Glaires intestines

« Il existe une sorte d’homme toujours en avance sur ses excréments. » René Char

En 2004, suite au premier mariage homosexuel symbolique prononcé à Bègles, Noël Mamère, avait reçu près de 4000 lettres scabreuses, racistes, nazies, le menaçant de mort, accompagnées de rituels petits paquets de merde. Délicieuses intentions méchamment régressives et forcément anonymes.

Serge Simon, médecin et ancien rugbyman, bouleversé par ces infectes éructations en fit une compilation pour témoigner de cette haine brute : Homophobie 2004 France.

Quelques morceaux choisis :

– Les PD de ton espèce, il faut les gazer, mais avant il faut leur rentrer un fer rouge dans le cul.

– Dégueulasse, cochon, vous soutenez des gens qui font l’amour dans la merde.

– Si tu oses marier deux pédés, c’est toi que nous enculerons vivant.

– J’espère que tu auras le sida. Vous feriez mieux de vous le faire mettre en public. Cela vous soulagerait.

– Tu dois avoir le cul aussi sale que ta gueule.

– Avale le foutre à Lionel, suce les couilles à Hollande, fais une bonne pipe à Delanoë… »

On perçoit le haut degré de conscientisation de ce défouloir, entre références zoophiles, scatologiques et nauséeuses. Références si coincées du sphincter, tellement bloquées du stade anal, qu’à ce niveau de remugles reptiliens, elles finissent par en devenir suspectes et signifiantes et parler davantage de l’envoyeur que du receveur.

Et voilà que ça recommence, Hélène Mandroux (Montpellier) premier maire de France à célébrer un mariage homosexuel, vient de recevoir ses premières menaces et insultes et naturellement son inévitable petit colis de merde.

Loin de la blague potache ou du relâchement grivois, cette étrange fascination fécale, cette obsession à se complaire dans l’excrément, ce douteux plaisir à chier dans une boîte en carton, à manipuler de l’étron, à l’envelopper, le peser, le poster, à faire livrer ses défécations doivent confiner à une forme de jouissance pour le moins maladive.

Il y a visiblement bien du ‘sodomite’ violement refoulé et nauséabond dans nos villes et nos campagnes, du frustré de l’anus et de la gaule, pour se gargariser à ce point de pipi/caca et autre foutre à érection.

Avoir le sexe aussi malsain, l’amour aussi sale et haineux, pourrait bien cacher une véritable déviance, quelque chose qui aurait à voir d’assez près avec une forme de coprophagie.

Une sorte de goût prononcé pour la crotte, les selles, la déjection, pour s’en repaître et s’en mettre jusque-là, à patauger dans le glauque et la fosse septique.

Ça finit par en dire long sur les frustrations et les propres projections perverses de ces tristes trous du cul, obnubilés par leur matière, leur misérable production ;

quelque chose dans le registre de : je suis une merde !

tgb

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

10 commentaires sur « Glaires intestines »

  1. En lisant ce (beau) texte, me sont revenues en force des scènes intenables du film de Pasolini, Salo ou les 120jours… » et du »cercle de la merde ». J’étais sortie avant « le cercle du sang », en voulant obstinément rester confiante dans nos institutions, garantes de la démocratie et d’un niveau élevé des débats sociétaux. Je dois reconnaître que, dans le contexte, faire l’autruche revient parfois à exposer ses fesses aux pulsions archaïques de prédateurs dont on sent, parfois,souffler l’haleine fétide au travers de certains propos. Et imaginer cette scénographie de l’étron:glaçant!

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  2. j’ai vu aussi le film de Pasolini. j’avais juré ne plus le revoir tellement j’avais été brassé et puis incidemment je l’ai revu. C’est bien moins violent à la seconde vision et longtemps après. On en a vu tant et tant depuis.

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  3. Elever notre niveau de conscience ou notre seuil de tolérance? Tel est le dilemme auquel il faut de temps en temps opposer la bouffée d’air frais d’un soir de printemps… Bonne soirée!

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  4. Le mariage: pas trop mon truc.
    Les commentaires que tu cites dans ton billet sont d’une telle violence…je pige pas trop.
    L’ amour entre deux personnes ne regarde que ces deux personnes.
    Qui sont-ils pour juger ou décider du choix de vie d’un autre ?
    Faut dire que les médias ont fait fort (le gouvernement aussi ) pour mettre » le paquet » sur ce sujet, et permettre ce  » haro » sur de nouveaux boucs émissaires …

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  5. c’est juste que souvent l’autre n’est que la projection de sa propre médiocrité et de ses peurs – haïr l’autre ça évite de se haïr soi même peut-être

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  6. Freud disait : « Donnez leur un ennemi commun, j’en ferai une société des frères. » La merde renvoie au pôle anal, paranoïaque et obsessionnel. Flamby n’aurait pas dû jouer avec le refoulé des cons, ça les fédère…

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Commentaires fermés