Leurre d’été

Je rentre de la plage , serviette autour du cou, slalomant léger, sur ma honda XL, une antiquité remarquable, dans la vieille  ville  thermale où j’ai grandi  ainsi qu’une célèbre présentatrice pipole  de JT à temps de cerveau disponible.
Star locale.

Lumière d’aout ; 17 heures ; un peu d’herbe au compteur ; soleil  accablant.
Un moment deux flons  flons à mes oreilles ;  je m’arrête ; le thé dansant du casino ; ambiance nostalgie  froufroutante : j’adore  – sous les platanes, apero musette ; un peu kitch, un peu chicos, genre les curistes s’amusent et s’encanaillent  ; délicieusement ringard . Les plus aisés consomment attablés, les plus pauvres ou les plus radins, rangés autour sur des bancs, ondulent par procuration . C’est la lutte des classes balnéaires.

Quelques dames coquettes, élégantes,  veuves ou divorcées cherchent fortune, quelques vieux beaux à gourmette, chemise blanche  col ouvert, jouent les tombeurs. Deux ou trois gigolos  kiffant sur leur maman font dans le taxi boy, quelques couples dansants adorant danser valsent joliment ;  tout un univers.

Ambiance les yeux noirs sans Mastroianni.

Tout à l’économie, JP, le chanteur, assure l’orchestre à lui tout seul. Il croone, pas si mal sur de vieux standards diffusés à la chaîne par une mauvaise sono. Dans un coin, à l’écart, une dame sexagénaire,  avec une jolie  robe noire à volants rouges,  nous gratifie  d’un solo inspiré  par « my way » versus Jean Pierre Sinatra. Seule au monde elle s’éclate, dans une chorégraphie  toute personnelle  à la fois pathétique  et fascinante.  Une partie de l’assistance  complimente.

Attendrissant comme tout.

Je matte le thermomètre numérique de la municipalité  sarko-moderne de Gnangnan les Bains : 40 degrés au soleil . Pétard !!!

Je donne un coup de kick en tong et je m’éloigne  sur ma bécane dans la fournaise  des rues quasi désertes.  Je retourne chez moi, sous les arbres, dans mon village  de pré montagne, bientôt transformé en banlieue .

A un feu rouge, j’attends sagement à l’ombre.  Un moment je me vois comme dans la ballade  de Moretti en scooter dans Rome mais sans Rome (journal intime). Devant moi, un coupé Audi blanc avec une belle  brune au volant. Je la suis.  Sur un dos d’âne, je la double.  Je lui jette un regard souriant qu’elle ne me rend pas.

Sale bêcheuse, je me dis, en accélérant à donf, voyant s’évanouir la frimeuse dans le rétro avec l’été en prime.

tgb

Photos  D.A

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

17 commentaires sur « Leurre d’été »

  1. « je me dis, en accélérant à donf, voyant s’évanouir la frimeuse dans le rétro  »
    Euh lui ! En XL !
    Mouarf …

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  2. @ yelrah – on ne se moque pas de ma XL je suis extrêmement susceptible rapport à ma petite et courageuse vroum vroum remisée au garage snif
    @ meriem – et encore avec un peu de fumette c’est mieux

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  3. XL, si mes souvenirs marchent encore, c’est un tout petit gromono 125 4tps, ça, nan ?
    Dis rien, Yelrah, dis rien …
    🙂
    Ça sent drôlement la fin de règne, tes vacances, tgb.
    Presque du Tchekov…

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  4. Ooops. C’est la première fois que je commente chez toi, tgb, et je fus même point foutu de m’autorthographier komifo.
    Bref, c’est Chompitiarve, voilà, c’est dit.

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  5. Hé oui Lény, tgb, malheureusement on a inventé l’expression « se faire baiser », comme si… comme si c’était ça.
    Remarque des fois ça peut être ça.

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  6. @ meriem – y’a des chances
    @ henri – ben j’aurai appris quelque chose aujourd’hui mais sur que des fois on te suit pas si haut henri

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  7. Excellent ! Franchement merci. Belle plume décidément.
    Je suis entre larme & colère.
    Un soupçon de nostalgie aussi avec en plus un quasi fou rire ce qui ne gâte rien. Oui, je suis un garçon sensible. Les mots me parlent.
    Non non je ne fume que des blondes, je le jure sur Hadopi !
    Beau texte.
    La rentrée sera chaude.

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  8. « Non non je ne fume que des blondes, je le jure sur Hadopi ! »
    avec une signature pareille H…on se demande
    mais merci pour les compliments

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  9. C’est écrit, c’est très joli et j’arrête sinon tu devras mettre des chaussettes de contention dans tes tongues et là adieu les brunes, les blondes … ;-))

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