Quand la Savoie fera trembler Wall Street…

La victoire du N_VA (nouvelle alliance) parti indépendantiste Néerlandophone, du leader populiste et télégénique Bart de Wever, 29,5% aux législatives belges, au détriment de la communauté francophone, confirme le processus inquiétant de balkanisation en Europe.

Le divorce progressif entre la Flandre (60% de la population) et la Wallonie conduisant à un état confédéral en un premier temps puis au risque d’une partition de moins en moins hypothétique de la Belgique serait d’ailleurs probablement acté, s’il n’y avait Bruxelles capitale, géographiquement Néerlandaise, sociologiquement Wallonne.

Lorsque l’on voit la prise de pouvoir progressive de la Ligue du Nord en Italie dont l’axe politique essentiel est de se désolidariser du sud en jouant sur les égoïsmes, lorsqu’au même moment on constate les émeutes interethniques au Kirghizstan entre Ouzbeks et Kirghiz (une centaine de morts 1200 blessés), on ne peut que trembler à l’idée du retour des crispations identitaires, des replis communautaires et des montées du nationalisme, voire des régionalismes les plus frileux, les plus étroits et sectaires.

C’est donc paradoxalement, mais somme toute de façon assez logique, que, dans ce monde financièrement globalisé , ce pseudo village planétaire, ce vaste supermarché libre et non faussé, où circulent sans entraves, images footeuses, (allez les bleus, la marseillaise et le drapeau sanglant élevé) marchandises frelatées et pognon défiscalisé, mais pas les gens, que les populations sacrifiées à l’autel du dividende et de la compétitivité, retrouvent leurs vieux réflexes moisis du regroupement clanique .

C’est donc paradoxalement encore, juste après l’effondrement du mur de Berlin, que nous assistons à la construction de centaines d’autres murs géographiques, politiques, culturels et mentaux.

Vieux comme le monde, que ces automatismes pavloviens de temps de crise.
Vieux comme le monde que ce refus rétracté de l’autre, que cette peur de l’étranger, que cette haine du plus pauvre que soi, que cette stigmatisation du bouc émissaire devenant la cause simpliste de tous nos maux.

Vieux comme le monde que l’instrumentalisation démagogique par les pouvoirs des clivages et l’accentuation des divisions pour mieux régner.Car si les peuples, ethnies et communautés réunis ne se combattaient pas les uns les autres, il est évident que ces mêmes populations unissant leur énergie iraient demander des comptes musclés aux castes dirigeantes, au club népotique directement responsables des désastres économiques, écologiques et sociaux actuels.

Quand on voit le peu d’influence aujourd’hui des états, des nations, sur les oligarchies financières, on imagine bien alors, le pouvoir misérable qu’auront autant d’états croupions, confédérés ou pas sur les puissances bancaires.

En cet anecdotique 150ème anniversaire du rattachement de la Savoie à la France, l’activisme rance et pathétique de la ligue savoisienne (mouvement indépendantiste savoyard sclérosé) en est une illustration supplémentaire.

Quand la Savoie libérée fera trembler Wall Street…

Arvi pâ !

tgb

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

21 commentaires sur « Quand la Savoie fera trembler Wall Street… »

  1. Oui ! « En vers et contre TOUT  » :
    Le nazisme,
    le racisme,
    et même le fascisme !
    Et en vers et contre TOUS :
    Les nazis,
    les racistes,
    et même les fascistes !

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  2. Poète, oui !
    Mais pas révolutionnaire…
    ni mercenaire,
    pas sanguinaire,
    ni tortionnaire….
    Plutôt lunaire, voir débonnaire…
    Trois fois la même photo ?
    Est-ce mon côté pamphlétaire qui vous rend marteau ?
    Une seule couronne d’épine suffit,
    bien largement… pour un génie !

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  3. Oui, le fascisme (n’ayons pas peur des mots) se propage bien partout. La chasse aux étrangers (je préfère à l’Homme, plus juste) décrétée au niveau européen avait été précédé de messages fleurant bon le racisme ordinaire par les responsables gouvernementaux eux-même. Allez une bonne guerre, une croisade, au choix pour renouer avec la traditionnelle relance économique (sans les dents) mais les armes ?

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  4. Je ne suis pas d’accord avec tout ce que tu dis tgb…
    D’abord, étant Corse, je ne sais qui est le plus aliénant : de l’État centralisateur et oppresseur ou de l’entité régionale ?
    Ensuite, ce que tu appelles indûment la balkanisation de l’Europe est un fait parfaitement erroné : Historiquement, l’Italie, l’Allemagne, la Belgique etc ne sont pas de vrais états mais des entités artificielles. Tu le sais bien !
    En Europe, les seuls véritables États en temps que tels sont la France, la Hollande, les royaumes de la péninsule scandinave l’Espagne, l’Autriche, la Pologne, la Russie, l’Angleterre sans les Gallois, Écossais et Irlandais.
    Bon je vais arrêter là car je te répondrais avec un billet mais tout ceci pour te dire je ne suis pas sûr du tout que le morcellement des Nations profite au capital. Bien au contraire.

