La manif du dimanche

Oh le joli dimanche, bien automnal, bien ensoleillé pour retraiter le traité dans la pure tradition.

On a fait nos dix kilomètres à pied sur le trajet tout balisé.

La Nation, Place d’Italie, itinéraire en U. Presque à tourner en rond.

Deux jolies voitures de police ouvraient le défilé, tandis que de gentils cyclistes de la maréchaussée encadraient le cortège.

On avait sorti les drapeaux, les ballons, les flonflons, et même les déguisements façon carnaval. Oh les jolies photos.

Entre deux slogans téléphonés, un peu mous du mégaphone, on y apprenait que le socialiste était tout comme le radis, rose dehors, blanc dedans.

Dans les odeurs de merguez, une belle brochette de leaders radieux de la gauche réunie, faisait son sport dominical à petits pas comptés.

On beuglait résistance, bien plutôt qu’offensive, on poussait les poussettes, on distribuait les tracts, on déambulait tranquille région par région.

Et que voilà le Limousin et que voici la Charente marquée au maillot par la Picardie…sous les bannières multicolores des militants débonnaires.

L’ardeur était paresseuse ainsi que la moyenne d’âge.

Le peuple mobilisé quoiqu’un peu baladeur sur les jolis bords de seine.

On était 80 000 disaient les organisateurs

On était 15 000 disait la police.

On n’en parlera pas disaient les télés qui n’en parlaient pas.

On était 3 glands disait Aphatie en duplex de sa maison de campagne.

La prochaine fois, on criera Allah akbar pour faire la une de Charlie hebdo disaient les plus déconneurs.

A la fin on s’est dit que quand même, y’avait vachement de monde et que dimanche prochain on irait aux champignons. On s’est fait des bisous, on a plié le matos, on s’est éparpillé. La province est remontée dans les jolis cars, Paris a repris son joli métro. Les bagnoles ont repris leurs jolis boulevards, tandis qu’Hollande reprenait du joli gâteau de son joli quatre heures.

Les terroristes de la finance pouvaient continuer peinards à balancer leurs bombes économiques ici ou là sous le regard ému de la troïka. On pouvait continuer à ramasser du cadavre de licenciés broyés, de suicidés spéculés en s’indignant dans les pointillés entre deux salons de l’auto.

Y’avait bien, question rapport de force, d’autres façons de négocier mais bon…au grand jeu des tricheurs, fallait pas tricher.

Puisque le changement c’est maintenant alors, la prochaine fois, on fera le trajet dans l’autre sens, histoire de tout changer.

Ça va chier !

tgb

photo : Actualutte – dessin : Azo


Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

8 commentaires sur « La manif du dimanche »

  1. J’ai communiqué par twitter pendant la manif : pas d’autres moyens . J’aurais pu te le dire sur ton blog avant, c’est vrai .
    D’où as-tu pris cette photo, parce que je n’ai aucune prise de vue qui donne une idée de l’amplitude de cette manif ?

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