Politiquement Spritz

Deux mois sans écrire une ligne. Fallait bien ça !

Usure, saturation, dégoût, overdose de simulacres et de vide…

J’en étais resté à la désolation en tongs. J’ai donc soigné ma désolation à coups de légèreté, de spritz et de doigts de pied en éventail.

Pour parachever ma convalescence, je m’apprête à partir en Crête, en pleine campagne électorale, s’il y en a une, tant les électeurs grecs doivent être blasés d’aller voter pour rien.

Je me souviens, c’était en janvier, la veille de la prise de pouvoir de Syriza en Grèce. Je discutais avec une de ses représentantes en France. Tout en me réjouissait d’avance, je lui glissais avec cette sale intuition qui me fait toujours voir le pire, qu’au final cette victoire annoncée n’était peut-être pas une bonne nouvelle, tant la perspective de se retrouver seul contre tous, risquait d’être fatale et contre productive.

On m’avait gentiment sermonné, mais au final…

Tsipras nous a « tuer ».

Il nous a d’autant anéanti qu’il s’est battu comme un fauve, seul et désarmé durant six mois, soit six mois de plus qu’ Hollandréou, qui n’a pas résisté plus d’un quart de seconde vu qu’il n’en a même jamais eu l’intention.

Par sa capitulation et son complet retournement, le premier ministre grec porte une responsabilité historique dans ce désastre. J’ai bien conscience que c’est facile à dire assis dans mon fauteuil, n’empêche, à ce niveau focal de gravité, si on a le droit d’échouer, on n’a pas le droit à la reddition tant elle tue tout espoir en nous engageant tous.

Ou alors fallait pas s’inviter.

Que ce guignol de Cohn-Bendit fasse aujourd’hui l’éloge de Tsipras sur qui il crachait son venin verdâtre en juin en dit long sur l’étendue des dégâts.

Démobilisation des électeurs

Discrédit des gauches alternatives

Poussée de l’extrême droite

Fin du choix démocratique …

En refermant le couvercle et en nous laissant dans le noir, Tsipras a définitivement enfoncé le dernier clou du cercueil Tina, tandis que l’oligarchie par ce sinistre exemple fait la brillante démonstration qu’aucun autre chemin n’est possible.

Ils sont tout et nous ne sommes rien.

L’histoire est trop cruelle pour s’y engager en camping car. Vu l’étendue de nos forces, soit l’on use de la guérilla du moustique, soit l’on renonce en attendant des temps meilleurs, soit l’on meurt les armes à la main, mais il n’y a pas de place pour l’amateurisme avec ou sans cravate.

Nous n’avons les moyens ni de l’échec, ni de l’innocence, ni même de la composition, ou alors c’est le tri sélectif et la poubelle de l’histoire directe : malheur aux vaincus !

Nous n’avons pas d’autre choix que celui d’être modeste et impitoyable, barge et surtout pas normal.

L’heure n’est pas au raisonnable. Le sont-ils eux ?

Car si l’on a perdu, c’est que probablement on avait encore quelque chose à perdre.

On pourrait croire pourtant qu’une fois mort, on se débarrasse enfin de nos illusions et de cette sale maladie tenace qu’on appelle l’espérance.

Même pas !

C’est comme une écorce, faut toujours que ça repousse. ,, ou là …

Je dirais presque Hélas.

Tsipras a tué l’espoir, mais l’espoir ne meurt pas. Allez donc savoir pourquoi !

Même si le pire est toujours sûr, même si le mieux n’est jamais là…

Peut-être parce que dans notre impuissance, l’humanité bande encore dans le spritz…

tgb

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

11 commentaires sur « Politiquement Spritz »

  1. Ouf ! j’ai eu peur …
    Je ne suis dit qu’il est tellement dégouté et écoeuré qu’il ne va pas plus nous pondre ses topissimes textes.
    Ah, l’espoir ! croire encore à l’utopie, j’ai de plus en plus de mal, que faire ? Chacun ne pense qu’à défendre son bout de gras et nos politicards sont vendus aux multinationales …
    J’avoue que plus grand chose ne me fait rêver, mais on ne sait jamais … (clin d’oeil)

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  2. @Marissé – ça fait toujours plaisir
    @Nade – y’avait de ça et je ne suis pas sûr de tenir encore bien longtemps mais merci pour les encouragements ça m’aide

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  3. Heureux de te lire à nouveau. Oui, gardons espoir, le capitalisme trébuche souvent et à chaque fois l’utopie progresse un peu. Même quand on perd des batailles, dernièrement Syriza, ce n’est pas fini. Et comme le disait Chomsky à propos du racisme: « It’s a long, hard road. No magic wand, as far as I know ».

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