Lettre motivée d’un convoyeur de fonds

Cher Loomis,

C’est d’un joli paradis fiscal tropical que je vous écris cette petite bafouille ensoleillée pour m’excuser d’avoir du emprunter votre fourgon blindé quelques instants, le temps d’une affaire pressante.

Rassurez vous, si je l’ai effectivement allégé de la trentaine de caisses qui l’encombraient, ainsi que des 11 millions d’Euros malencontreusement glissés à l’intérieur, j’ai pris bien soin, et c’est la moindre des courtoisies, de refaire le plein d’essence et de glisser les clefs sous le siège conducteur.

Cher leader Français du transport de fonds de mon cœur, symbole de l’excellence, je tenais à vous remercier pour votre chaleureux management « à la suédoise », à savoir être traité à peu prés comme un chien, votre culture d’entreprise unique consistant à finir éparpillé façon puzzle pour 1300 euros brut par mois ou suicidé orange et votre fine éthique, basée sur l’intégrité et la confiance, j’en suis aujourd’hui, une Margharita à la main, le témoignage vivant.

Je tenais également à rendre un vibrant hommage à la manière exemplaire dont vous avez su faire preuve, au coeur de votre métier d’expert de référence, pour votre gestion des ressources humaines et autre chair à canon, et votre sens inné du service auprès de votre clientèle bancaire à parachute doré sur tranche.

C’est d’ailleurs, je dois bien vous l’avouer, à force de voir convoyer les bonus de ceux qui ont déjà tout par des loufiats en sursis qui n’ont droit à rien que j’ai décidé à l’unanimité de moi-même, de m’octroyer cette prime de fin d’année que vous m’aviez si gentiment refusée.

Veuillez également transmettre à mes collègues de Sécuritas de la Brink’s et autres entreprises de coffiots ambulants, que, s’ils ont envie (et les couilles) de troquer leur vie de merde pour une vie radieuse et opulente, il suffit d’un peu de logistique et qu’au prochain carrefour ils prennent à gauche, plutôt qu’à droite.

Qu’ils cessent également de jouer au loto comme des cons. Inutile d’attendre la bonne fortune du ciel quand on a le cul sur un tas d’or.

Enfin, je vous signale, histoire de pas vous faire perdre un temps précieux, que le cachet de la poste figurant sur cette carte postale ne fait pas foi.

Quand même pas si ballot.

bien à vous

un convoyeur de fonds en tongs.

tgb

Photo D.A

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

18 commentaires sur « Lettre motivée d’un convoyeur de fonds »

  1. @ cuicui – on va dire que pour une fois ça se termine bien – enfin on lui souhaite
    @ henri A – c possible disons qu’il y a eu quelques accrocs à la procédure ne voyons pas le mal partout hihihi

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  2. Ecrit par : Henri A | 06.11.2009
    Il est marrant Henri A. Son blog est rempli de 3 billets et comporte 300 liens.
    Singulier blog !

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  3. M’ouais, ça fait vous fait rêver ?
    Moi, je dis qu’on a quand même affaire à un petit joueur.
    Par exemple, en 2007, M. Arnaud Lagardère a touché 330 millions d’€ de revenus « du patrimoine » (des dividendes, quoi), plus 3,3 millions d’€ de revenus « d’activité » (sièges dans divers conseils d’administration). Tout ça sans avoir besoin de fuir, de se cacher, de changer d’identité…
    Soit 300 fois plus que votre voleur de tirelire à roulette. Là, je dis chapeau !

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  4. @ cui cui – mais c’est qu’ Henri est un personnage singulier précisément
    @ Emma Prilatete – petit joueur oui mais joueur quand même tandis que le petit Lagardere ne joue pas il achète les matchs c »est quand même moins flamboyant

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  5. Ben celui là , il aura échappé de justesses au grand débat qui nous gonfle sur l’identité nationale, son identité , ça sera ses millions d’euros pas gagnés pour une fois à la sueur de son front dans des transports à risque , mais bien dans le profil capitaliste de notre époque , un max de fric en peu de temps et pour le reste , c’est pas son problême

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  6. @ fran – c’est exactement ça bien vu c’est bebel au meillleur de sa forme – le casse !
    @ françoise D – un max de fric en peu de temps – finalement oui c’est ça qu’on aime le contraire du travailler plus pour gagner plus

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  7. tgb : J’adore ! Et surtout j’espère que c’est la stricte vérité qu’il sirote sous les cocotiers, la crainte c’est toujours que ce pactole finisse dans les caisses pour le financement électoral. C’est souvent le cas …

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  8. comme dit un de ses collègues ‘il est loin ou au fond du rhône ‘
    cela dit comme ce coup n’est qu’un vol il risque 3 ans de prison maxi…pour le financement electoral faut demander à Pasqua

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  9. quand ch’srais grand ch’srais convoyeur !
    Parce que j’ai jamais eu de sympathie pour le recyclage de flics et de vigiles mais là, vraiment, le type m’est sympathique et c’est pas pour de basses raisons chauvines.

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  10. quand ch’srais grand ch’srais convoyeur !
    a deux a deux balles de l’heure
    j’partirai avec la caisse
    et je laiss’rai pas d’adresse….

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  11. C’est louche, il parait que le gus roulait déjà dans une voiture au-dessus de ses moyens ,bref menait pas la vie classique du bon convoyeur de fonds fidèle et pauvre qu’on attendait de lui :
    Scénario:
    le gars a pu être approché depuis un temps certain par la mafia et si ça se trouve, il a marché ou il a été forcé et il est peut être déjà liquidé, encastré dans le pylone en béton d’un pont sicilien !!

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  12. ah ben dis donc Françoise tu tiens absolument à nous remonter le moral – c’est en effet curieux cette histoire de Ferrari mais si c’est la mafia ça m’étonnerait quand même qu’elle lui ait fait une avance sur recettes – surtout que c’est pas discret « un cheval cabré » – m’est avis qu’il bricolait déja un peu le gus bon peu importe il est le héros du net il est symboliquement notre revanche sur les banques on veut tous que l’histoire se termine bien et même si l’histoire est trouble on va faire comme si elle était claire – et que David avait terrassé Goliath

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  13. Clair, on veut tous y croire. Pour une fois qu’il y a un gentil malin qui nous venge tous, on va pas se laisser démoraliser par la première Ferrari venue.

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