l’enfermement


L’enfermement – (A ZYED ET BOUNA)
Ce qu’il a y de formidable dans cette mondialisation libéralement boulimique et sans alternative (puisqu’on vous le dit) c’est que plus les capitaux circulent librement (voir la véritable affaire Clearstream, les paradis fiscaux et autres tour opérators pour dollars en goguette et leurs 8 millions de milliardaires) moins les hommes passent les frontières..
Les pauvres bien sûr !!!
Le libéralisme qui s’est approprié idéologiquement et très sémantiquement le mot – Liberté – en a une conception assez singulière voire croquignole.
– libérez les marchandises,
– libérez les flux financiers
– libérez les matières premières
– et toi ta gueule !!!
La culture de l’exclusion faisant un tabac auprès des premiers concernés (Koh -Lanta, le maillon faible, la Star ac…- votez éliminez – licenciez délocalisez – dénoncez expulsez –…bye bye …) il est idéologiquement urgent et accessoirement rentable de tout déréglementer ; la charité faisant office de justice sociale et Dieu de code du travail. Tout déréglementer donc, sauf les flux migratoires qu’il s’agit surtout de bloquer aux frontières.
S’il nous fallait une démonstration de la finalité productiviste et déshumanisée de ce joyeux dogmatisme sauvage c’est le mur en érection.
Depuis que le mur de Berlin dans un immense fracas planétaire s’est effondré en direct au vingt heures sur les mocassins de Pujadas ou d’un de ses confrères et que les frontières de l’espace Schengen se sont enfin ouvertes à la libre circulation et aux Trabans, on peut dire que les gravats soviéto-communistes ne se sont pas perdus pour tout le monde.
On s’emmure de partout et la planète commence à ressembler à un lotissement de beaufs lepénistes; un spectacle à en faire péter de joie Bouygues himself, notre grand spécialiste de la tv-truelle et du béton armé jusqu’aux dents.
Qu’on appelle ça clôture ou barrière de sécurité, le barbelé électrique, la brique in the wall et le tesson de bouteille sont furieusement tendances :
Frontière entre Mexique et Usa : 11 000 kilomètres de barrière anti-clandestins (En projet)
Frontière entre Arabie saoudite et Irak : 600 kilomètres à barricader d’urgence (en projet)
Frontière entre Israël et la Cisjordanie : 730 kilomètres de protection (presque le tour du pays, plus qu’à mettre un couvercle dessus et ça fera coffre-fort, boîte ou cercueil) avec empiètement généreux sur la ligne verte internationale (en cours)
Frontière entre les enclaves espagnoles de Ceuta, Melilla et le Maroc :
Fossé, clôture et compagnie – Quand même 6500 harragas* morts en 10 ans mais qui s’en soucie ? (en cours aussi mais rassurez vous pendant les travaux, la chasse au migrant continue)
L’érection est à la mode. Les pays riches ont trouvé leur viagra contre les pays pauvres : le moëllon, le parpaing.
Et je ne vous parle pas des gate-community, ces espaces résidentiels entièrement clos avec vidéo surveillance et police privée, ces ‘paranos-city’ où cohabitent dans une confortable et oppressante promiscuité cadres sup et retraités. aisés. Bonjour la consanguinité !
La ghettoïsation, conséquence de ce que l’on voudrait nous vendre comme choc des civilisations des cultures ou des religions est surtout l’effet d’un choc politique et social. Le riche se protégeant contre le pauvre. Le pauvre étant contenu à distance du riche.
Etrangement donc, la mondialisation provoque une bunkérisation et un repli communautaire des plus paradoxal. Un grand cloisonnement.
L’enfermement.
Enfin, et ça n’a pas grand chose à voir, mais juste par plaisir ; c’est en feuilletant « Elle Déco « (je sais, j’ai de ces lectures parfois…) que je suis tombé sur le dossier photo consacré à la décoration de la somptueuse villa de BHL à Tanger : vous savez, le nouveau philosophe d’il y a trente ans qui se regarde gloser.
Je vous rappelle que la restauration de ce palais oriental effectuée par Andrée Putman fut en partie financée par Arte à hauteur de 150 000 Euros dans le cadre d’un reportage autour de la décoratrice (BHL préside le conseil de surveillance d’Arte, évidemment ça aide)
Bref de la terrasse du célèbre café Hafa où l’on peut apprécier un thé à la menthe et autres spécialités marocaines illégales en jouissant d’un paysage grandiose : la baie de Tanger avec méditerranée et atlantique se rejoignant ; un nouveau mur saccage et obstrue le panorama.
Savoir que derrière ce mur, le BHL de pacotille médite et cogite l’humanité, inspiré par le crawl d’Arielle Dombasle en sa piscine miroir ne me console pas vraiment.
tgb
(harraga : clandestin qui brûle ses papiers d’identité avant de tenter la traversée du détroit de Gibraltar)

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

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