Madame du Baril

ça commence sérieusement à faire tache, à faire de l’huile, à faire tache d’huile du côté du détroit d’Ormuz.

Le détroit d’Ormuz ?

Oh un détail, juste le gros tuyau ventru qui remplit de benzine la mobylette planétaire.

Que ça bouge à Oman, que ça se trouble au Bahreïn, que ça cafouille au Yemen, que ça se délite en Libye, c’est pas tellement le problème. Ni que ça ramasse du cadavre d’arabe à la pelle par ci, ni que ça tend du flux migratoire par là. Ça c’est du dégât collatéral toujours bon à instrumentaliser pour mieux nourrir les peurs de l’électeur à basse fréquence.

Non, le problème occidental, qui fait se mouvoir soudain l’armada ricaine, c’est que tout ça touche le joyeux pays dont le nom est issu en toute simplicité de la famille régnante : L’Arabie Saoudite.

Le Pays pétroleux des Saoud. Ces gus avec des serre têtes enfilés sur des taies d’oreiller, genre bocal à cornichons.

Trois octogénaires gâteux à la tête de l’émirat, 8000 princes et neveux à nourrir blanchir, 10 millions d’habitants payés à rien foutre (qu’on arrose encore de pétrodollars en ces temps enragés – on n’est jamais trop prudent) plus 10 millions d’esclaves immigrés qui font le reste, à savoir modestement : tourner la boutique.

L’Arabie Saoudite donc.

Ce sultanat qui ne fait surtout pas la une des journaux mais dont le régime obscurantiste et rétrograde ferait passer la Corée du Nord pour une principauté monégasque et l’Iran pour une confédération helvétique. (précisément là où on est assez regardant sur le minaret et assez peu sur le compte pudiquement voilé.)

L’Arabie Saoudite tout à sa Mecque et à ses 3/4 de réserves pétrolifères mondiales, peut s’offrir quelques danseuses, un palace parisien par exemple où l’on verbalise assez peu les dames en tchador de chez Dior, mais surtout le sponsoring à forte dose de subvention gazolinée du wahhabisme, forme radicale d’islamisme arriéré qui n’autorise pas madame à prendre le volant mais recommande à monsieur de couper la main du voleur de string.

Genre d’ambiance à te donner une vocation de Ben Laden fissa pour foutre en l’air la dynastie.

C’est donc le pire des pays fermés qui se trouve être l’ami intime du « meilleur » des pays « ouverts » : l’Amérique (sic).

Non pas qu’ils aient grand chose à se dire mais quelques intérêts communs.

Le pétrole contre la bombe au phosphore. Bon deal.

Que cet Emirat peuplé de dégénérés endogamiques saute et c’est « l’american way of life » qui devient urgemment négociable, tandis que toi, à 10 euros le litre, t’ iras camper en vélo avec Paulette sur le porte bagage, si on ne t’as pas supprimé tes congés payés, ce dont je doute.

Trois fois rien donc. Juste un léger (et heureux) basculement de civilisation.

C’est pourquoi au premier éternuement du pays tout pourri des barbus emmaillotés (de ceux qui ne dérangent pas le raciste entarté Zemmour et ses amis vu que ce sont NOS barbus) tu verras débarquer pour raisons humanitaires et autres tartuferies la grosse cavalerie et apprécier un planter de drapeau stars and stripes pas dégueu en haut de la dune bitumeuse.

C’est D’Abou Dabi, base militaire française, aussi nouvelle que provisoire, au cœur du bordel d’Ormuz, qu’une paire de jumelles à la main (de la marque Bogdanov), ce qui nous sert encore d’Hyper de supérette président pourra déclarer sa petite guerre suiveuse, nez sur les sondages et finir de bousiller définitivement la France, pendant que Carlita, juchée sur un baril à 1000 euros du brut, fera la tournée des popotes militaires.

En tant que plus médiocre président de tous les temps, mini Bush pourrait faire alors ses deux mandats réglementaires.

Sinon, à part ça et même en engrossant madame du Baril, je ne vois pas.

tgb

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

6 commentaires sur « Madame du Baril »

  1. Pour ma part, tout tient dans cette phrase :
    « Juste un léger (et heureux) basculement de civilisation »
    Font bien marrer les tièdes et les froids, pour qui le monde s’écroule parce que les prix à la pompe s’envolent… on n’a pas tous les même motifs d’indignation ou/et de réjouissance.
    Tant mieux, peut-être.

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