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  5. …je peux dire que je n’ai juste pas envie d’être française…?
    Je me sens belge, c’est une partie de mon identité.
    Sinon, je n’ai rien de brillant à dire; simplement: je ne sais pas si ça profite au capital d’une manière directe mais en tout cas: en exacerbant les « eux » et les « nous », effectivement, là ça sert le capital.
    Comment pourrait-on révolutionner quoi que ce soit fût-ce en tongs si on voit des « eux » partout?

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  6. Dans le même texte notoire (le manifeste du parti communiste de Marx en 1847 ) qu’en bon documentaliste j’ai transmis en lien dans mon commentaire du précédent billet , on trouvera des phrases de Marx comme :
    « Je suis un citoyen du Monde
    « Les travailleurs n’ont pas de patrie »
    Et assurément l’état nation , qui a correspondu à une étape bien précise du développement des sociétés , a initialement et longtemps coïncidé avec le développement du système économique capitaliste .
    Pour autant on voit bien qu’aujourd’hui la « dérégulation » de l’économie s’accommode bien mieux, et même requiert les « espaces économiques sans frontières » , où l’impotence des gouvernements va de pair avec la dilution de toute pensée et action politique dans la vaste soupe planétaire du marché mondialisé .
    Ce que tu observes, avec une juste inquiétude, n’est pas, le symptôme d’une résurgence des « états » , ni même des nations , au sens de « nationalismes » . C’est en réalité tout le contraire, le mouvement inverse, d’émiettement centrifuge communautaire , de repli « tribal » et « identitaire » , suscité par les effets désastreux de la crise dans un milieu social qui a désormais perdu ses « repères » de classes .
    Tout ça est le résultat de l’action opiniâtre de l’appareil idéologique , désormais mondialisé , au seul profit d’un système libéral contraint à la dilution planétaire du pouvoir politique pour échapper aux effets « locaux » du désastre qu’il a initié , et déposséder les individus de toute possibilité d’action concrète sur leur « économie de proximité » ( la monnaie , les services publics, la redistribution de la richesse par l’impôt et la solidarité , etc .) .
    L’idée simple, sous-jacente, est que le système doit atteindre une « masse critique » telle que son inertie globale interdit tout changement et toute inflexion de sa course folle vers la maximisation du profit , totalement « libéré » .

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  7. @ cui cui – excuse je change de titre « quand la corse fera trembler wall street »
    @ meriem – mais reste belge – rue affre s’honorera de compter la dernière belge officielle parmi ses lecteurs
    @ urbain – « emiettement centrifuge communautaire » – on est bien d’accord – ou atomisation parcellisation…

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  8. On pourrait le dire plus simplement : « diviser pour régner » ,
    mais cette description « tactique » ne rend compte ni de la stratégie ( de domination) ni du principe ( d’exploitation de tous par quelques uns ) ni surtout des déterminations essentielles qui sont idéologiques au sens que marx donnait à l’idéologie : la manière dont les individus comprennent les conflits sociaux où ils se trouvent engagés, et les mènent « jusqu’au bout » .
    Il est essentiel pour la domination de classe d’occulter précisément ce caractère de classe et de promouvoir les simplismes sectaires en tous genres : abolir tout lien social en favorisant tous ce qui sépare c’est le plus sur moyen d’affirmer le « marché » comme seul et plus petit « dénominateur commun » .
    Administré par quelques fédérations impotentes de bureaucrates et réduit à l’arbitrage de conflits tribaux localisés, le politique est ramené à « la gestion des contraintes » de l’épuisement des ressources et de la guerre généralisée « de tous contre tous » agrégée circonstanciellement autour de préjugés religieux et moraux , commodes et substituts de la réflexion politique .

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  9. Ecrit par : tgb | 15.06.2010
    Ton blog hérite d’un génie modeste.
    Je te le lègue.
    Sans rancune. 😉

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  10. Très drôle.
    Pour parler plus sérieusement, je pèse le pour et le contre des avantages et inconvénients de l’éparpillement de l’Europe en petits états et j’ai du mal à me faire une opinion tranchée.
    Les Méga Nations centralisées nées aux 18 et 19ème siècles n’ont pas donné de résultats probants, tant au niveau idéologique, social, politique, militaire, policier pour pouvoir les regretter…
    Ce qui pose problème c’est que ces groupuscules identitaires sont d’extrême droite. S’ils était de gauche, peut-être ne nous serions nous pas posés la question. Ou bien en d’autres termes.
    Ou même en terme d’espoir…

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  11. moi fondamentlement je suis libertaire donc moins il y a d’état mieux je me porte sauf que dans le contexte actuel je préfère un état republicain fort à une multinationale totalitaire – il est evident que le morcelement l’individualisation et la casse des collectifs est une stratégie déliberée – favoriser les intérets particuliers ou claniques ou corporatistes sur l’interet general ne peut que nous pousser à la cata

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