ad augusta per angusta

Comme nous séchions lamentablement, en ce jour premier de septembre pluvieux et que nous avions en nos locaux, tgb sous la main, entièrement consacré à son oisiveté ordinaire, assis en tailleur sur son fauteuil, l’ordi calé entre ses jambes, une interview de tgb par tgb finit par s’imposer. Ce qui réglait d’un coup le manque d’inspiration et de mobilisation crâneuse et vu que selon Rimbaud, « je est un autre »…

tgb – dites moi, vous écrivez toujours  comme ça, le cul dans votre fauteuil, l’ordinateur sur les genoux ?

tgb – tu peux me tutoyer, ça fait quand même un certain temps qu’on se supporte. La mise à distance étant un subterfuge qui n’abusera personne ici. Les lecteurs de Rue-Affre étant la crème de l’élite du véritable blog français labèlisé. Bref, oui j’écris toujours comme ça. D’ailleurs ma mère m’a prédit un cancer des testicules (en plus de celui des poumons et d’une cirrhose du foie). Tu peux donc constater que, comme chroniqueur, je prends tous les risques pour alimenter ce joliblog.

– En octobre tu attaqueras ta quatrième année de blogueur non influent. T’en as pas marre d’infliger ta prose à des lecteurs aléatoires, d’autant que tu n’es pas obligé et que ça ne te rapporte quasi rien ?

– ouais saison 4 bientôt. Sûr que j’en ai marre. Tous les jours j’en ai marre, comme tous les autres j’imagine, et j’ai bien dû arrêter cent fois dans ma tête et puis je finis toujours par remettre le couvert. Plutôt que de déprimer j’imprime. Je n’ai encore rien trouvé de mieux pour aller à peu prés bien. Mais putain que de discipline, comme mes cents pompes du matin.

– l’audience ça va ?

– Ecoute j’ai explosé mes stats en Aout alors que je n’ai quasi rien mis en ligne. J’ai un cucurbitacée masqué, qui a fait le tour de la planète blogo, que j’en étais scotché. Ça pousse à la modestie. Probable qu’il n’y avait rien de mieux à se mettre sous la dent. A la limite, je ne devrais publier qu’en été quand l’article se fait rare et vaquer le reste de l’année. C’est une piste à creuser. Parfois, tu chiades un texte dont tu es super fier et qui fait flop et parfois tu bâcles un truc qui cartonne. Franchement les voies du ouebe sont impénétrables. Cela dit, j’écris pour être lu, mais je ne joue pas le top 50. Si je le fuis ailleurs ce n’est pas pour me l’imposer ici. Je suis nettement plus ambitieux que ça.


– dis donc, si tu étais en phase avec ce que tu écris, ton concept de la révolution en tongs te prédisposait à ne pas rentrer et je constate que tu es là, à Paname, à préparer trivialement ton cartable comme n’importe quel vulgum pecus…

– Ben oui, l’insurrection ne venant pas, j’ai tenté une alternative innovante :  » la révolution en tongs » Une insurrection par la désinvolture, l’inertie glandeuse et l’ironie productive. En fait je n’ai renoncé à rien ; si je suis là, ce n’est que par ruse tactique, puisqu’à peine rentré, je repars. Bien sûr une révolution en tongs à moi tout seul aura très peu d’impact mais « ad augusta per angusta° »…va savoir…

– serait ce que l’actu de rentrée ne t’enthousiasme pas des masses ?

– On peut le dire. Tout ce théâtre d’ombres et d’ectoplasmes, tout ce vide mal orchestré aujourd’hui m’indiffère. Et pas que moi on dirait. Même la grippe A ne fait pas recette. La grippe A, même pas peur. Pourtant ils y mettent la dose question psychose. J’ai comme l’impression diffuse mais persistante que quelque chose s’est démodé dans l’été. Un système tout entier mis en abîme qui s’autoalimente sans plus concerner grand monde et qui grimpe aux rideaux pour rien. Cette machine, c’est un peu comme dans Bip Bip, c’est le coyote qui pédale dans le vide avant de s’écraser. On peut admirer le jeu de jambes, mais on sait très bien comment ça finit. Y’a qu’à laisser faire. Résister ce serait peut être leur rendre service au final.


– un hiatus entre réalité et perception peut être ?

– Tu l’as dit bouffi. Par exemple l’autre dimanche s’élevait de ma rue (un vrai far west) un son étrange et persistant. C’était un son répétitif et hypnotisant entre musique concrète et art brut non identifié. Comme c’est Ramadan, on pouvait penser à une sorte de mélodie arabo andalouse, mais comme c’était aussi la fête du dieu Ganesh, on pouvait tout aussi bien entendre une mélopée indienne où n’importe quelle musique de n’importe quelle des cents ethnies que compte le 18eme arrondissement. Comme, à la longue, ça devenait carrément casse couilles, Rue Affre qui ne me refuse rien, a mis le paquet et m’a envoyé direct en reportage sur mon balcon. C’est là que j’ai pris conscience du truc. J’ai pu constater que la musique insidieusement envoûtante provenait d’un type qui nettoyait sa voiture. Oui, l’instrument de musique en question était un aspirateur jouant avec un tapis de sol. Un grand moment de recadrage des perceptions subjectives et un retour brutal à la vérité du terrain.

