Ga bu zo meu (regarde la capitalisme tomber)

Et les Shadoks pompaient.

Ils pompaient l’argent des pauvres, ils pompaient l’argent des classes moyennes, ils pompaient l’argent des livrets A, ils pompaient l’argent des assurances vie.

Les Shadoks qui pompaient, possédaient pour tout vocabulaire quatre éléments de langage : « ga, bu, zo, meu » qui leur servaient également de chiffres. A partir de ces quatre monosyllabes de base, ils élaboraient des équations hyper sophistiquées que personne ne comprenaient ni ne maîtrisaient et qui faisaient toujours tout péter à la fin.

Pour pomper, les Shadoks avaient inventé une pompe à phynances, qui comme son nom l’indique pompait la finance. La pompe a phynance avait toutefois un léger inconvénient, elle faisait des trous ; des trous par ci des trous par là ; des trous privés qu’on bouchait avec des trous publics ; des trous publics qu’on bouchait avec des trous dans l’épargne populaire ; des trous dans l’épargne populaire qu’on bouchait en vivant à crédit ; des vies à crédit qu’on bouchait avec rien du tout.

On appelait ça le capitalisme. (GA)

Quand les Shadoks avaient pompé toutes les finances des entreprises et toutes les finances des petits actionnaires, les Shadoks pompaient alors les finances des services publics, puis les finances des retraites, puis les finances de la sécurité sociale, tout en faisant toujours des trous partout. Des trous qui aspiraient des trous, qui se nourrissaient de trous qui formaient un vaste trou noir dans lequel la finance se transformait en anti-finance.

On appelait ça « la crise » (bu)

Pomper la phynance comportait 4 phases

La phase 1 (Ga) – le pompage de la finance
La phase 2 (bu) – le gonflage de la finance 
La phase 3 (zo) – l’éclatage de la finance
La phase 4 (meu) – le siphonage de la finance.

Pendant la phase siphonage de la finance, les Shadoks faisaient passer la finance du point A (ta poche) au point B (la leur).  

On appelait ça « la rigueur » (zo) ou « l’austérité » (zo aussi)

Quand les Shadoks n’avaient vraiment plus rien de rien à pomper, ils se pompaient entre eux avant de se pomper eux mêmes. Ils s’auto-vendaient des créances pourries en s’auto-spéculant à la baisse. C’est ainsi qu’ils inventaient un produit nouveau « l’auto-subprime » qui les faisait devenir riches tout en les ruinant.

On appelait ça « l’autodéfinancement » (meu)

Les 4 mots de base se combinaient de toutes les façons possibles, mais quelque soit leur agencement, signifiaient toujours la même chose :

There is no alternative.(un modèle du genre)

Néanmoins, suite à une découverte linguistique récente et révolutionnaire, on pourrait tout aussi bien traduire «  Ga bu zo meu » par  :

regarde le capitalisme tomber

tgb

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

35 commentaires sur « Ga bu zo meu (regarde la capitalisme tomber) »

  1. L’équation shadokienne est assez juste dans la mesure où , mutos -logos , elle figure une formule bien connue ( la baisse tendancielle du taux de profit) qui a conduit à la « globalisation » et à la financiarisation actuelles, avec une phase présente particulièrement « paranoiaque critique » comme disait l’autre .
    Est-ce la chute finale …?
    Le capitalisme, du moins dans sa configuration actuelle (post-industrielle) , est effectivement en train de « tomber ».
    Mais on n’est pas « sauvés » pour autant .
    Et surtout cette chute « finale » sera douloureuse pour tout le monde .

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  2. @urbain – une rente en carottes patates finira par être très apprécié
    @yelrah – vous me conjuguerez Gabuzomuter à tous les modes et tous les temps

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  3. Ton équation est juste.
    Mais elle oublie deux (in)connues :
    – le Pan (dans la gueule) que nous allons prendre quand nous combattrons les mesures anti sociales que les pouvoirs ne manqueront pas de prendre pour sauver leurs miches et celles de leurs commanditaires à pognon,
    – le Boum, qui en suivra et en précédera le suivant Pan dans le peu gracieux pas de deux Contestation/Répression
    Car un jour prochain, nos dirigeants occidentaux retrouveront le chemin qui amène la troupe à tirer sur la foule. Les as-tu entendu appeler au calme en Thailande ?
    La chute sera brutale mais les dommages collatéraux.
    Aïe & Arf !
    Zgur

