturel on le reconquiert en face s’ils n’avaient pas tout ce pognon on en ferait qu’une bouchée argumentaire
les pays baltes m’ont toujours foutu la gerbe et ça ne va pas s’arranger
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Le site de « Ceux qui veulent le Pays pour tous »
Cliquer pour accéder à loi_asile2.pdf
Contre les frontières et leurs prisons:
https://sanspapiersnifrontieres.noblogs.org/
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