Nicolas ou Nicolas ?

Pour le plus mauvais coach jamais désigné à la tête de l’équipe France, le plus vulgaire, le plus vénal, le plus inculte, le plus vantard et le plus incompétent « si, les événements (autour de l’affaire Anelka) rapportés sont exacts, ils sont inacceptables ».

Grâce au Nicolas suprême, sportif vagal de son état, qui nous révèle ici son sens aigu des priorités (faire écran au raout Villepinien) nous avons enfin une vision claire de ce qui, en ce pays, est acceptable ou pas et dans quel cadre de références scandalisées nous évoluons.

Au tarif donc de l’acceptable digne et classieux nous avons l’exemplaire Nicolas du « casse toi pôv’con » proféré lors d’un déplacement public et le Nicolas de l’inacceptable racaille « va te faire enculer sale fils de pute » bougonné dans un coin de vestiaire.

Pour synthétiser l’ info donc
, s’il est tout à fait acceptable en tant que ministre des finances de placer sa femme conseillère fiscale de la première fortune française et de toucher un pourboire électoral au passage, il est inadmissible en revanche d’en parler sur les grands médias contrôlés impunément par un pouvoir veillant expressément à la liberté d’expression footeuse.

Fort acceptable pour une pharmacienne devenue ministre de la santé de placer son fils à une place stratégique de lobbyiste médical, après avoir passé commande de quelques millions de doses inutiles de vaccin, mais parfaitement inacceptable de rembourser une liste toujours plus longue de médicaments creusant on le sait, le trou poilu de la sécu sociale.

S’il est absolument inacceptable de fumer un joint au risque de se retrouver en garde à vue, il est en revanche parfaitement acceptable de se carboniser 12 000 euros de barreaux de chaise au frais du contribuable.

Il est parfaitement inacceptable de profaner le drapeau tricolore, mais totalement acceptable d’envoyer 44 soldats mourir pour des clous atlantistes en Afghanistan ainsi que 11ingénieurs de construction navale pour solde de rétro commissions Pakistanaises.

S’il est accepté, en notes de frais publics la location d’un jet privé, le détournement d’un permis de construire tropézien, le prêt à sa famille forcément nécessiteuse d’un logement de fonction, la privatisation des jeux en lignes au profit des amis du Fouquet’s et autre fils Balkany, il est évidemment inacceptable de laisser quelque SDF survivre sous une tente au cœur de la capitale.

Parfaitement acceptable de cumuler retraites de députés, salaires de ministre, rétributions pour missions superfétatoires, mais absolument inacceptable d’avoir au terme d’une vie de travail, une rente décente à 60 ans…

Entre augmentation de salaires gouvernementaux, explosion vertigineuse d’argent de poche élyséen, caprices aquatiques de ministre de l’armée, chèque de 450 patates complaisantes à Nanard.com…la liste est loin d’être exhaustive mais, économiquement moralement politiquement acceptable. Il est en revanche rigoureusement inacceptable d’espérer, par exemple, 25 élèves par classe pour donner une chance à l’avenir et à l’éducation, dans un contexte d’austérité acceptablement relative et admissiblement arbitraire.

Tant que l’inacceptable des uns (Nicolas) et l’acceptable des autres (Nicolas) est accepté par les uns (Nous) et cautionné par les autres (Eux) il se pourrait qu’on continue longtemps à considérer comme acceptable de refuser, comme Anelka, de payer ses impôts en France et d’admettre comme inacceptable deux grognements du même Nicolas en sueur à la une sordide d’une presse racoleuse.

Heureusement oui que les médias toujours vigilants nous indiquent précisément où s’indigner et quand et nous servent opportunément du punching ball « nègre » et calibré, des fois que la colère populaire s’exprimerait au bon endroit et sur le Nicolas approprié.

tgb

illustration : évidemment Sempé.

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

23 commentaires sur « Nicolas ou Nicolas ? »

  1. On est bien d’accord mais … une fois qu’on n’aura pas accepté ( et naturellement on ne l’a jamais accepté ) , ça et le reste , y compris les provocations parfumées au ricard agrémentées de baston au bâton de berger ( teasing pour tes nouveaux potes) ) , on n’aura quand même pas bien avancé sur la voie du bottage de cul de zébulon et de son manège enchanté au prozac.
    Le grand « chantier » , le théatre des opérations, c’est en effet celui où tu interviens ( très bien ) : celui où « l’appareil idéologique » tente de liquider toute pensée critique susceptible de nuire au spectacle, la « ligne de front » est continuellement mouvante , mais nous y sommes et toujours plus nombreux à nous relayer .
    Mais la question n’est plus d’accepter ou non ce que nous avons toujours dénoncé, c’est comment le combattre, au delà de la dénonciation.
    La question « d’actualité » est celle de la formulation d’une réappropriation du terrain proprement politique : théorique et pratique .

