Back in Rungis

C’est comme ces vieux chanteurs sur le retour, qui tentent un improbable come-back en surfant, un rien pathétique, sur les modes fugaces du bon vieux temps. Le genre : le chanteur de mes parents.

Les années 80 : La Compil

Chantal Goya, Patrick Juvet, Fréderic François, Goldorak…

La merde d’hier en revival pourri d’aujourd’hui, patinée par la douce et indulgente nostalgie.

Qui nous expliquent que non non, on ne les a pas oubliés, que certes ils ne sont plus au top des hit-parades mais
qu’ils n’ont jamais arrêté de tourner en province.
Qu’hier encore ils ont fait un carton à la foire exposition d’Amberieux en Bugey.
Qu’aujourd’hui encore, ils sont la vedette de l’inauguration de la superette de Sainte Honorine des Pertes.
Que demain encore ils seront en Guest Star sur le podium du critérium du Dauphiné libéré.

Le côté Lucien Jeunesse quoi….(in memoriam)

Qu’il ne faut pas mépriser le public des grandes surfaces, des maisons de retraite, que c’est la vraie école. Que c’est là qu’on retrouve ses vrais fans. Que comme la terre (Pétainiste), le terrain ne ment pas. Que certes la groupie a vieilli mais que la ménagère de plus de 50 ans et son beauf de mari qui pousse le caddy, reprennent toujours par cœur les refrains populaires passés aujourd’hui dans le patrimoine et l’identité nationale. Qu’ils viennent en famille. Que quand on touche toutes les générations c’est y pas une preuve ça de la longévité….

Alors on ressort les vieux tubes

– Travailler plus pour gagner plus
– Les vrais gens
– Ceux qui se lèvent tôt
(en Remix Club House-electro.)

Alors on reprend en cœur les plus grand succès en tapant dans les mains

– Bling-bling c’est fini
– Tu l’aimes ou tu la quittes
– Cécilia pour la vie
( remasterisé en Carla)

C’est comme ces vieux chanteurs ringards qu’ont tellement voulu faire modernes qu’ils finissent par ne faire même plus contemporains. La star pipole de la coiffeuse, la tête de gondole en promo chez Monop devenue inaudible, faisant partie des meubles qu’on écoute sans entendre. Qu’on reconnaît de façon pavlovienne sans pourtant y mettre un nom…

Un poster jauni sur panneau électoral.

On ressort et on verse une larme sur les vieilles pochettes de disque :

C’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure tambouille certes, alors on ripoline les classiques :

– le pouvoir d’achat – (en duo disco avec Jean-Pierre Pernaut)
– la racaille au kärcher – et sa nouvelle version « dance » – casse pas mes abribus –

les standards indémodables comme l’indéfrisable :

– si y’avait pas d’chômeurs y’aurait pas d’chômage –

et même les succès d’estime

– mon ami double W –

On chauffe la salle comme on peut avec le tube de l’été du début des années 2000, un putain de slow bien spongieux sur lequel on avait emballé l’électeur du camping des flots bleus… mais on a beau chauffer la salle comme on peut, au métier, en showman, ça sent quand même le réchauffé, la tournée d’adieu et ça fini par faire presque pitié.

C’est le comble.

tgb

photo : Alain Chabat alias Gilles Gabriel, chanteur fictionnel, auteur du tube ‘Flou de Toi’ en 1983, vendu, selon le site MySpace de l’intéressé, « à plus de 133.000 exemplaires en France (disque de bronze) » dans le film « La Personne aux deux personnes »
 

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

5 commentaires sur « Back in Rungis »

  1. Faire pitié ? Personnellement je n’en éprouve pas, sinon pour nous (et celles-ceux) qui n’avons pas voulu ça. J’enrage de voir dans quelle impuissance nous sommes, de voir que ça ne bouge pas…

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  2. Un autre indémodable:Renaud « première manière »
    « Etre né sous le signe de l’hexagone
    C’est pas c’qu’on fait d’mieux en c’moment
    Et le roi des cons sur son trône
    J’parierais pas qu’il est allemand »
    J’voudrais pas faire ma Cassandre déprimée,
    mais je crois que le pire est à venir…

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  3. @ Christine: en ce moment, je suis plutôt (pour rester dans le registre Renaud des débuts):
    « […]
    Plus de slogans face aux flicards,
    Mais des fusils, des pavés, des grenades !
    Gueuler contre la répression
    En défilant  » Bastille-Nation  »
    Quand mes frangins crèvent en prison
    Ça donne une bonne conscience aux cons,
    […]

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