Vive la spéculation

 SpéculerLittéraire. Réfléchir sur une question, en faire un objet de réflexion, d’étude.

– Faire des opérations financières ou commerciales sur des valeurs négociables, afin de tirer profit des variations de leurs cours.

– Compter sur quelque chose pour en tirer avantage, pour parvenir à ses fins.

En ces temps de spéculations boursières ou de cupidité commerciale, à nous les spéculations philosophiques et politiques, à nous de nous réapproprier le concept même.

Si dans l’agonie de ce capitalisme qui dure et qui dure et qui peut durer encore un certain temps vu qu’ils sont 8 milliardaires à tout posséder et que nous ne sommes que 7 milliards à nous partager le reste, il y a une bonne nouvelle : c’est que la gauche (et quand je dis la gauche, je dis la gauche on se comprend), se remet à penser.

et ça dépote.

Qu’on adhère ou pas, qu’on y mette des nuances ou des objections, n’empêche, après avoir entendu ou lu ce que nos fortes têtes pensantes qui pensent avec leur matière grise et pas avec celle des autres, on se sent plus intelligent, mieux ventilé du crémol et décapé des couches de catéchisme appauvri accumulées en strates depuis 40 ans.

Grosso modo depuis qu’une brochette de médiocres poseurs imposteurs du prêt à penser domestique et du tout à l’égo subventionné par papa, ont mis un couvercle botulien sur l’ébullition intellectuelle de ce pays.

Je ne parle même pas de la Chantal Goya du concept dont les propos de bistrot accompagnés d’un vittel menthe n’ont même l’excuse de l’ivrognerie plus ou moins fulgurante.

Que ce soit Lordon, Todd, Zizek ou Stiegler pour ne citer que les plus connus, c’est autrement plus tellurique que le moindre prout cacateux d’un nouvel élu à l’académie ou les fadaises d’un visionnaire plagieur assez tiède du bulbe.

Car la pensée est faîte pour déranger, créer de l’inconfort. On doit en ressortir différent qu’avant d’y être rentré. Déstabilisé, changé, indisposé même, pas forcément dans ses convictions mais dans ses représentations, dans sa façon même d’appréhender les choses, dans ses raisonnements avant de les reconsidérer au scalpel.

Penser c’est d’abord penser contre soi, contre ses circuits imprimés, ses certitudes verrouillées et ses petits arrangements avec les idées à consommer sur place ou à emporter. C’est confronter son entendement à plus costaud, s’obliger à changer d’angle, à dépasser son système de réflexion et de compréhension, accepter de se prendre une opinion comme un gnon dans la gueule.

Que cette pensée « radicale » se déploie à nouveau, et ensuite tout le reste suivra…et forcément les suiveurs,

toujours soucieux de penser comme tout le monde quand il s’agira à nouveau de penser autrement.

tgb

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Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

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