
Bienvenue dans l’hygiènisme ambiant. Bienvenue dans la conformation clinique et hypocrite du Docteur libéral et de son soft fascisme.
Bienvenue dans le grand sanatorium climatisé.
Vivons cons mais longtemps.
Mort à la tabagie
Fini de Boraté, la police du politiquement correct, la ligue de la vertu bien pensante, l’amicale de la grande tartufferie efface les mégots de Dietrich, colle une brindille aux lèvres de Lucky Luke, interdit au condamné Texan en phase de barbecue, de s’en griller une dernière.
La chaise électrique oui, la clope non.
Halte à l’apologie nicotinée.
Mourrons d’ennui mais en bonne santé
Partons en fumée oui, mais sans fumer.
» Fumer tue » alertent les paquets de cigarettes en faire-part de deuil. » Fumer nuit à votre entourage » qu’ils dénoncent. Mais que lit on sur le missile du complexe militaro-industriel, que lit-on sur le SIG Sauer 550 du cow-boy de la Bac ? Comme si un flingue ne nuisait pas à notre entourage, comme si la mine anti-personnelle ne nuisait pas à la femme enceinte ou au nourrisson.
Fumer tue certes mais surtout tuer fume. Comme tuer, fume un gosse de banlieue, comme tuer, fume une population Irakienne.
J’essaie de comprendre cette étrange civilisation qui interdit de s’en rouler une dans les pubs et autorise la bombe à fragmentation. J’essaie de comprendre cette étrange société qui semble nous materner et qui sur un coup de clairon nous envoie, pauvre merde à canon, crever par milliers au nom d’un gros mensonge. Quand l’hécatombe se fait » dégâts collatéraux « , quand le missile se fait » frappe chirurgicale ». Quand le carnage se fait au nom du « zéro mort idéologique « . Quand le glissement sémantique édulcore l’arnaque.
Que l’on interdise les cigarettes en chocolat au nom du danger de modélisation paternelle soit ; mais alors quid de la mitraillette en plastique ou du jeu vidéo » tripes à l’air » ?
Nuit grave la cibiche, nuit pas grave le napalm.
Nuit grave la sèche, nuit pas grave la dioxine.
Nuit grave le mégot, nuit pas grave l’oxyde de carbone.
Nuit grave la taffe, nuit pas grave les armes en vente libre au nom de je ne sais quel amendement de la constitution Yankee.
Au non du bien contre le mal et Dieu en bandoulière, au nom de la civilisation face à la barbarie. on légalise consciencieusement la torture en écrasant réglementairement nos mégots.
Mais sur qui ?
Le dernier bistrot de mon village natal vient d’être remplacé par une pharmacie. Dois-je m’en réjouir ? Et que dois-je dire à cette femme quasi lobotomisée qui m’adjure d’arrêter de fumer tandis qu’elle aligne devant elle ses cachetons multicolores, ses drogues sur ordonnance prescrites par le lobby des labos pharmaceutiques : Neuroleptiques analgésiques, anxiolytiques, psychotropes ; toute cette palette d’abrutisseurs légaux, d’empêcheurs de penser avec sa tête, de souffrir même, de se confronter à sa propre mélancolie, au monde anxiogène, de l’affronter ou de le changer. Sans parler des stéroïdes, corticoïdes, amphétamines et autres anabolisants au nom de la compétitivité et de la performance.
Un esprit sain dans un corset
Alors patchons nous et mâchons en choeur notre chewing-gum sauce Nicorette et alors bienvenue à la vie épilée sous les bras, à la beauté plastique et froide, à la modération et au tiède. Roulons sage, buvons sobre, baisons sous cellophane jusqu’à s’aseptiser morose, se formater conforme, jusqu’à crever d’ennui.
Le siècle dernier nous avons gagné trente ans d’espérance de vie. Mais à quoi bon, si ce temps-là est consacré à la Star Ac, à Jean-Pierre Pernaut, à offrir docile son temps de cerceau disponible à coca-cola.
Il fut un temps ou la fureur de vivre, ou vivre vite, ou vive libre…
Vivre tue !!! alors pourquoi ne pas choisir par plaisir, névrose ou vice sa propre aliénation, par goût, par provocation, par réflexe anti-pavlovien. Oui j’ai le droit à mon crabe intime, à mon tas de cendres ; à me laisser émouvoir, après l’amour, par les deux mégots enlacés dans le cendrier, dont un avec rouge à lèvres. Droit à l’odeur somptueuse du sexe et du tabac froid sur les doigts, du mélange nicotine et cyprine, du café-canard-clope matinal au bistrot.
Addict d’accord, toxo, d’accord, dépendant à mort d’accord. Pour sûr que je les connais les trucs et machins du mec sans allumettes, le soir à la maison : le brûleur de la gazinière, la flamme du chauffe-eau, la résistance du grill pain. Aliénation oui, aliénation renforcée au chlore, à l’ammoniaque, à la sauce accro oui mais cette aliénation-là est ma liberté.
Quelque part, à se conformer à l’hypocrisie ambiante, à l’hygiénisme idéologique, à ne pas résister aux diktats institutionnels pseudo vertueux, nous nous laissons abuser. Le pire danger n’est pas celui que l’on décrète mais celui que l’on masque derrière un écran de fumée.
Oui quelque part, ne pas fumer tue.
tgb
Hé Thierry
après 28 ans de tabagisme intense et passionné j’ai arrêté de fumer depuis presque 11 mois
et… la dame qui vend les pilules a raison: c’est mieux sans!!!
BIZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZ
Bridge
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