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  2. ben je sais pas trop mais, par exemple, à voir l’équipe de France foutre le bazar, soutenir Anelka, envoyer paître son encadrement et partie pour s’autogérer tout en ne jouant pas le scénario écrit par les médias tout en dérangeant méchamment le story telling Elyséen ça me parfait une plaisante métaphore de ce qui pourrait bien se produire dans une France déliquescente gouvernée par une équipe incompétente corrompue jusqu’au trognon – ça pourrait bien être prémonitoire

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  3. Merci !
    D’autant que Pascal Praud rappelait les propos de Fink à savoir, nous sommes à un moment calamiteux de l’intégration échouée avec les banlieusards – Anelka, Ribeiry – et les français terrorisés … Le travail sociologique des journalistes sportifs est remarquable tant ils sont attentifs à l’inacceptable décrété par l’Elysée.
    Quoique tu as raison, l’énervement pourrait se jouer ailleurs pour les privés d’Equipe de France, dire que ça tient à moins de télé ;-)) (rire jaune)

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  4. j’ai copié ça oui :
    Pour le philosophe Alain Finkielkraut, l’atmosphère « empoisonnée » au sein de l’équipe, avec ses « clans » et « ses divisions ethniques » laissait présager un tel épilogue.
    ce type est un pur « salopeur » tout est bon pour exciter les foules – j’espère qu’un de ces jours il se bouffera un ballon pleine poire

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  5. Je suis pas trop sur de ça …
    Concrètement je ne vois rien à espérer de ce coté.
    Tout ce que demande le spectacle , c’est qu’on s’y intéresse , et en la circonstance qu’on joue ce jeu de cons, avec ou sans ballon .
    On voit bien, tu le soulignes fort justement toi-même et agathe de même, que ce qui compte c’est bien qu’il y ait des spectateurs .
    Toutes ces péripéties insignifiantes seront très vite oubliées, ainsi hélas que les choses sérieuses qu’elles occultes mais qui , pour les plus décisives d’entre elles , se rappelleront à notre « bon souvenir » avant longtemps.
    Cela dit, je suis évidemment entièrement d’accord avec toi et si ta « métaphore » peut en éclairer quelques uns , tant mieux.
    De toute manière cette ironie ne sera pas vaine si elle se généralise .
    ( or ce matin je jouais à bagatelle et tous en causaient , pour en rigoler et prendre le parti d’anelka , rassure toi )

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  6. NB : ce dont je ne suis pas trop « sur » c’est de l’effet positif d’une réappropriation « métaphorique » de cette affaire débile .
    En revanche, évidemment , pour ce qui concerne fin quelle croute : la messe est dite .

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  7. Baudrillard (qui était mon Badiou à moi) parlait des possibles et qu’une réalité même la plus improbable, le 11 septembre par exemple, n »était jamais que le surgissement d’un possible parmi d’autres possibles . J’ai l’impression qu’on pourrait avoir l’irruption de quelques possibles assez distrayants.

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  8. Hélas Baudrillard « a mal fini » , comme tu sais ( peut-être) …
    En réalité ce genre de raisonnement (très ancien en réalité et anciennement disqualifié ) , sans doute de nature à maintenir quelque espérance dans un avenir aux perspectives assez moroses, ne nous est pas d’une grande utilité pour saisir le réel et s’y impliquer.
    Tout peut arriver, sans doute, et même l’imprévisble le plus inattendu .
    Mai 68 en est un bel exemple .
    Et d’autres « possibles réjouissants » de cet ordre , des « évènements » comme dit badiou ( qui a un produit un système autrement plus consistant que feu baudrillard pour rendre ça intelligible ) , sont même certains .
    On ne peut pas pour autant construire grand chose sur ce genre de certitude, juste »rêver » , ce qui n’est déjà pas mal , je te l’accorde, mais peu émancipateur .

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  9. Ecrit par : tgb | 20.06.2010
    Ben, si tu as suivi, comme il semble, le « parcours » de baudrillard, je présume que tu comprends ( toi au moins ) à quoi je fais allusion .

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  10. Mais personne ne t’impose d’ingurgiter quoique ce soit, et si quelqu’un est à plaindre c’est sans doute toi.
    ça ne te suffit donc pas de t’être ridiculisé sue le village, il faut que tu en rajoutes ici ?
    Tu n’as donc pas ta dose ?
    Je doute que ce genre de niaiserie intéresse davantage les lecteurs de ce blog que ceux du village .

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  11. @ cuicu – oui je l’ai entendu comme ça j’ai même entamé mes lignes
    @ urbain – non je ne sais pas à quoi tu fais allusion et vu comme tu l’amènes je ne veux pas le savoir
    au final pour le duo vous arrêtez votre numéro ou je vous débranche – votre cirque me gonfle déjà chez vous et encore plus chez moi et c’est pas un scoop

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  12. Si tu savais à quel point ça me gonfle moi-même …
    Sinon pour les nicolas les évènements semblent pencher dans le sens de tes souhaits .

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  13. reviens autant que tu veux cui cui tu es toujours le bienvenu et tes commentaires sont toujours precieux mais de grâce lavez votre linge sale en famille –

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  14. C drôle je me faisais la même réflexion que toi tgb sur ce qui est acceptable !
    Ils se foutent de la gueule du monde vraiment ….et je suis polie !!! C’est cette infantilisation à outrance qui est inacceptable. A force de traiter les adultes comme des enfants ….

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  15. J’imagine que Badiou et Baudrillard n’ont pas connu le truc de la mouche et son corolaire ?
    Truc de la mouche :
    Quelque soit l’importance de l’activité que l’on pratique ( pensée profonde, partie de galipette profonde, boire profondément quand on a soif, etc…), il suffit qu’une misérable mouche se pose sur notre nez pour nous faire perdre pied.
    Corolaire :
    Il existe une multitude d’activités passives et à priori sans intérêt qui peuvent accélérer nos battements de cœur et nous maintenir dans l’illusion de faire parti de quelque chose.
    Exemple : les maillons d’une chaine ( Coluche ).

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