– et cette analogie nous enseigne ?

– que le principe de réalité aura beaucoup d’imagination cette année.

– c’est une prédiction ?

– la fulgurante certitude de l’intuition rien de plus.

– peut-être aussi qu’il faudrait calmer sur l’herbe folle non ?

–  » tata l’cul d’polaille » °° comme on dit par chez moi, je te reviste le mythe de la caverne et tu me causes artifices, passe donc l’aspirateur bien dans les coins, ça te changera…

tgb par tgb

°   A des résultats grandioses par des voies étroites
°° pas chercher la petite bête – note de l’éditeur –

photos 2 et 3  D.A

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

19 commentaires sur « ad augusta per angusta »

  1. le rosé a beaucoup contribué aux visions
    sinon – « les prophètes ne se trompent jamais » j’aime beaucoup le titre – et l’article aussi…

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  2. « Plutôt que de déprimer j’imprime  »
    Pas mal !
    « Le principe de réalité aura beaucoup d’imagination »
    Alors là je dois dire ! …. une perle celle là !
    Bel interview. L’ interviewer pour une fois connaissait son métier et ne mettait pas sa langue dans sa poche. Nulle flagornerie à l’évidence.
    Et sinon Fernando Pessoa, il va … bien ? T’as de ses nouvelles ?
    Sinon, en Allemagne y ‘ a Die Linke qui a fait un carton, comme quoi on peut chanter à tue tête en même temps que l’aspirateur qui chante Népalais et manger des saucisses de Francfort.
    Pour le buzz y ‘ a internet en attendant de se le rouler bien lourd.
    A don’f ! La Saison 4 promet. Il est important d’être un héros du commun. beaucoup y pense en lisant  » Rue Affre  » ; ça revigore le corps, c’est encore mieux quand un esprit s’y cache dedans.
    Bon et bien Bonne révolution en tongue alors.
    Au fait, c’est quand la destination ?

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  3. La crise s’aggrave ! Tous chez Pizza Hut !
    – Bonjour Monsieur, vous désirez ?
    – Une Pepperoni – Souris, avec des frites !
    – Bien monsieur, tout de suite monsieur.
    A lire l’article suivant , on s’aperçoit que les salariés ont bon dos.
    Quand tu ne veux pas te débarrassé de tes souris, tu dis que le personnel a la rage !
    Je me suis dit que ça vous ferez rire…
    « Quand l’hygiène n’est pas là, les souris dansent. Et elles sont nombreuses dans ce restaurant Pizza Hut. En mai dernier, RTL vous en avait parler, un client avait trouvé une souris morte sur sa « pepperoni » qu’on venait de lui livrer. Quelques mois plus tard, ce même établissement a été fermé pour des problèmes d’hygiène persistants par la préfecture. La direction de ce magasin de l’avenue Ledru-Rollin (XIIe arrondissement) avait alors affirmé qu’il s’agissait d’un « acte de malveillance » d’un salarié. Un inspecteur des services vétérinaires s’est rendu vendredi de façon impromptue dans le restaurant et a constaté « la très forte présence de souris ». La fermeture est prévue pour une durée indéterminée et les salariés ont été invités à aller travailler dans d’autres magasins »

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  4.  » Parfois, tu chiades un texte dont tu es super fier et qui fait flop et parfois tu bâcles un truc qui cartonne »
    Incroyable, en effet ! Tout à fait vrai et sans arrêt. À se taper la tête contre les murs ! On n’a qu’à faire comme beaucoup : n’écrire que des merdes !
    « – serait ce que l’actu de rentrée ne t’enthousiasme pas des masses ? »
    T’avais qu’à pas partir ! Moi, je suis enthousiaste…
    « Probable qu’il n’y avait rien de mieux à se mettre sous la dent. »
    Hey, méchant ! Nous on est restés et on n’a jamais autant cartonné. En plein mois d’août. Ouais. Faut pas quitter le Web en août, TGB !