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  4. cet effondrement à plus ou moins moyen terme du capitalisme qui me parait dans sa logique intrinsèque absolument inévitable fera forcément des dégâts et je ne sais même pas si ce qui se mettra à la place dans les décombres sera préférable mais c’est bien de la logique suicidaire du parasite (type lierre) qui étouffe sa victime et finit par mourir avec dont il s’agit ici

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  5. Je vais finir par croire que tu recherches les éloges…lol ! cet exercice de style s’approche d’une certaine conception de la perfection que j’ai de la langue écrite. Pour le sujet une évidence à mes yeux, son interprétation reflète un esprit parcourant le chemin d’initié. Encouragements !

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  6. Sûr que cette forme d’échange soi-disant plus juste grâce à la monnaie s’est un peu enrayée voire dénaturée.
    Comme de passer du franc à l’euro, faudra bien qu’on se fasse une raison l’occident ne peut vivre éternellement replié sur un principe de vie qui est de fait imposé à toutes les communautés humaines de la planète.
    Nous sommes contraints de passer à un échange équitable pour tous en fonction de sa diversité culturelle et climatique. Une bonne entente commune commence par le respect de la différence de l’autre. Et ce système capitaliste compte un bien trop grand nombre d’exclus pour faire l’unanimité !
    Chaque chose en son temps; aujourd’hui le capitalisme doit se transformer en profondeur, retrouver une étique, un mode de fonctionnement adapté à la nouvelle conscience mondiale pour retrouver sa vraie raison d’être.
    Les échanges sont une bonne manière de fonctionner entre nous déjà qu’ils soient complémentaires et efficaces pour notre bien-être à tous ..

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  7. coopération oui compétitivité non que ce capitalisme productiviste courtermiste gaspilleur et cupide crève la gueule ouverte et avant moi encore que je vois ça

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  8. Bon, en même temps, Forbes édite un annuaire très bien tenu, pour le jour où l’envie nous prendra de leur demander des comptes.
    Faudrait seulement y songer un peu avant le fameux « pan » de Zgur, histoire de pas trop leur laisser le temps de filer.

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  9. la question essentielle est avec quatre éléments de langage misérables quand est ce que baverez ferme sa gueule

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  10. Ecrit par : tgb | 19.05.2010
    Ah ! S’il n’y avait que Baverez !
    Hier soir chez Taddéi sur FR 3, une belle brochette de débiles ! De Closet, Attali, De Menthon, Fabius à droite toute, et j’en passe et des pires…
    Taddéi est désespérément un homme de droite.
    Ce soir Badiou vs Finkielkraut. Je me coucherai de bonne heure…

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  11. diable j’ai raté ça – 4 d’un coup
    mais Baverez reste mon préféré avec sa compétitivité et son beau corps d’athlète fonctionnaire

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  12. Ecrit par : cui cui fit l’oiseau | 20.05.2010
    Pour échapper aux intellectuels de cour , et de droite , plutôt que la presse ( vautrée ) et les médias ( formatés) , vaut mieux fréquenter les livres et les librairies indépendantes :
    ce soir
    http://librairietropiques.free.fr/article.php3?id_article=285
    demain :
    http://librairietropiques.free.fr/article.php3?id_article=286
    et surtout le 8 juin :
    http://librairietropiques.free.fr/article.php3?id_article=291

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  13. Ga bu zo meu ?
    Ca me rappelle l’Hydre de Lerne, le fameux monstre à plusieurs têtes de serpent.
    Il propageait famine et misère en exterminant les troupeaux et en saccageant les récoltes.
    Si on parvenait à lui couper une tête, deux repoussaient à la place.
    De plus, sa tête centrale avait la particularité d’être immortelle.
    Malgré tout, Hercule parvient à le vaincre.
    Voilà, y reste plus qu’à trouver Hercule…

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  14. Maintenant TGB, il ne te manque plus d’élaborer un panégyrique d’Alain Badiou !
    J’attends ce moment avec une impatience mal dissimulée !

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  15. moi ce que j’aime beaucoup chez Badiou et comme chez Chomsky d’ailleurs ce sont leurs pulls. Il y aurait beaucoup à dire sur le look des universitaires – des gens qui ne se préoccupent pas de leur image à ce point là ne peuvent être que sympathique –

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  16. ben oui ça commence à déborder et il me faut déployer un trésor de diplomatie pour ne pas me faire embarquer dans cette tambouille –

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