Patrick Dewaere, de la carrière ou de l’ironie…

Heureux les fêlés car ils laissent passer la lumière. Michel Audiard

Comme l’affaire Géraaaaaaaard, sa fille Roxane, son scooter, sa poissonnerie, ses amis dictateurs et son premier cercle sarkozien de la France tu l’aimes ou tu la quittes me saoule, je vais vous parler de Patrick Dewaere, la couille gauche et sulfureuse « des valseuses ».

Non, Patrick Dewaere n’a pas quitté la France pour le beld pourri de Néchin (Belgique) situé à 1km de la frontière française afin d’échapper à l’enfer fiscal, au féroce Hollandréou et à ses hémorroïdes cinématographiques, Patrick Dewaere a quitté cette planète en se faisant sauter le caisson le 16 juillet 82, à l’âge de 35 ans.

Par cette option radicale, il échappe ainsi définitivement à la momification adipeuse tel son acolyte ventripotent tombé dans le chaudron du fric quand il était déjà gros, à l’impôt certes mais aussi au trou du cul du monde défiscalisé, à la dégénérescence égotique et à tout le toutim.

Tandis que l’ogre boulimique tout à sa rétention se goinfre et se gave et s’enfle de toute sa corpulence, à doubler son quintal dans sa fuite en avant, le maigre Dewaere par politesse du désespoir s’enfonce le canon d’une 22 long rifle dans sa bouche et s’exile avec panache au firmament.

Enfer ou paradis mais sûrement pas fiscal.

Dans l’ombre de son père omnivore et pesant qu’il ne sût ou ne pût tuer, Guillaume Depardieu autre innocent superbe et dévasté, l’y rejoint en claudicant.

Patrick Dewaere vitrifié reste pour toute éternité du moins jusqu’à demain soir si la fin d’un certain monde advenait, ce qu’il fut, ce personnage cabossé, rebelle fragile et magnifique, ce comédien électrique au destin fracassé, cet acteur paradoxal dans et hors système à la fois, cet écorché de la vie dans toute sa fulgurance.

Ainsi l’enfant de la balle Patrick Jean-Marie Henri Bourdeaux, alias Patrick Maurin, alias Patrick Dewaere, devenu culte et héros à se chercher enfin une identité, reste donc terriblement vivant tandis que tel acteur outrecuidant et institutionnalisé reste mort.

Dans sa trajectoire foudroyante, l’écorché Dewaere, comédien désinvolte et génial nous aura laissé quelques pépites irradiées par son talent instinctif et distancié, son jeu sauvage et élégant : « la meilleure façon de marcher », « Coup de tête », « un mauvais fils », et le glauque et solaire « série noire » où il forme ce couple de somptueux perdants décidément maudits avec cette autre étoile filante bouleversée, Marie Trintignant.

A lire ces destinées funestes et violentes, on dirait bien en effet que les meilleurs, les pas doués de la vie, les blessés du monde, les poètes éphémères, les intègres pas trop compromis se désintègrent les premiers.

De la grâce ou de la graisse, des inadaptés flamboyants ou des adaptés à l’ordre, on sait ce que ce monde à la crasse vulgarité privilégie.

Pour se rassurer on peut toujours se dire qu’il vaut mieux manquer qu’encombrer.

De la carrière ou de l’ironie, Patrick Dewaere a choisi ttc.

tgb

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

6 commentaires sur « Patrick Dewaere, de la carrière ou de l’ironie… »

  1. Très beau texte sur celui qui, par son talent et son jeu, dépassait, et de loin, Gérard Depardieu, cet acteur boulimique dans un nombre incalculable de navets mais aussi partie prenante de quelques chefs d’œuvre, il faut bien le reconnaître.
    Connaissant un peu le milieu des comédiens, on peut dire que le retentissement médiatique sur le zigue lui a procuré une jouissance du tonnerre.
    Il crèvera de désespoir le jour où, exilé en Azerbaïdjan ou en Tchétchénie, plus personne ne parlera de lui. C’est la principale caractéristique de ce mégalomane.

    J’aime

  2. c’est vrai que Depardieu a fait quelques bons films et jusqu’à récemment l’excellent « mamouth » de la bande à Groland mais merde à choisir j’échangerais bien un baril de Gérard contre 2 barils de Patrick et Guillaume

    J’aime

  3. Au milieu de cet océan de m…., si on ne veut pas se faire sauter le caisson, ni se goinfrer de dinde aux marrons(ah! la vulgarité des fêtes de fin d’année), un modeste conseil: allez faire un tour du côté de Notre Dame des Landes, muni(s) de bottes, par exemple pendant le festival de soutien du 4 au 6 janvier prochains. Les occasions de ne pas désespérer de l’espèce humaine étant de plus en plus rares…

    J’aime

  4. Bel hommage pour le meilleur des 2 et de l’époque!
    Patrick ! P’tain,il avait 35 ans,..un gamin .Je ne me souvenais plus qu’il était si jeune .
    Le juge Fayard , c’était bien aussi …
    Beau rapprochement avec Guillaume , le meilleur, aussi, de son époque !
    Bonnes fêtes de fin d’année TGB !

    J’aime

Commentaires fermés