L’embarras du choix

Ce que j’apprécie particulièrement dans notre exemplaire démocratie que nous aimons à exporter à coups de bombes phosphorées altruistes et civilisatrices chez les populations frustres et barbares, c’est notre système électoral et le choix infini de politiques diverses et variées auquel il nous convie.

Ainsi, de la Grande Bretagne où les électeurs de chez Rosbif pouvaient opter pour pas moins de trois candidats, délaissant ainsi un bipartisme un peu réducteur.

Profusion de choix donc, puisque loin de l’alternative, Coca ou Pepsi, ils pouvaient s’adonner à un candidat de droite thatchériste, un candidat de droite blairiste, ou un candidat de droite « bayrouiste » ; candidats certes d’accord sur à peu prés tout mais avec de subtiles différences dans les détails. Ne serait-ce par exemple que dans la couleur du libéralisme : bleu pâle, bleu ciel ou bleu marine.

Devant une offre d’une telle richesse et dans l’embarras d’un choix aussi cornélien, les électeurs britanniques ne tranchèrent donc pas et n’en choisirent aucun, voire tous.

Le peuple dans son extrême sagesse et à 70% avait parlé.

En ce qui concerne les élections régionales de ce week-end en Allemagne, rappelons encore la chance de la population teutonne de se voir offrir maintes propositions politiques allant de la droite bien droite à la droite moins droite sans oublier la droite toute droite. Sans me risquer à d’audacieux pronostics, il ne m’étonnerait pas que la droite gagne la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Land le plus peuplé et le plus dense, à moins qu’une coalition de droite light et de diet droite…

C’est ainsi qu’en Grêce également, l’électorat hellénique peut en toute liberté inviter au pouvoir et une fois sur deux, soit la famille de droite Caramanlis, soit la famille de droite Papaandreou et tâter tout à loisir d’un conservatisme libéral bonnet blanc ou d’un libéralisme social blanc bonet.

Libéralisme social qui plaît tant au marché d’ailleurs, puisque comme nous le montre l’Espagne ou le Portugal, rien ne vaut une dosette de socialisme pour mieux faire passer la pilule de l’austérité bestiale et de la privatisation FMI dans la toute complaisance syndicale inféodée.

Et voici que de surgir la pointe du museau du socialiste de droite DSK, patron du FMI, saluant auguste, l’attitude d’Athènes et tout admiratif du plan de sacrifices mis en place.

Et il est bien réconfortant de voir un socialiste appointé à 500 000 euros par an se réjouir d’une cure de rigueur faisant passer les salaires des pâtres grecs de 600 à 400 euros par mois. Ce permanent souci de justice sociale chez ce probable futur candidat de gauche de droite, ne peut que rassurer l’électeur dominical qui sommeille en chacun de nous quant à l’opportunité d’une alternance radicale.

Où l’on décerne bien ici la chance démocratique que nous aurons bientôt, de choisir entre la droite bleu UMP et la droite rose PS. Un DSK quand même autrement plus présentable et bien élevé, qui, à n’en pas douter ne pourra que jouir de la préférence du joli monde de la finance assez à cheval sur les bonnes manières à table. (quoique sous la table…mais c’est une autre histoire)

Tout ça pour dire que je plains O combien, les peuples ensauvagés n’ayant pas encore accès à la petite cabane au fond de la salle de classe appelée « isoloir » ; symbole orgueilleux de nos alternances politiques et de nos choix souverains.

tgb

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

29 commentaires sur « L’embarras du choix »

  1. il y a aussi ce qu’on appelle « le vote blanc » qui peut signifier « je ne suis d’accord avec aucune des alternatives que vous me proposez ». Ce vote peut sembler inutile de prime abord, mais imaginez un instant la tête de nos édiles si lors d’un scrutin, plus de 50% suffrages faisaient ce choix…

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  2. sauf que ce vote blanc n’est pas reconnu donc pas pris en compte donc pas comptabilisé – ils ne sont pas si cons

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  3. ça ne me semblait pas nécessaire .
    ( tant je ressasse mon credo abstentionniste comme seule position consistante en regard du système électoral oligarchique actuel )
    les votes « blancs ou nuls  » ne sont pas comptabilisés.
    seule une abstention massive permettra de forcer l’effondrement de ce système sur lui-même .
    Je peux te citer de nouveau Rousseau si tu veux , Marx et quelques autres … Chomsky par exemple , qui arrive à Paris .

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  4. Le nombre vote blanc est pris en compte en tant que tel lors du dépouillement, mais, c’est vrai qu’au final ces voix profitent au candidat ou à la liste qui a remporté le plus de suffrages.
    Le pourcentage de vote blanc est tout de même intéressant pour les professionnels de la politique, d’autant plus que ce vote présente l’avantage de dire les choses clairement, sans ambiguité : « je me suis déplacé spécialement pour vous dire qu’aucun des choix que vous me proposez ne m’intéresse ».
    A contrario l’abstention peut être mal interprété : « il faisait beau, les électeurs étaient exceptionnellement en week-end ce jour là, pas de chance… ».
    Bon ok, les deux points de vue peuvent se valoir …. mais je continue à penser qu’un bon gros + de 50% de vote blanc ….

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  5. Quand je te disais qu’on pense pareil !
    Sauf que :
    On pense peut être de manière identique simplement parce qu’en observant les évènements cela coule de source et qu’une certaine logique est respectée…
    Pas besoin d’être philosophe appointé chez Taddéi pour analyser une situation pourtant évidente.
    Beau texte, tgb. Tu fais un très bon avocat de la vraie démocratie.

