Glandeur nature

Et pendant que le barnum médiatique en son service après vente nous fait avaler du bellâtre politique avec violon, cette sorte d’Escort boy maquillé d’un libéralisme peu frais, d’atlantisme proxo, le Credoc (centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) nous sort une étude sur les nouvelles tendances de consommation des français qui ne manque pas d’intérêt.

Oui, pendant que les flagorneurs de l’éditocratie française nous fabriquent du jeune avec du vieux, du moderne avec du ringard, du Valls avec du Thatcher, de la figure historique avec de la starlette pubarde, et pourquoi pas du Mendes-France avec du Delon comme l’écrit le pitre de la lèche barbichue, l’impayable Joffrin – prière de pas rire, pas se moquer des incontinents de la flatterie – on apprend par ce rapport que, si en ces temps de crise ou plutôt de hold up bancaire, les français se serrent la ceinture et optent pour une frugalité contrainte, il émerge aussi une pratique significative de la frugalité engagée et choisie, de la consommation alternative, une nette évolution des représentations sociales et de la conception du bonheur.

Loin des termes rabâchés par les « jeunes cadres dynamiques » de la politique moisie : compétitivité, performance, rentabilité, réussite, profit – on constate un total décalage entre les discours officiels et les nouvelles pratiques sociales.

A l’heure du travailler plus à produire n’importe quoi pour gagner moins que le smic et se faire gueuler dessus et cracher à la gueule par des kapos surpayés de l’ordre mondial, les français privilégient de plus en plus les loisirs, la famille, les amis, les enfants, donnent une part croissante à la réalisation de soi plutôt qu’à la réussite sociale, mettent en avant les mots « vacances – liberté – temps – soleil – amour – épanouir – profiter – joie – tranquillité – et commencent joyeusement à se foutre du productivisme et du consumérisme, tout autant que de ses représentants pour lesquels d’ailleurs il ne prennent même plus le soin de se déplacer certains dimanches.

Bref, visiblement la société évolue bien plus vite que ses cabotins de la politique spectacle, et l’on assiste clairement à un déphasage, voire à un profond hiatus, entre cette nouvelle réalité qui se dessine et le jeu de dupes d’ombres et de marionnettes politicardes qu’on nous survend.

Contrairement donc aux injonctions des fonctionnaires de la compétitivité, en parfaite inadéquation avec les gesticulations paniquées des notables de la pensée tunique, de plus en plus de français aspirent à vivre peinard, au vert, à prendre leur temps, à regarder pousser leurs gosses et leurs arbres, quitte à gagner moins tant qu’ils vivent mieux.

Et tandis que les petits soldats aux ordres de la mondialisation s’acharnent à éradiquer toute humanité au sommet d’un état qu’ils sont chargés de détruire tout en s’empiffrant, la population est en train de la réinventer là où elle se trouve, à coups de projets singuliers, foutant un sacré coup de vieux à certain produit euro RSCG.

Valls à la noix, premier ministre d’une coquille bientôt vide.

tgb

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

27 commentaires sur « Glandeur nature »

  1. De plus en plus de parents prenaient leur mercredi en RTT en alternance pour garder leurs enfants.Tant que cela ne concernait que les mères, on a laissé faire.Mais quand les pères ont voulu prendre un mercredi sur 2 en alternance avec leur femme, cela n’a pas plu à leurs employeurs.Qui a soufflé la réforme des rythmes scolaires à l’oreille du gouvernement? Merci qui?

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  2. Ainsi les consommateurs d’élite, les forçats du revolving,les flambeurs du dimanche,les Luky Luke de la visa,seraient has been,ahhh il reste peut etre une étincelle d’espoir?

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  3. c’est les prémisses du début du commencement
    de toutes façons faudra bien se dépatouiller avec le peu qu’on aura et inventer. En tout cas l’envie est déjà là

