La révolution n’est pas une marchandise

Commencent à me bassiner grave, les résistants mondains de la 25éme heure avec leur révolution jasmin.

Ce besoin qu’ils ont, les parfumeurs de l’info, de nous les exhaler vendables, les insurrections populaires et d’en faire recta un produit calibré, à consommer sur place ou à emporter dans l’explosion florale.

La révolution populaire passée de toute urgence au Saint-Marc ménage et à l’air wick WC pourvu que ça sente bon, pourvu que ça sente rien, pourvu que l’odeur du sang et de la sueur populaire soit recouvert fissa par le déodorant Narta.

Oui commencent à me brouter sérieux les colorieurs d’images, et orange en Ukraine, et verte en Iran et des roses en Georgie, et de velours en Tchécoslovaquie, et des œillets au Portugal. A nous réduire en concept market le bottage de cul sanglant de quelque prédateur.

Ce réflexe marchand de tout édulcorer au numéro 5, d’ émasculer la chose pour mieux l’annexer et mieux la lessiver, pour bien la rendre inoffensive.

Cette tentative permanente du consumérisme et de l’ordre à tout passer à la machine à recycler et à enjoliver et à flouter la mort et à laver l’affront en dépolitisant pour mieux l’accaparer en produits dérivés : tee shirts briquets, préservatifs, mugs…

Un pays, c’est une marque nous la bave Seguela, le pubard momifié des années 80.

Un pays c’est un peuple nous a hurlé soudain la foule de Tunis, filant un coup de vieux aux modernes ringards calcinés aux UV.

La révolution française fut française, ni des cerises, ni du laurier en fleurs.

La révolution Tunisienne restera tunisienne, pas plus jasmin que fleur d’oranger.

N’en déplaise aux châtreurs patentés chargés de formater le peuple de la marchandise.

tgb

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

66 commentaires sur « La révolution n’est pas une marchandise »

  1. @ jackieh
    et markhos
    propos autour d’un vin chaud :
    Je ne sais pas trop ce que vous appelez des « grands artistes » mais je serai curieux de savoir combien vous y dénombrez de collabos antisémites d’allumés proto-fascistes, de réactionnaires haineux ou de promoteurs de l’esclavage moderne.
    En tout cas, perso, je peux vous aligner une longue liste ( la mienne) d’artistes qui ne posent ou posèrent aucun problème de cet ordre .

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  2. Ha… j’aurais du mal à trancher quoi que ce soit…
    J’aime bien que ça ne soit pas lisse. Je n’ai pas dit que Céline était à l’index chez moi.
    J’ai dit que ça faisait un, lui et son œuvre.
    Mais comme je peux être d’une mauvaise foi monumentale, je pourrais défendre un auteur que j’aime (parce que Céline n’est pas ma tasse de thé) avec les arguments de tgb. Mais quand même pas sur la haine: j’ai vraiment du mal à faire abstraction.
    Oui, c’est nul hein, je sais, j’ai honte.
    Je peux quand même reprendre du vin?

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  3. Evidemment Céline par son genie , son abjection , sa proximité avec le contexte d’un point de vue historique et géographique est sans equivalent.
    Mais dans le genre abject mais plus caché H.P LOVECRAFT n’est pas mal non plus .
    Evidemment que tes arguments et ta position sur le créateur et son oeuvre sont valides.Mais il y a un pas que je me refuse ,et me refuserai toujours de franchir , c’est de vouloir dans une optique moraliste séparer le bon grain de l’ivraie et distribuer des certificats de moralité et bonne moeurs aux uns et fustiger les autres . Comme je le dis plus haut la pente est trop glissante.
    Quand a ma conception du « grand artiste » je vais t’en citer 2 avec toute ma subjectivité bien sur , de ces 2 là on ne connait à peu pret rien de leur pensée , de leur moral etc… ce sont des etres humains et c’est tout ce qui m’importe :
    – le dessinateur du bison des grottes d’ALTAMIRA
    – le sculpteur de la VENUS DE LESPUGUE
    hihihihi

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  4. je crois qu’on avait bien compris …
    Donc un (seul) commentaire : je n’ai pas de patins…
    et je ne sens pas de pente dès lors que je n’ai ni le souci ni la prétention de « séparer le bon grain de l’ivraie ».
    Il est quand même facile de voir que je conchie la morale à fortiori le moralisme .
    Je n’ai pas même l’idée de « distinguer » les oeuvres et les artistes sur des critères qui ne relèveraient pas de ( l’effet de ) la « sidération » de l’art.
    Donc évidemment tes deux « êtres humains » me conviennent bien, sauf que ta réponse consiste à éluder la question , puisqu’évidemment , dans tes exemples « la question ne se pose pas » , et ça n’est pas par ce que cette question ne se pose pas « d’elle même » puisqu’au fond c’est la question qui est au coeur du débat,
    c’est tout simplement par ce que tu « distingues » des oeuvres « par nature » dépourvues de leur auteur, et par ce qu’il s’agit d’art plastique dont la matière symbolique n’est pas discursive, deux qualités qui les placent « en deçà » du seuil à partir duquel « la question se pose ».
    Difficile d’évaluer la portée de déterminations qu’on a préalablement supprimées de l’objet qu’on évalue .

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  5. Bon je reconnais que les 2 artistes en question pouvaient avoir des comportement un peu deviants: une certaine propension à trainer leures tendres epouses par les cheveux, et meme parfois à déguster la cervelle de leur ennemis.Mais je pense que 25 000 ans aprés on peut passer l’éponge!
    ;))

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  6. Oui pour moi dans l’immense majorité des cas la question ne pose pas et pour le reliquat , avec temps seule subsiste l’oeuvre, qui transcende l’auteur et la question devient vaine.
    Mais je me dis qu’en créant un précédent on ouvre la boite de Pandore et que tout le monde n’ayant pas un esprit aussi éclairé et rompu à la dialectique que le tiens ( au vue de tes précédents commentaires je ne pense pas un instant que tu sois un moraliste) on s’expose à des situations absurdes relevant de la pure censure : ex GIDE pedophile donc « banni » sous la pression d’un lobby, ce genre de cas est fréquent au USA . Et je t’épargnerai la longue liste des artistes peu ou prou antisemites.

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  7. La question encore une fois, n’est pas là .
    Car Céline n’est pas « banni » , loin s’en faut, c’est même une des tartes à la crème les plus convenues au royaume des platitudes hégémoniquement répandues qu’il est au « panthéon des lettres » .
    Ici il s’agit simplement de contester, de refuser qu’il soit « institué » et que ce qu’il représente soit proposé comme modèle édifiant.
    Pour le reste, je retire ce commentaire ( qui dit ce que je pense mieux que je ne saurai le faire ) d’un autre blog où le même sujet et débattu et je vous laisse apprécier :
     » Cliver l’éthique de l’esthétique, cela fait partie des stratégies déshumanisantes de la société industrielle dans sa version totalitaire.
    Cette statégie est relayée par des techniciens-neurologues branchés sur les litres et les ratures du coquet Bobopulisme.
    Surréalistes et Situationnistes ont fait obstacle à cette basse manoeuvre.
    La beauté ne peut être que l’éclat d’une Vie juste.
    Au fronton des histoires du XXe siècle, nous effacerons le nom de Céline pour graver celui de Desnos, son émouvante victime. »

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  8. tout à fait passionnant les gars si si, mais je passe à autre chose donc vous tirez la porte en partant et vous éteignez les lumières quand vous avez fini. merci. :-))

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