Le macronisme zombie

Ce qui est fort significatif en ce macronisme déshumanisé de chefs comptables, dont les mots n’ont plus de valeurs, les phrases plus de sens et dont les fonctions elles mêmes sont dépourvues de toute consistance, c’est que face à des situations de crise, face à l’insurrection tranquille, aux colères symboliques et canalisées, ces rouages désincarnés, ces représentants d’institutions ne réagissent plus, n’existent plus, ne sont plus que des ombres dans leur représentation zombie.

Des pompiers qui te plantent là des notables tout ballots. Des avocats qui te jettent leurs robes à la figure de la ministre sur rail. Des artisans d’état qui te déposent leurs outils de travail devant leur boss sur orbite. Des soignants qui balancent leur blouse au nez du grand patron. A la limite, on admirerait presque la patronne de Radio France qui essaie un minimum de sauver la face et de se battre avant d’opérer sa retraite de Russie.

Tels des robots programmés incapables de faire face à une situation imprévue (et il n’y a bien qu’eux pour ne pas les prévoir) incapables d’improviser, de sortir de leur cadre, de leur zone confinée balisée de confort, d’écouter, de s’adapter, d’avoir la moindre marque d’empathie, une émotion, une colère, un mot d’humour, une agilité d’esprit quelconque, bref l’intelligence de la situation, il n’y a rien, rien qu’un fonctionnement, qu’une mécanique, pas même une débandade, une fuite, une reddition honorable, non rien, rien que du vide, une absence, un néant.

Il n’y a plus d’abonnés au numéro que vous avez demandé.

Et alors de se poser la question. Y en a t’il jamais eu ?

Toute cette viande froide haut fonctionnarisée fut elle un jour habitée ? Tous ces costards taillés sur mesure furent ils un jour incarnés ? Et derrière tel ou tel poste à responsabilités, derrière tel ou tel pantin gris grassement payé pour ses responsabilités, parce que des responsabilités, existe il quelqu’un qui fut un jour responsable de quelque chose, voire de lui même ?

Et devant ce gouffre, cette dématérialisation, de penser à Hannah Arendt à cette banalité du mal, à cette seule réponse après des crimes de masse dépassant toute entendement : je n’ai fait qu’obéir aux ordres !

ni responsable ni coupable.

Mais obéissent ils encore ou tels des automates, des poulets sans tête, dans cette routine, continuent t’ils imperturbablement, à fonctionner, à faire ce qu’ils savent faire. C’est à dire RIEN. Des discours creux. Dans des conventions vaines. Lors de rituels inutiles. Dans des simulacres pitoyables avec projections power point en trois points et tableaux Excel illisibles et vaut mieux.

Dans ce naufrage des institutions, cette décomposition des corps et des corps d’état, ce délabrement moral, physique, de toute autorité, à ce niveau d’inanité, de transparence, on gagnerait en effet à remplacer avantageusement ces petits grands chefs par des algorithmes. Au moins serait ce clair et honnête et économique.

Mais précisément, dans ce vide, ne sont ils même pas désemparés, même pas sidérés, même pas interdits, ils font, ils continuent, ils lisent, ils débitent, comme non concernés, comme hors réalité, ils déroulent, ils ânonnent. Comme des morts vivants.

Et c’est bien cette faiblesse qui devient redoutable. Comment se révolter contre du vent, du vide, du plus rien, du que dalle. Combien il est difficile alors de n’avoir plus d’interlocuteur pour faire rebondir le cri, la parole, le ras le bol généralisé. Hors la flicaille de rue, cette barbarie enragée hors contrôle et qui tient le pouvoir plus qu’il ne le tient, et la flicaille des écrans, aux arguments recuits, usés jusqu’à la corde, pris la main dans le sac systématiquement et qui ne font plus illusion, l’ennemi est précisément ce rien abyssal, ce pouvoir inexistant de députés fantoches, de courtisans fades, de ministres dévoyés, ne masquant même plus le visage poudré d’un petit morveux mégalomane, ivre de lui-même et cocaïné.

Et de prendre conscience alors que le rien c’est pas nous, que le rien c’est bien eux. Et que peut-être est ce là tout le problème. Hors les matraques il n’y a plus que du vide, plus que de l’absence, plus que du zombie et qu’il n’y a pas 36 moyens pour se débarrasser d’un mort vivant :

faut lui couper la tête.

tgb

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Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

6 commentaires sur « Le macronisme zombie »

  1. « Faut lui couper la tête. » Tu veux louis-seizer marie-antoinetter le couple royal ? Ça risque fort d’être un moment de grande liesse populaire…

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  2. Le macronisme n’ira plus très loin mais il va nous laisser en héritage une folle furieuse…. »Le fascisme n’est pas le contraire de la démocratie mais son évolution par temps de crise » (Berthold Bretch)

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  3. il aura tout cassé mais c’était déjà entamé cela dit il est tellement brutal qu’il a réveillé ce pays – au final je préfère à Mollande qui avançait masqué avec son air con et avait le même programme

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