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  4. Puisque notre modeste expérience de « retour à la terre » semble t’inspirer, voici comment nous vivons au quotidien: plus de télévision depuis des lustres (3 lustres = 15 ans), pas de téléphone mobile, de toutes façons, pas ou peu de réseau, pas de GPS pour aller d’un village à l’autre, retrouver les « collègues », une tribu de jeunes et moins jeunes, revenus au pays à l’âge de la retraite ou ex-citadins forcenés,jeunes gens, diplômés ou pas, qui s’accrochent pour rester dans cette belle Gasconnie et ne pas être avalés par la grande ville (Toulouse); aucun ne milite à EELV, pas de théorie survivaliste fumeuse, pas de gourou, genre Lou Ravi Rabhi (on ne sait pas s’il est sincère ou le dernier imposteur à la future mode et on s’en fout!). Comme la plupart d’entre-nous ne roulons pas sur l’or, on s’entraide: je donne des cours d’arts martiaux, en échange, tu m’apprends l’art du potager ou tu changes les plaquettes de frein de mon vieux tacot. J’aide vos enfants à préparer le français du bac (ancienne prof de lettres) et tu me donnes des plants de tomates,du miel de ta production ou du saucisson maison. C’est sans fin, informel, convivial, et somme toute assez réjouissant. Ici, l’hiver est rude et long, on coupe et rentre le bois à l’ancienne, la maison est encore un vaste chantier, mais un sentiment de vie pleine et entière inespéré. Ni bobos, ni babas, des loosers magnifiques, voilà ce qu’on est, en toute modestie…

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  5. @ciorane – oui j’avoue que je suis tombé sur cette étude du crédoc et j’ai pensé à votre expérience (entre autres) mais aussi par mes rencontres en entreprise (je suis formateur) et de tous ces gens jeunes ou moins jeunes qui pensent tous ou rêvent tous d’un projet perso autrement – histoire de sortir de ce merdier et de vivre enfin.
    @cui cui – oui il est l’heure du sabotage par l’inertie par le je m’en foutisme et l’organisation de sa vie autrement – ne plus attendre d’attendre on ne sait quoi – s’ils veulent qu’on fasse un boulot con pour que dalle on va leur en donner pour ce que ça vaut – walou

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  6. je sais que je prêche un convaincu même si tu te casses les burnes à gagner ta vie en te les gelant les matins d’hiver à l’aube
    il ne te reste pas un cabanon ou un trentième de bergerie quelque part en Corse ?

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  7. Arf !
    Je voudrais bien vivre dans la bergerie mais j’ai bien peur que le bouc ne devinsse jaloux comme un tigre !
    Le monde des chèvres est AUSSI un monde impitoyable régi par la loi du plus fort !
    😀

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  8. Bizarre, comme vous associez si rapidement modes de vie différents, frugalité choisie ou subie à la paresse, les inclassables aux déclassés (les courbatures et les ampoules sont aussi au programme et les « romantiques » ne tiennent pas le coup). Serait-ce de l’incompréhension? De l’envie mal dissimulée? On peut vivre de manière humble et honnête, si, si. Mais je crois que les liens solidaires se créent ou se recréent naturellement, condition indispensable à notre survie et/ou bien-être. Bref, je retourne à mes moutons et vous laisse à vos lectures douteuses, Monsieur Rushes.

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  9. Ce « débat » entre décroissants pragmatiques, qui sont passés à l’acte (voir dans un genre plus militant les zadistes de Notre dame des Landes, ou encore les « terroristes » de Tarnac) et les bavards de la toile, qui regardent de loin, vaguement condescendants, ces culs terreux d’un nouveau genre,tourne court. Dommage… du mauvais La Fontaine : Rats des villes contre Rats des champs. C’est le constat désabusé ou hargneux, c’est selon, de la plupart de mes potes au pays…Nous, on continue, précurseurs ou ringards, plus motivés que vous ne l’imaginez. Bon vent!

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  10. chausser une paire de tongs suffit pour adhérer (deux tongs gauches bien sûr)
    et merci de te consacrer au bouc de cui cui
    j’apprécie ce partage des taches

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  11. Moi qui fut (à tort) traité de baba et dont le fils est (à tort) traité de bobo, je reconnais avoir été tour à tour et rat des villes et rat des champs – avec liaisons et descendance métissées…
    Bref mes rhumatismes de 3/4 de siècle me font désormais observateur enjoué de ce genre de débat plein d’avenir social…
    Et je me passe depuis bien des lurettes de bagnole, de frigo, de portable, de télé, etc. mais PAS de Poésie ni d’Internet, c’est net…

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  12. @robert spire ça me fait penser à l’origine du mot coquille auquel les ouvriers du livre enlevaient volontiers le q pour rigoler – d’où le terme
    @Rem – sans frigo ? Rude quand même mais sans poésie je suis bien d’accord inconcevable

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  13. « C’est extra, les maudits bleus de l’Etre qui chantent depuis la nuit des temps ».
    Rem-arque: la Poésie est éternet, nul besoin de frigo, seule la chaleur de tous nos organes la conserve.

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