La regarder pousser

Ben oui, faut bien reconnaître, je ne suis pas hyper productif ces temps ci. Disons le carrément, je suis un attentat à la compétitivité ambiante.

Un texte tous les mois. Et encore !!!

Soyez assuré qu’au fond de moi, j’ai tout à fait honte de ne pas vouloir devenir milliardaire. Et je sens bien que je fais un peu tâche dans le système de valeurs macronien, où, j’ai comme l’idée, qu’il y a plus de système que de valeurs.

Usure, saturation, dégoût…impression fastidieuse de tourner en rond…

Faut bien le dire, je n’arrive plus vraiment à prendre tout ce barnum au sérieux, ni même en dérision.

Alors je regarde les choses pousser. L’herbe sur mon clavier. Mon gingko biloba là-bas. Mon super cactus qui attaque et dépasse la dernière barre latérale du balcon.

Surtout je regarde pousser cette petite chose qui vient de débarquer dans mon monde. Cette petite dame en train de devenir un petit d’homme et qui n’a de cesse de s’employer à m’émerveiller.

A m’émerveiller de sa technique ébouriffante à rebondir sur les fesses, de son entraînement acharné au championnat du monde du 5 mètres 50 sur couches, de son battement d’ailes de papillon à chaque petit bonheur allégé qui provoque immédiatement en moi un ouragan d’affection. A m’émerveiller de sa faculté à prendre, à apprendre, à comprendre, à piger et à tout chambouler. De sa propension élastique à foutre ses pieds dans son Péchalou. De ses tentatives cascadeuses à escalader le point culminant de la chaise longue avec bosses à la clef.

…de toutes ses premières fois.

Emerveillé de voir la vie lui pousser par tous les bouts et jaillir de chaque babillage et de chacune de nos conversations intimes et codées.

Oui gazouille, gazouille mon oisillon.

Je n’ai donc plus une minute à moi vu que je passe le plus clair de mon temps à la regarder faire.

Désolé d’être aussi conformiste, mais franchement, face aux vacuités fatuités vanités de nos turlupins à fadaises dont l’égo est si haut et la vue est si basse, je préfère me laisser ensoleiller par ce petit bout de pouti tout craquant.

Avoir l’honneur de lui faire la cour et la courte échelle est certainement ce qui me fait être le plus férocement vivant aujourd’hui.

la vie ! quoi d’autre ?

pour le reste ça viendra…

tgb

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Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

14 commentaires sur « La regarder pousser »

  1. Intolérablement émouvant – c’est peut-être ce qui manque le plus à la politique : passion et émerveillement devant le futur qui ne pourra croître que si on y croit …

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  2. L’herbe du clavier…c’est de la bonne? 🙂
    « Il y a un rossignol bleu dans mon cœur
    qui veut sortir
    mais je suis trop intelligent, je ne le laisse dehors
    que certaines nuits
    à l’heure où tout le monde dort
    je lui dis, je sais que tu es là,
    alors ne sois pas si
    triste » C. Bukovski

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  3. pour que l’herbe soit bonne, il ne faut jamais cesser de la regarder pousser. C’est la meilleure chose qui puisses t’arriver…tout le reste c’est juste un train qui passe pour nous rendre vaches 🙂

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Commentaires fermés