Anesthésie locale

Contrairement aux peuples jeunes qui s’emparent de leur destin, se foutant heureusement de savoir si Ben Ali était en tête dans les sondages ou si Moubarak était populaire auprès d’un échantillon représentatif de la population, nous voilà tous, à nous indigner devant un résultat virtuel qui sent fort sa fabrication d’opinion.

La fille de son père tient la corde du pendu.

Et chacun d’échafauder son hypothèse, de tirer des plans sur la comète à partir de tendances parfaitement virtuelles, moi itou, dans le barnum éditocratique.

Qui décrochera la queue du Mickey présidentiel dans un an ? – Autant dire par les temps qui courent dans un siècle environ – alors qu’un véritable test électoral dont tout le monde se fout, se profile sous quinze jours et dont on pourrait tirer au moins quelques enseignements absolument factuels…

mais non.

Tous à touiller de cette bonne tambouille sondagière qui fait causer dans le poste à analyser de la conséquence plutôt qu’à en aborder les causes et prendre l’ombre pour la proie et le fantasme pour le réel.

Le symptôme ordinaire de cette société du spectacle s’excitant soudain au rebondissement dans le feuilleton calibré pour cerveau disponible.

Je ne dis pas que la blondasse de son père ne surfe pas sur une vague populiste qui se répand dans une Europe percluse de rhumatismes, se rétracte et fait sous elle. Qu’elle apporte de mauvaises réponses à de fausses questions et qu’elle prospère sur un malaise grandissant et les frustrations d’une population en plein naufrage.

Vieux réflexes épidermiques de crise qui fait depuis la nuit des temps prendre des vessies pour des lanternes et des halogènes pour des messies.

Je dis juste qu’il est une question toujours précieuse à se poser en ces circonstances :

A qui profite le crime ?

Et à cette question de base, je n’ai qu’une réponse logique. Certainement pas à la fille de son père mise à découvert et affublée d’un statut de favori bien inconfortable mais bien au vote utile. A ce vote civique et républicain consistant à serrer les rangs, à bien circonscrire le périmètre délimité et à voter fort démocratiquement en suivant les pointillés comme il en a été préalablement convenu par l’appareil général : soit UMPS.

Electeurs responsables mobilisez vous et votez raisonnable : Sarko/Dsk.

Oui, ce putain de vote utile qui exclut d’autorité toute alternative et contraint d’avance le spectre des possibles.

Le rêve éveillé d’Aphatie et ses frères :

Démocrate ou républicain

Pepsi ou coca

Faire l’économie d’un premier tour anecdotique

Bref, voter oui ou non dans la mesure ou seul le oui sera pris en compte.

Et ce, facilité par une gauche de gauche qui passe le plus clair de son temps à s’entredéchirer et à dilapider maladivement ses forces dans un clanisme désespérant.

Autant faire ainsi le deuil direct d’une révolution citoyenne par les urnes.

Ce que l’on perd en illusions, on le gagne en réalisme.

Au moins, pendant que l’on s’indigne ici les pays du sud font leurs révolutions.

Et si finalement l’indignation n’était rien d’autre que l’anesthésie de l’insurrection ?!

tgb

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

26 commentaires sur « Anesthésie locale »

  1. Personnellement, je prends très au sérieux cette alerte.
    On aura beau m’expliquer que ces sondages sont truqués, etc, etc…
    Je vis à l’extérieur, j’entends les gens, j’observe cette décomplexion lancée inconsciemment par l’UMP et ses sbires sans se rendre compte des retombées. J’écoute ces français qui se repaissent de Zemmour, d’élisabeth Lévy, de Brunet et de tas de réacs. Ils essaiment à la télé et à la radio où on pourrait croire qu’ils sont innombrables.
    Qu’importe nos vieux marxistes bobos complètement dépassés par les évènements, court-circuités par un langage qu’ils ne maîtrisent plus, se raccrochant vainement à un brave pépé Hessel un peu dépassé par son époque…
    Triste France… L’indignation de Hessel c’était la révolution croquignolesque des bande-mous…

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  2. le petit texte d’Hessel avait au moins le mérite d’exister et de créer un phénomène de société et vu les attaques qu’il a subi (surtout à cause de sa partie Palestine) de la part précisément de la Lévy et sa bande de pue la haine ça donnait un peu de sens. Maintenant bien sûr on ne peut en rester là et il s’agit de passer à la vitesse supérieure – bizarrement je ne suis pas inquiet, à court terme un peu mais à moyen terme c’est nous qu’on gagne à la fin, j’en jurerais.

