De Daech à Nabilla

C’est donc dans les années 70 que fleurirent un peu partout en Europe des mouvements « terroristes » style Brigades rouges ou bande à Baader.

Alors que chez nous la sociale démocratie était plutôt douce et autorisait un certain confort, que le mot réforme n’était pas synonyme de régression sociale et de déshumanisation au profit de la seule gestion comptable, des centaines de jeunes en rupture de société, choisirent la lutte armée.

Aujourd’hui, alors qu’un libéralisme radical et ultaviolent offre pour seule perspective une consommation de masse avec des salaires de misère, générant pur matérialisme, frustrations, délinquances et la confiscation des flux d’argent par un tout petit nombre au détriment de tous et de la planète, plus de groupes insurrectionnels, plus d’utopie à investir, pas plus de guérilla romantique.

Seul un grand désarroi des jeunes générations dépolitisées, atomisées, en jachère.

Il n’ y a pas d’alternative.

La nature ayant horreur du vide, sans plus d’idéal, même bancal, sans plus de sens ou de rôle dans une machine consumériste, mortifère et déliquescente, les seuls horizons pour les exaltés, les paumés, les révoltés se réduisent désespérément à Daech et pour tout combat révolutionnaire, ce djihad bestial et réactionnaire.

Selon ce principe qu’il vaut mieux gâcher sa jeunesse plutôt que de ne rien en faire, c’est donc avec cette indémodable figure christique à la Guevara, cette indépassable effigie mythique de poster, que des centaines de mômes d’ici s’abandonnent à la cause islamiste ne faisant finalement que suivre la politique française tout à son hystérie atlantiste, consistant à abattre Assad à tout prix ; pour des valeurs humanitaires apparemment mais plus sûrement pour un pipe-line venant du Qatar et sensé rendre l’Europe indépendante de la Russie et auquel s’oppose Bachar El Assad.

Bref comme toujours, on croit égorger pour le sultanat ou autre cause et l’on décapite ses frères pour les industriels dans cet emballement médiatique du web, ce tout à l’égout de l’info, tandis que les journaux de référence sont autrement plus fiables.

Si dans les années 30, l’on venait du monde entier se battre en Espagne au côté des républicains, aujourd’hui dans l’ inculture crasse de ces intégrismes en kit (évangélique islamique judaïque même haine même combat) et ce romantisme suicidaire teinté de Lawrence d’Arabie et d’exotisme, l’on est prêt à se sacrifier pour le pire de l’obscurantisme et de l’instrumentalisation.

Triste chair à canon que ces petits soldats de l’islamisme fruste que l’on tolère tant qu’ils n’abusent pas, que l’on fait tourner au gré des intérêts géostratégiques ou économiques de l’empire. Un jour en Afghanistan, un autre en Bosnie, le jour d’après en Tchétchénie, puis en Irak puis en Syrie et pourquoi pas en Ukraine…Selon que l’on redessine les frontières, que l’on divise les territoires ici ou que l’on nettoie ethniquement là.

Ils pourraient mourir pour la Palestine, pour quelque cause plus juste, pour un monde meilleur, mais étrangement ils meurent pour les Saoud, cette famille qui donna son nom à ce sale état, finançant à coups de petro dollars cette saloperie de wahhabisme considéré dés sa naissance comme une pure hérésie en Islam.

Car face à l’irruption du nationalisme arabe teinté de marxisme, les USA jouèrent la carte islamiste (mais après tout une certaine forme de valeurs communes : pognon et puritanisme) comme Israël préféra encourager le Hamas religieux pour mieux affaiblir le Fatah laïque et discréditer la cause palestinienne.

Comme le dit si bien Georges Corm (pour une approche profane des conflits), dans cette analyse binaire entre gentils et méchants, si Hassad vous empêche de dormir, alors que d’insomnies pour la condition de l’homme et surtout de la femme en Arabie Saoudite nos chers alliés !

Et dans ce jeu d’indignations sélectives, l’occident se soucierait-elle de la bombe Iranienne si comme le Pakistan, les perses étaient nos alliés ?

Ainsi donc à manipuler les religions pour mieux faire avancer intérêts économiques et politiques voici venir ce glissement sémantique malsain du gréco romain au judéo chrétien et de l’homo islamicus opposé à l’homo hibraïcus dans ce choc de civilisation fabriqué et artificiel servant de paravent au choc de compétitivité venant tout dévaster.

Pourtant l’on sait, que point de salut dans l’ethnique et le communautarisme, ce chaos à venir, qu’il nous faut séparer pouvoir temporel et spirituel, neutraliser le religieux, que le moyen orient est terre de mélange, que nous sommes frères et sœurs en humanité, que la stigmatisation de l’immigré n’est là que pour protéger le banquier, que nous ne devons pas nous tromper de combat.

Dans ce grand simulacre où tout est fanatisé, faire la grève de la faim ici pour Nabilla ou mourir là-bas pour 50 vierges participe à peu près de la même connerie, du même vide mental.

tgb

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

3 commentaires sur « De Daech à Nabilla »

  1. C’est vrai que si Sankara avait autant ressemblé à Jésus que Guevara, les marchands de tee-shirt chinois auraient pu se faire des couilles en or. Mais si Guevara avait été noir, ils auraient eu un gros manque à gagner dazns les années 90.
    Au cœur du simulacre, les icônes valsent, M. Valls. « voici venir ce glissement sémantique malsain du gréco romain au judéo chrétien et de l’homo islamicus opposé à l’homo hibraïcus dans ce choc de civilisation fabriqué et artificiel servant de paravent au choc de compétitivité venant tout dévaster.. »

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  2. @des pas perdus – de toute façon ils ne lisent rien ils savent tout d’où leurs excellents résultats
    @rushes.infos – le look coco on ne fait pas de révolution sans look c’est le b a ba

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