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  5. t’as d’beaux pieds tu sais !! et le concombre a cartonné à cause de la mode du bio, si tu en fait un thème récurrent tu va voir ton audience exploser
    à quand l’interview d’un poulet de batterie ? et pendant ce temps , comme tu dis, la grippe ne fait plus recette , ni la disparition programmé du juge d’instruction qui pouvait inculper les nantis de ce monde , non plus…. c’est un fait : il y a un tas de gens qui sont plus interessés par la souris dans la pizza que par le suicide dans les prisons

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  6. @ cui cui – non moi gentil – les NRV sont hors concours naturellement – rester au front toute l’année c’est l’avantage d’être groupir –
    @ Françoise D – et le suicide d’une souris dans un pizza en prison ? ça peut faire un bon texte – merci Françoise

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  7. @ Françoise D – et le suicide d’une souris dans une pizza en prison ?
    Si cette souris a choisi une pizza Hut, ce n’est pas un suicide mais un empoisonnement criminel 😉

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  8. @ Françoise D
    « c’est un fait : il y a un tas de gens qui sont plus intéressés par la souris dans la pizza que par le suicide dans les prisons »
    M’ouhais ! elle est rude celle-là ! Bon, je vois que ça ne vous a pas fait rire…
    Quand aux suicidés dans les prisons qu’est -ce que vous croyez ? Que je suis un nazi ? Des gamins de 17 ans ! On les retrouve pendus à leurs barreaux pour avoir réclamé une télé qu’on leur refusait ou par pur désespoir !!! Vous croyez quoi ? Qu’on a pas envie de hurler ?
    Depuis le mois de janvier il y a au moins un sucidé par mois ! Des jeunes, des moins jeunes, des plus vieux.
    Alainc Mainc a dit à propos de la Crise que c’était  » psychologique  » ; à croire que pour Madame Dati, les suicides dans les prisons Françaises sont une énorme hallucination collective.
    La peine de mort a été aboli en France. Honneur à M.Badinter, le Juste. Oui, en ce qui concerne les tranchoirs ou les pelotons d’exécution c’est vrai, la peine de mort a été aboli. Mais dans les faits ?
    Un suicidé par mois ! Comment on appelle ça si cela ne s’appelle plus
     » peine de mort  » ?
    AUTO-PEINE DE MORT ? PEINE DE DESEPOIR ?
    INTERNALISATION PUNITIVE ?
    PROGRES DES MOEURS LIBERAUX EUROPÉENS : On meurt toujours mais ça tache pas – philosophie de faux -culs et d’assassins par procuration ? Avec compression de personnels pénitenciers et manque chronique de médecins psychologues ?…
    Moi vous savez, depuis que je sais que Veronique Vasseur est à l’ UMP je dégueule tous les jours.
    Tout ce pays est en proie au Néopétainisme libéral et je sais bien que ce n’est pas la peine de s’appeler Vincent Van gogh pour être un suicidé de la société.
    Ce gouvernement enferme les gens et bat tous les records d’incarcération. Pour quoi ? Pour que des gamins se pendent dans les prisons et pour que Véronique Vasseur écrivent des livres pour faire pleurer dans les chaumières.
    « Sarkozyste de Gauche  » et bien mes salauds !
    Vous vous trompez sur mon cas, vous ne savez pas ce que je fais, ce que je pense, ce que je crois. Vous ne savez rien de mes actions. Rien. Vous vous permettez d’ironiser sur un instant  » t  » sans savoir. Je ne m’adressais d’ailleurs pas à vous mais à tjb que j’ai eu l’occasion de pseudoïquement croiser sur un blog TRES POLITIQUE … On s’en fout de toute manière. Internet c’est fantastique mais c’est limité. On parle mais on ne connait rien des gens.
    En ce qui concerne la notion d’ Intellectuel Collectif, par contre cela peut avoir des vertus. Pour le reste je me suis aperçu qu’ Internet était une machine fantasmatique à 99 %. Parfois les  » fantômes humains  » du web vous répondent, parfois ils vous insultent, parfois ils ne vous entendent pas. Comme dans la vie. Tout le reste en moins !
    Et si cela reste une formidable machine de communication en temps réel, pour ce qui est de la compréhension véritable, cela reste souvent de l’ordre de la pure irréalité. C’est comme ma machine à laver, quand je lui parle, elle ne répond pas et elle ne fait pas les frites non plus. Son seule charme c’est qu’elle ne me chie pas encore dessus à l’emporte pièce, comme vous.
    Bonne soirée … tout de même  » Françoise D  » –

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  9. boh allez H2 des fois la machine à laver elle a des fuites aussi c’est pas grave suffit d’éponger voilà c’est fait
    quant à Fernando Pessoa ça m’intrigue beaucoup j’admire mais comment vous savez …

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  10. Tu as des tongues bleues ?!!!!! Illusion d’optique comme pour les pizzas farcies aux souris. Les prisons, plus de suicides possibles, tout sera en papier et les interphones permettront d’entendre le râle final, le dernier boulot magistral (sic) de Dati …

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  11. @H2
    ce n’est pas vous qui étiez visé , mais tous ceux (et ils sont nombreux) pour lesquels l’information politique se résume à ce genre d’anecdote

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  12. (Toujours un billet de retard)
    Pas de nouvelles récentes de Fernando Pessoa, mais un extrait du « Gardeur de troupeaux » d’Alberto Caeiro magnifiquement dit par l’immense Luis Miguel Cintra, dans une scène du nouveau film de Manoel de Oliveira, « Singularités d’une jeune fille blonde ».
    P.S. : Pessoa n’est jamais allé jusqu’à écrire l’interview de Ricardo Reis par Alvaro de Campos, non ?

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