Les tartuffes de l’info

Epluchez bien vos quotidiens préférés, vos journaux de révérence, vos sites d’infos estampillés  « de gauche ». Scrutez le Monde, Libération,  Rue89, vous n’y trouverez rien, pas une ligne, pas un mot, sur les fosses communes de Colombie, sur les 25 à 50 000 cadavres d’Uribe et de ses copains para militaires, sur les syndicalistes, leaders d’opinion et autres paysans enterrés à la va vite dans les tombes macabres de l’ami Américain.

On vous parlera des Farc, sanglantes forcément, de ces dangereux terroristes narco trafiquants à la solde évidemment du « populiste » Chavez. On vous brodera jusqu’à la nausée de la Sainte Ingrid Betancourt en voie de canonisation pipole, on ne vous dira rien, ni des milices privées ni des massacres clandestins des autorités colombiennes.

Que Chavez ose demander par référendum un changement de constitution pour se présenter à un troisième mandat et toute la presse occidentale  doigt sur le pli du pantalon hurlera, au coup de sifflet du chef de gare, à la dictature Bolivarienne. Qu’Uribe modifie sa constitution dans le même but, et vous ne trouverez pas un entrefilet dans votre presse libre, indépendante et autrement plus sérieuse que les blogs orduriers, pour s’en étonner.

Que le président d’un Venezuela dont 99% des médias appartiennent à des groupes privés et en guerre permanente contre le pouvoir ne renouvelle pas la fréquence d’une chaîne de télévision appelant ouvertement au coup d’état et toutes nos grandes plumes outragées de dénoncer l’atteinte intolérable à la liberté d’expression.

Qu’Evo Morales, réélu avec plus de 60 % des voix, ne dispose d’aucun média en Bolivie, que toute la presse en opposition appelle à la sécession et à l’émeute, que le premier journal du pays titre à son propos et à l’occasion d’un de ses voyages à Santa Cruz : « Le singe est en visite », pas un journaliste ici, ne vous l’évoquera, en revanche on vous abreuvera d’un Morales anti-démocrate, porte flingue du « sinistre » Hugo.

Oui, vous trouverez dans le Monde vespéral, les délires d’une certaine Audrey Fournier dénonçant des propos de Chavez affirmant que les États-Unis auraient provoqué le séisme en Haïti, sans en apporter ni la preuve, ni la source. Oui vous lirez régulièrement la propagande compulsive de Paulo A. Paranagua, qui tel un métronome revient servir sa soupe anti-Chavez, que déguste avec de grands slurps, le boulimique atlantiste  Adler qui sait si bien faire le tri entre le gentil Lula et le méchant Hugo.

Qu’un Chicago Boy, plus grosse fortune du pays, enrichi de façon trouble sous Pinochet, possédant banque, club de foot, télévision, gagne les élections et vous aurez un obscur Michel Faure sur Rue89 pour s’extasier de la maturité démocratique de la société chilienne, mais qu’au Honduras on assassine tous les jours des opposants politiques, ne risquera pas de lui arracher le moindre sang d’encre.

Qu’Israël monte un plan de comm compassionnel en Haïti avec ses blocs opératoires pour se refaire la cerise médiatique rapport aux crimes de guerre à Gaza, et aussitôt mille reportages de fleurir, admiratifs et compatissants. En revanche que 344 médecins cubains soignent la population haïtienne au quotidien depuis des années et vous ne trouverez pas un articulet pour l’évoquer.

Ce qui est pourtant admirable, c’est qu’aucun journaliste, aucun média n’ait jamais été poursuivis, ni au Venezuela, ni en Bolivie. Ce qui est vraiment gerbant, c’est de constater ici, que des médias inféodés au pouvoir, se permettent de déontologiser en rond tout en se faisant complice d’intox et de manipulation.

Et je vous le dis comme je le pense, si par quelque miracle, je me retrouvais à la tête de ce foutu pays, une chaîne qui considère ses téléspectateurs comme du temps de cerveau disponible, serait immédiatement interdite et sans autre forme de procès.

Abrutir l’autre pour lui  extorquer de l’argent, l’infantiliser, le désinformer, est au mieux, une escroquerie, au pire une forme avancée de totalitarisme. La lobotomisation est un crime contre l’humanité.

Je n’aurai ni la grandeur d’âme, ni la patience indulgente de Chavez ou Morales.

En attendant on tue au Honduras et en Colombie dans l’impunité générale et le silence radio. Qu’importe, l’ordure, du moment que c’est la nôtre.