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  3. @ tgb
    Ben, je NOUS le souhaite. 😉
    En tout cas, en ce qui me concerne, ma détermination n’est pas prête de fléchir même si on se sent tout petit petit face à ces torrents médiatiques qui promeuvent avec succès et constance la parole réactionnaire…

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  4. « une Europe percluse de rhumatismes, se rétracte et fait sous elle »
    C’est ça.
    Ça schlingue plutôt bien, nan ?
    Les lignes peuvent bouger quand il deviendra assez évident que les Ben Ali, Moubarak, Khadafi et autres « qu’on sort » étaient exactement des modèles de la finalité mêmes des néocons : une caste inamovible qui se gave, et une piétaille à gérer pour l’accomplissement des besognes communes …
    L’oligarchie mondiale actuelle est un synonyme de plus en plus transparent de l’aristocratie française de 1788, en gros …
    Stratégie du choc ?
    ce sondage de merde (pléonasme) peut être lu ainsi …

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  5. stratégie du choc oui je le vois bien comme ça L’institut Harris appartient à 51% à Marc Ladreit de Lacharrière, le patron de l’agence de notation Fitch, un pote décoré de Sarko

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  6. Complétement hors sujet mais pour distraire un peu, car moi aussi mine de rien les puanteurs qui nous empestent me foutent le bourdon
    Au moins dans ces temps anciens ça castagnait sec , syndicalistes, mafia , voyous , CIA le message était clair et on pouvait casser la gueule à son adversaire , maintenant je t’en fiche

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  7. elle va faire quoi ? remettre les réfugiés dans les rafiots avec Brunel ?
    Lepen en pédalo ça va avoir de la gueule

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  8. bataille navale en perspective et la Marine avec une bouée de sauvetage car mise à l’eau par les émigrés … mais n’empêche

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  9. Dixit l’anesthésié locale:
    « Contrairement aux peuples jeunes qui s’emparent de leur destin,……
    …pendant que l’on s’indigne ici les pays du sud font leurs révolutions…..
    ….si finalement l’indignation n’était rien d’autre que l’anesthésie de l’insurrection ?!
    Cocteau: « Le problème de notre époque, c’est que la bêtise s’est mise à penser. »
    Not Found: Je dois considérer que vous faites parti du « on ». Donc, pendant que vous vous indignez, le sud fait sa révolution. C’est bien, indignez-vous. Mais vous avez mal survolé Hessel. S’indigner n’offre que la prémisse individuelle à une véritable action commune. L’indignation à défaut du courage d’agir (et en attendant que ce courage vous effleure) demeure l’unique antidote à la reptation dans l’afFre-Rance d’après.
    Ensuite, où avez-vous remarqué de l’indignation? Je ne perçois qu’un fatras d’arguments pompiers casqué de la plus vulgaire et efficace sirène de l’oppression:La peur!
    Continuez les uns, à faire semblant de vous indigner, à insulter ceux qui assumèrent de véritables choix durant leur jeunesse. Continuez les autres à vous effrayer de votre fin du monde électoraliste. Cet immobilisme trahi une incroyable incapacité à assumer son destin, cette veulerie porte les marques de la trahison et de la collaboration, ce suivisme conservateur rassure et conforte l’autorité.
    Que vous ne soyez pas prêt à vous indigner, rien de nouveau. Mais de ce déficit d’INDIGNATION, ne poussez pas l’INDIGNITE à argumenter vos masturbations sur le dos de ceux qui, outre-méditerranée AGISSENT avec DIGNITE au péril de leur propre existence!

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  10. j’ai sans doute survolé Hessel (pour qui j’ai un immense respect) faut dire que ça se survole vite mais vous m’avez survolé aussi visiblement puisque précisément je déplore cet immobilisme – et je vous laisse bien volontiers vos jugements définitifs

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  11. Eh, oui, nous en sommes à être bercés par le chant des sirènes qu’on nous apporte sur un plateau: Brunel / La Le Pen: sur quelle galère serons-nous invités à souquer? Pas beaucoup d’options, les vedettes sont à droite, très à droite, à défaut d’être adroites – mais on ne le leur demande surtout pas, ça tombe bien.
    Et pour avoir une alternative viable, on va nous coller dans les pattes l’homme providentiel , le pirate DSK venu de loin tout auréolé de sabordages grandioses.
    La décadence.
    Mais, combien d’années de dictature, de corruption, de misère a-t-il fallu pour que soient chassés les Ben Ali, Moubarak et d’autres?
    Peut-être aussi que tout va s’enflammer à partir d’une toute petite étincelle.
    Qui sait?
    @Con-foundu: bel effort. Essaie encore …
    PS: je voudrais remercier vivement tous les leaders des forces de gauche pour le spectacle affligeant qu’ils et elles nous offrent en écho.

