Ken Saro-Wiwa, expulsé de l’Histoire

« Ce n’est pas le toit suintant, ni les moustiques zonzonnants, dans la cellule humideet misérable…ce sont les mensonges enfoncés dans nos oreilles toute une génération…

L’écrivain producteur Ken Saro Wiwa n’a jamais reçu le prix Nobel de la paix. Pas plus que les lanceurs d’alertes dissidents, Manning, Assange ou Snowden.

Il reçut tout de même le prix Nobel alternatif, ce qui somme toute, paraît plus honorable qu’avoir son nom sur la même liste qu’un Kissinger fomenteur de coup d’état, qu’un Obama obsédé de l’assassinat arbitraire et ciblé par drone ou qu’une vieille Europe tout à son dumping économique et fiscal entre pays voisins.

Sans compter qu’aller chercher aujourd’hui son diplôme enluminé dans une Norvège dirigée par une coalition comprenant l’extrême droite à laquelle adhéra un temps le fanatique Breivik peut donner quelque état d’âme.

Le militant écologiste Ken Saro Wiwa, tel Lumumba ou Sankara n’aura jamais été au bout de son destin. Pour entrer dans l’histoire, encore faut-il échapper aux pièges multiples des tueurs de justice et d’indépendance affiliés aux puissances d’argent.

Tout le monde ne peut avoir la chance de survivre à 638 tentatives d’assassinat tel Fidel Castro.

Des Nelson Mandela, il en est, il en fut potentiellement d’autres, restés clandestins, dont le leader du peuple Ogoni, minorité ethnique du delta du Niger, Ken Saro-Wiwa, pendu avec neuf autres de ses camarades en 1995 par le régime de Sani Abacha, pantin des compagnies pétrolières et du prédateur Shell notamment, reconnu complice et qui versa pour toute réparation, 15,5 millions de dollars, autant dire des clopinettes pour cette multinationale.

Dés les années 50, président du Mouvement pour la Survie du Peuple Ogoni, Ken Saro-Wiwa lutta contre l’exploitation pétrolière dévastant son pays, empoisonnant les rivières, les terres cultivées des villages, le transformant en immense terrain vague quadrillé d’oléoducs suintants sous les pluies acides ; ce delta du Niger accumulant dégâts écologiques, sociaux et économiques sans en retirer le moindre bénéfice.

Etrange paradoxe de constater qu’en Afrique, plus le sol est riche en hydrocarbures, plus le pays s’enfonce dans la misère, faisant au final de l’or noir une véritable calamité et poussant les paysans dépossédés à devenir pirates des mers.

Pour ses actions militantes non-violentes, Ken Saro-Wiwa eut l’honneur de ne pas recevoir de prix Nobel dénaturé et pour toute récompense qu’un simulacre de procès et une exécution expéditive.

Comme tant d’autres nobélisables échappant au Nobel, restés confidentiels et portés disparus, l’homme africain Ken Saro-Wiwa, à peine entré dans l’Histoire en sera expulsé.

L’occident bien pensant aura tout fait pour ça.

tgb

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

8 commentaires sur « Ken Saro-Wiwa, expulsé de l’Histoire »

  1. C’est à croire qu’à jamais, l’homme blanc a maudit l’Afrique, continent trop riche, continent des humains trop pauvres et trop exploités comme leur sol et leur sous-sol.
    Il faudrait que soit poussé un seul cri unanime « Nous sommes tous des Africains ! » : la phrase est d’autant plus juste, que l’Afrique est le berceau de l’humanité.

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  2. c’est vrai que l’Afrique est le berceau de l’humanité et c’est vrai aussi que c’est de ce berceau là si riche pourtant que partent toutes ces femmes ces enfants ces hommes pour venir se noyer au bord de nos plages si souvent souillées par ce pétrole qui leur est confisqué.

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  3. Après cette lecture, ce n’est pas la paix que j’envisage mais la guerre contre toutes ces puissances d’argent dont la voracité n’a pas de limites et qui sont bien protégées par tous les gouvernements en place.
    C’est vrai, pourquoi se préoccuper des peuples ??
    Surtout de certains…

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  4. la guerre ce sont ces puissances d’argent qui nous la fait – cela dit ne soyons pas hypocrites pétrole ou uranium africain nous profite à nous tous au quotidien

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  5. La guerre don vous parlez, Nade, c’est la lutte des classes…Le problème, c’est que contrairement à nous, les possédants ont une véritable solidarité de classe.

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