Les journalistes qui dénoncent le canif de Chavez en fermant les yeux sur les mitrailleuses d’Uribe sont des salauds. 

tgb

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

18 commentaires sur « Les tartuffes de l’info »

  1. Ingrid Betancourt, ce qu’elle n’a pas dit !
    Une famille Colombienne dans les rouages de la politique française
    Les Français voient la Colombie et ses habitants à travers le prisme qu’Ingrid Betancourt a eu l’audace d’imposer par son livre « La Rage au Cœur » et à travers les différentes émissions auxquelles elle a participé. Sa famille et les comités Ingrid Betancourt ont amplifié le message et les médias ont suivi sans oser s’écarter de cette vision. Cette vision correspondait parfaitement à l’idée de liberté pour laquelle les Français se sont battus. Les médias n’ont pas osé vérifier si ce qu’Ingrid racontait correspondait à la réalité. Elle, avec son air fragile, parlant parfaitement le français, a compris comment rédiger son livre pour les émouvoir. Eux qui ont toujours rêvé d’une héroïne, d’une femme demi-déesse, sont tombés sous son charme. Ingrid montre qu’elle s’est battue seule contre le monstre colombien à multiples têtes : la corruption, la drogue, les gouvernements, la mafia… une femme hyper menacée qui devait se déplacer avec des gardes de corps. Les Français se sont émus de l’honnêteté qu’elle dégageait sur les plateaux de télévision.
    Sans sa séquestration, Ingrid serait passée inaperçue, son livre aurait été oublié rapidement. Peu à peu, de femme fragile, elle est devenu héroïne. Sa libération a constitué une « affaire d’Etat » pour le gouvernement de Chirac et celui de Sarkozy. Pour ce dernier, la libération d’Ingrid était une affaire de « vie ou de mort », une priorité, presque la priorité des priorités, qui devait passer devant toutes les affaires de la France.
    Au point de vue politique, économique et social, la séquestration d’Ingrid a été fatale pour la Colombie. Ses relations avec l’Europe ont été perturbées.
    A la parution des livres « Out of Captivity » des trois Américains et « La Captive » de Clara Rojas, les gens doutent du traitement peu élogieux fait à l’égard de l’Icône français. On se rend compte que l’histoire d’Ingrid a commencé en France seulement à la parution de son livre en février 2001. De sa vraie vie politique ou de son caractère, les gens connaissent peu ou rien. Les auteurs français qui ont écrit des livres sur elle se montrent réticents à croire qu’elle ait un côté sombre. Ils n’aiment pas que l’on casse l’image qu’ils ont construite.
    L’auteur a consulté plus de 4.000 documents et a décortiqué pas à pas la vie politique d’Ingrid Betancourt, sa séquestration et sa libération. Il montre les implications politiques de la France pour sauver une femme colombienne et l’ingérence de sa famille dans les affaires de ce pays.
    http://www.hermes-editorial.com
    info@hermes-editorial.com
    ISBN : 978-2-9600889-0-8

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  2. Question armes de désinformation massive on est vachement bon quand même ! Je pense que tu devrais avoir un minimum de respect face un tel savoir faire, plutôt qu’encenser des espèces d’Indiens qui font rien qu’embêter nos cow-boy depuis 5 siècles .
    Keski disaient déjà à Valladolid ….

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  3. Excellent ! Applaudissements nourris et d’ailleurs tout est tellement bien dit ! Je partage tout.
    On s’offusque car le monde doit rester dans l’état où on le met …

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  4. Deux poids, deux mesures, deux traitements de l’info : la balance ne penche plus d’un côté, elle a carrément basculé à force de partialité. C’est salutaire de le rappeler.
    Et aussi :
    « Si par quelque miracle, je me retrouvais à la tête de ce foutu pays, une chaîne qui considère ses téléspectateurs comme du temps de cerveau disponible, serait immédiatement interdite et sans autre forme de procès. »
    Tout pareil. Heureusement qu’on a pas le pouvoir, hein ?
    🙂

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  5. Je te recommande les allusions de Bosteels à Garcia Linera , dans les actes du colloque de londres ( sur le communisme).
    Le genre de chose dont nos élites de goche surinformées n’ont sans doute pas la moindre idée ( à part mélanchon, semble-t-il ).
    Il se passe des choses en amérique … du sud .

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  6. La drogue est également un crime contre l’humanité, pas de pitié pour ceux qui la répandent, même si ça finance je ne sais quelle résistance.

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  7. @jbb- si si on devrait juste une semaine pour rigoler on se ferait inviter chez pernaut pour lui mettre des gifles en direct et faire trés trés peur à son public incontinent juste avant de nationaliser TF1
    @urbain – merci je fais partie de ces gens qui n’en ont jamais entendu parlé – melenchon est un des hommes politiques les plus cultivés – pas trés difficile en fait
    @Fran – la coca en amerique du sud est un produit culturel vital pour les indiens ça soigne tout et la faim – la coca n’est pas la cocaine ils ne sont pas responsables de la transformation et spéculation faite à partir de leur plantes traditionnelles

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  8. ben voilà un témoignage direct d’une voyageuse andine – et ça se mâche d’ailleurs à Machu Picchu (celle là aussi est trés facile je sors)

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  9. Heureusement, on peut trouver une autre info….
    Faites vous plaisir, écoutez ça et faites circuler….
    Bonne journée!

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