Le confort moderne

Il fut un temps obscur où les citoyens de ce pays tendaient vers une société ignoblement fraternelle, avec les mêmes devoirs et les mêmes droits, un peu comme en Corée du nord, mais en pire.

Le droit de ne pas crever de froid

Le droit de ne pas crever de faim

Le droit à la santé et à l’éducation

Avec

L’accès à la culture, à l’eau et aux transports

L’accès à l’énergie dans un système solidaire de péréquation.

On appelait ça la barbarie ou l’assistanat ou l’état providence, ce qui revenait au même.

C’était un temps archaïque où les services publics au service du public ne se souciaient hélas pas de savoir si le médecin était rentable, si l’instituteur était compétitif, si le curé lui était supérieur mais si la population pouvait vivre dignement dans une société plus ou moins égalitaire.

Bref, un temps cauchemardesque assez proche du goulag.

Il fut un temps rétrograde donc, où l’on considérait aveuglément, qu’ouvrir un lycée était plus urgent qu’ouvrir une prison, que loger les gens était préférable à les foutre sur le trottoir, que l’intérêt général confinant au communisme primait sur le profit individuel émancipateur de 3 appelés 2 élus.

C’était pas bien moderne tout ça.

Alors miraculeusement vint le temps de la civilisation.

Une civilisation supérieure qui enfin, indexa la dignité humaine sur les cours de la bourse, distribua des dividendes aux actionnaires gâteux de Miami grâce à de pertinents licenciements économiques, exploita méthodiquement les ressources naturelles de la planète pour en faire des profits immédiats, jusqu’à épuisement.

Un temps d’évolution et de progrès.

C’est ainsi que grâce à cette évolution fondamentalement humaniste, l’on vit des petites dames mourir de froid° après que GDF SUEZ, entreprise privatisant la chaleur et surévaluant les factures pour se faire de la trésorerie, leur eut confisqué les compteurs, l’on vit des chômeurs, brûler vifs à cause d’une bougie, après qu’EDF leur eut justement coupé l’électricité.

Cette civilisation supérieure donc, permit enfin à quelques milliers de rentiers méritants d’aller chouchouter leur Alzheimer dans des paradis fiscaux ensoleillés, tandis que 8 millions de ratés précaires, infâmes parasites sociaux mêmes pas français et si ça se trouve polygames, n’avaient ni les moyens de chauffer leur logement ni de nourrir décemment leurs gosses.

Bien fait pour leur gueule.

Bref il fut un temps ténébreux où :

GDF ne spéculait pas sur le cadavre de ses clients.

EDF ne cramait pas ses usagers

France Orange ne suicidait pas ses employés.

Les ministres engraissés par l ‘état n’osaient même pas traiter les chômeurs honteusement privilégiés, de cancer de la société.

Un comble !

Un temps sauvage où l’on avait ni le courage de s’en prendre aux plus faibles, ni d’attiser les haines, ni de désigner quelques boucs émissaires à la vindicte populaire, ni même de faire campagne sur des vraies valeurs véritables avec label de chez français.

Triste époque en effet, heureusement révolue, puisqu’aujourd’hui enfin, après avoir brisé tous les tabous et tous les archaïsmes, l’on peut faire crever les petites dames de froid dans la plus confortable modernité.

tgb


°merci à Celeste pour le lien

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

22 commentaires sur « Le confort moderne »

  1. Je vote pour tgb…
    L’affiche du président jeune pour une France moderne est à placarder sur tous nos murs… Beaucoup oublient (comme la mémoire est embrumée par la pub!) et sont PRÊTS à voter utile… C’est effarant ce que je peux entendre en ce moment…
    Petite erreur à corriger:
    « après avoir briser »

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  2. J’aimerais être vous et pouvoir écrire comme vous car tout ce que vous écrivez me semble traduire exactement ce que je pense mais hélas sans savoir le dire aussi bien. Merci.

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  3. c’est bien gentil et ça fait toujours plaisir à lire – quant à être moi pas sûr que vous le supportiez longtemps hihihi et pis chacun son talent, moi à part écrire à peu prés bien je ne sais pas faire grand chose d’autre 🙂

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  4. ah ben voilà ! c’est quand même le comble de démarcher les petits commerçants et de les solliciter pour l’achat du programme. En tant que client privilégié avec carte de fidélité je note néanmoins sur mon agenda.

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  5. super texte! merci pour la citation 😉
    sauf que mon blog est un peu à l’abandon…je me sens oppressée, étouffée et je n’arrive pas à écrire en ce moment alors je lis ( et ce n’est pas ce qui me remonte le moral) et je partage…
    ça peut paraître exagéré ou je ne sais quoi mais quand le monde va mal, quand je vois la souffrance, la misère, la bêtise, l’injustice gagner du terrain, je n’arrive pas à aller vraiment bien et les mots m’échappent!
    ils reviendront, ils sont toujours revenus mais là, c’est une période de latence
    Bonne journée

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  6. je connais ces moments là Celeste. Ces phases de saturation. Prendre un peu le large et se ressourcer est essentiel. Un peu de frivolité ne fait pas de mal. On ne peut pas porter toute la misère du monde sur ses épaules. Penser à soi est légitime. Je ne suis pas inquiet les mots reviendront en effet.

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  7. Il n’y a pas que des retraités gâteux à Miami! ce cliché oublie que cette ville est un meltingpot genial, et que des travailleurs modestes de la region viennent egalement profiter de la plage. Merci pour ce joli post nostalgique, qui me fait regretter le minitel.

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  8. Oups! ça c’est du bien envoyé, l’euro a bien chaud sur le gaz et moi je me caille en l’économisant, pour ne pas en être coupé complètement.
    Vivement le printemps que je vote (au 2°tour) pour toi et le retour des beaux jours, en préparant le Grand Soir !!

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  9. voter pour moi ça reste quand même assez facultatif – en revanche pour ce qui est du printemps ce serait pas mal de foutre de l’eau dans le gaz et à tous les étages encore

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  10. hélas, oui, il fut un temps où le peuple subissait les derniers outrages d’un Etat (prétendument « providence ») omniprésent qui voulait faire son bonheur malgré lui.
    Heureusement, ces temps sont bel et bien révolus et ne sont élus désormais que ceux qui le méritent, à l’image de not’ bon président, de son ministre de l’intérieur, ainsi que les ex, qui n’ont pas démérité eux non plus, et de tous ces hommes et femmes de bonne volonté qui prennent enfin à ces fainéants de pauvres, toujours prêts à tendre la gamelle sans lever le petit doigt, pour donner à ceux qui le valent bien.
    Bonne journée. L’avenir est radieux. Ou irradié. c’est comme on veut.

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  11. Voila un exposé qui devrait ètre affiché dans les écoles et les mairies !!!!
    Cela reflète parfaitement la Vérité . Merci pour votre article . Salutations .

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  12. Bien senti, ce billet – comme toujours !-]
    Eh, oui ! c’est ça la « rupture » !
    Tiens, ça me fait penser à une phrase, que je rumine en ce moment : « La bêtise rend méchant, et la méchanceté rend bête. »
    Toute la « philosophie » du capitalisme me semble contenue dans cet aphorisme – euh, à moins que ce ne soit un slogan que les gouvernements « modernes » (et leurs agents zélés) se font un devoir d’appliquer ?-D

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