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  12. c’est vrai qu’objectivement on est mal on est mal mais bon la veille de la révolution les tunisiens égyptiens étaient bien plus mal que nous donc aujourd’hui n’est peut être effectivement que la veille sombre d’un jour splendide – faudrait quand même penser à faire plein d’enfants pour rééquilibrer la pyramide des ages

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  13. Ils sont mal en effet ceux qui d’une manière ou d’une autre s’intéressent encore aux gesticulations d’une classe politique qui n’a plus le moindre rapport avec ce qu’elle est réputée représenter.
    C’est le genre de représentation qui ne profite qu’aux membres de cette classe , que naguère on appelait justement la « classe dirigeante ».
    Cette classe là qui se résume à la médiacratie , et englobe les politiciens , leurs bouffons multimédiatiques et les mécènes qui tous les nourrissent, cette clique bruyante n’a plus rien d’autre à faire valoir que sa conscience de classe , dialectiquement opposable aux masses qui en sont exclus et qu’il s’agit précisément de dépouiller de toute conscience .
    La vie politique authentique émerge , se déploie , évolue … ailleurs.
    Des « anciens » retrouvent de la voix pour nous parler de solutions concrètes , de cotisation salariale et de répudiation de la dette , de la vie que nous pouvons changer , ici et maintenant :
    http://www.librairie-tropiques.fr/article-bernard-friot-l-enjeu-des-retraites-1ere-partie-62828843.html
    des « djeunes » démolissent avec la conviction d’une « force tranquille » les concepts les plus jalousement entretenus du culturo-mondain :
    http://levillagedesnrv.20minutes-blogs.fr/archive/2011/03/08/art-contemporain-le-concept.html
    Cessez de vous focaliser dans le réactif aux pantalonnades de fantômes déjà dessaisis du réel et de la vie, arrêtez de vous régler vos pendules sur « l’agenda » débile de ces guignols et de leurs médiateurs serviles et corrompus.
    Je vous affirme que « tout bouge autour de vous ».
    Les temps ne sont plus à la délectation morose et tout va se précipiter. le vrai était un moment du faux, mais le moment de récuser le faux est venu.

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  14. @urbain – mais je ne demande qu’à te croire même si en tant que cyclothymique j’alterne entre euphorie et déprime
    @yelrah – wahhhhh le fayot 🙂

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  15. Si on compte sur minet Zarka ou intello bobo Urbain, avec leurs sabirs jargonnants, pour nous jouer un remake du « Grand Soir », je crois qu’on peut attendre longtemps !
    Rires.
    Je crains que tu ne déprimes encore longtemps, tgb ! :DDD
    Faudrait déjà apprendre à nos révolutionnaires de librairie, bien propres sur eux, bien incapables de tenir un pavé entre leurs doigts manucurés, à écrire le Français sans guillemets inappropriés, sans charabia sociologique ridicule, sans formules pontifiantes creuses pour inciter le peuple à passer la vitesse supérieure !
    En tout cas, lire tes commentaires comme tes billets me procure, de sacrées crises de jouissance, tgb !

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  16. En attendant Minet Zarka ( sans doute avec Lordon comme partenaire en sabir jargonnant ) le 6 avril, quelques « anciens » (moins minets ), chez l’intello-bobo-urbain viendront jouer « les révolutionnaires de librairie bien propres sur eux » :
    Jorion le 24 : http://librairietropiques.free.fr/article.php3?id_article=353
    et Bouveresse le 26 : http://librairietropiques.free.fr/article.php3?id_article=351
    Et tandis que notre ami cuicui raclera la glèbe du quotidien de ses solides pognes calleuses de véhément prolétaire des blogs , nous saluerons de nos mains manucurées ( incapables de tenir un pavé ) : Thomas Sommer qui viendra le 6 avril présenter son livre et raconter son édifiante histoire :
    http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-La_flottille-9782355220326.html
    en compagnie des militants et organisateurs du prochain ( bateau pour gaza http://www.unbateaupourgaza.fr/ ) ,
    avec le renfort d’un autre bobo jargonnant et insignifiant révolutionnaire de librairie : Stéphane hessel qui viendra prêter main (manucurée) forte …
    à Adnane ben Youssef ( qui parlera du bateau affrété par les français pour la nouvelle flottille internationale : )

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  17. Nos problèmes viennent de ce que le capitalisme est une idéologie dépassée.
    Il devient parasitaire tout en nous profitant de moins en moins Il faudra bien s’en débarrasser; après tout ce monde n’a pas toujours existé, il peut disparaître contrairement à ce qu’on veut nous faire croire.
    Un député a dit à la télé que le capitalisme avait sorti un milliard de gens de la merde en leur permettant de manger.
    C’est vrai, mais il a aussi mis 500 millions d’européens dans la merde…

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  18. Ecrit par : urbain | 13.03.2011
    Ouf ! J’ai eu peur ! 😉
    J’ai pensé un moment que le le réacteur en fusion de Fukushima , conformément au syndrome chinois, avait déjà traversé le globe de part en part et avait jailli dans la librairie « Tropiques ».
    Dieu merci, notre ami Urbain est sauf !

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