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  6. @Urbain – en effet je connais ta position révolutionnaire par l’abstention mais j’y crois assez peu vu qu’ils remplaceront l’élection par un sondage opinion way nettement plus avantageux pour eux – ils peuvent être très créatifs
    @Nadia K – question philosophique – si mr Bulletin Blanc fait plus de 50% est il élu ?
    @Cui cui – un bon démocrate ? je ne sais pas – je ne suis même pas certain que je laisserai voter n’importe qui – le peuple est souverain mais il peut être très con aussi – en tout cas quand on n’a plus de choix dans les urnes autant ne plus organiser de simulacres – entre l’abstention le vote blanc le plus simple serait quand même de sortir quelqu’un incarnant une alternative même avec ses défauts ses imperfections – (j’ai bien un nom) mais même ça, ce minimum syndical là ne fait pas la petite unanimité du camp anti capitaliste explosé en 200 chapelles passant le plus clair de son énergie à se cracher dessus…
    le pire c’est que l’individualisme libéral a fini par être intégré par les alters…c’est un peu désespérant

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  7. @ tgb
    :+) Il ne s’agit pas là d’élection mais de démonstration a contrario : Plus de 50% des suffrages exprimés en faveur du bulletin blanc = la majorité s’est clairement et sans ambiguité exprimé contre TOUTES LES ALTERNATIVES proposés.
    Donc tous les politiques en présence sont officiellement discrédités, d’une manière tout ce qu’il y a de plus constitutionnelle, démocratique : Imparable ! Incontournable !
    Donc grosse remise en question du système mais tout en lrespectant les règles du jeu du système (on est pas des sauvages !).
    Donc obligation d’une réelle remise en cause, ouverture des débats et possibilité de reconstruire quelquechose de nouveau à partir de cette destruction toute symbolique (et sans morts).

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  8. Ecrit par : Nadia K. | 08.05.2010
    les bulletins « blancs ou nuls » ne sont pas comptabilisés …
    En outre ce qu’il y a lieu de contester c’est le principe représentatif lui-même , en tant que « par nature » contradictoire avec celui de démocratie puisqu’il consiste à « déléguer » ce qui ne peut l’être sans disparaître ( la volonté ).
    élections, piège à cons .

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  9. Je rappelle enfin que , juste retour aux racines grecques , d’actualité brulante , la démocratie athénienne,
    modèle de tout ce qui par la suite s’est revendiqué du principe démocratique de gouvernement,
    n’était PAS représentative .

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  10. Il faudrait remplacer le concept d’élection par celui d’érection.
    A chaque % d’érecteurs ou d »érectrices pour un candidat ou une candidate, un enculage avec un objet de ma conception que je dévoilerais le jour des érections.

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  11. Ecrit par : Henri A | 08.05.2010
    Il y aura un jour pour ça ?
    ( je serai curieux de savoir en quoi consistera la campagne érectile )

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  12. un p’tit billet sur dskkk dans un avenir proche serait super, car le gros sera en lisse avec le p’tit…..alors nos compatriotes crédules se jetterons d’autant plus vite dans la gueule du loup. le p’tit à côté de dskkk c’est de la rigolade !

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  13. Comment ça « gros » !?
    les spécialistes disent « fort » .
    Et lui se voit ( se veut) sans doute comme « puissant ».
    élections, piège à cons…
    ( naturellement)

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  14. Dans mon pays natal, la démocratie incarnée par les élections, c’est encore plus drôle: on n’a plus de gouvernement. Alors moi je demande: comment votent-ils des machins et des trucs pour le bien du pays? aucune idée mais ça tient. Je crois que les gens sont un peu des veaux quand même, et je me mets dedans.
    Je ne vote plus depuis un bout de temps en Belgique, alors que c’est obligatoire. De toutes façons, je ne risque pas grand chose…
    En fait, je ne crois pas qu’on puisse dire poliment: « Merci mais non merci » aux politiques, je crois même que ce n’est pas aux hommes politiques que j’ai envie de dire « non merci » mais au système.
    Je ne crois pas que si il y avait un type de belle et franche gauche à la tête d’un pays, il pourrait changer fondamentalement quelque chose. Il pourrait changer des choses, oui.
    Tu me diras, ce serait déjà ça…
    tgb, j’aime ton texte, comme d’hab quand tu es énervé avec des mots bien rangés pour claquer.

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  15. @sera – je fais un dossier sur l’animal en question – je le sortirai en temps et en heure
    @meriem – ben oui mais ton pays natal n’existe bientôt plus – nous vous accueillons chers Wallons à bras ouverts et vos cinéastes auteurs surréalistes chanteurs…(sauf Annie cordy et johnny, mon pote Arno oui oui ) entarteurs acteurs peintres.. – désolé quand même de le faire sous le nabot que pas plus vous que nous ne méritons DSK non plus d’ailleurs
    je suis né enervé donc faire claquer les mots ça m’est naturel ‘presque’ 🙂

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  16. tgb, naaaan, pas française, je veux rester belge ou wallonne, à la limite!
    Mais où tu as vu que la Belgique allait disparaître? c’est des belges, ils peuvent vivre en plein surréalisme, c’est même la base!
    J’aime bien ce pays de dingue. Et personne ne demande le rattachement à la France (enfin si mais ils sont 12)
    Je suis chatouilleuse à cet endroit-là!

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  17. bon ben puisque c’est comme ça c’est moi qui suis déjà Grolandais qui vais demander ma nationalité belge

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  18. Ouaip… moins drôle mais, certes, plus substantiel.
    Y s’rait pas prévu dans l’casting du « Mammuth » de Délépine, l’animal ? (petite réflexion… histoire de rebondir sur du « Gros landais » )

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  19. prolongeons donc le principe d’Equivalence de Fillou : Bien Fait = Mal Fait = Pas Fait par « ni fait ni à faire.’

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