Zorro et le sergent Garcia

Selon le rapport annuel des violations des droits syndicaux de la Confédération syndicale internationale (CSI), 76 syndicalistes ont été assassinés dans le monde en 2008. Si le nombre est en baisse par rapport à 2007, il est toujours en progression en Colombie. 49 assassinats chez le sinistre Uribe, malgré les assurances d’amélioration données par le binoclard fascisant Alvaro.

Comme quoi il vaut mieux être Sainte Thérèse de Bitancourt de la jet set Paris/Ibiza/Bogota victime mondaine des très « sanguinaires » Farc – couteau entre les dents – coke plein les gencives – que le François Chereque Bernard Thibault, que l’Evo Morales local, luttant contre les para militaires et les firmes spéculatives mondialisées.

Au Pérou, l’Evo Morales local s’appelle Alberto Pizango.

Leader de l’Association interethnique de la Jungle péruvienne (AIDESEP), collectif indigène représentant 65 groupes ethniques 1.300 communautés, 600.000 indiens sur 28 millions de Péruviens, il est réfugié aujourd’hui à la mission diplomatique du Nicaragua à Lima fuyant la justice expéditive du président Alan Garcia.

En effet depuis deux mois, l’AIDESEP proteste et organise des blocus ponctuels de routes, oléoducs ou fleuves dans le nord-est amazonien pour dénoncer les décrets-lois du très corrompu Garcia, favorisant l’exploitation hydrique, forestière et minière, bref la dévastation de la forêt amazonienne et accessoirement des territoires indigènes.

Résistance pacifique jusqu’aux affrontements violents du 5 juin dernier où la police du sergent Garcia tenta de déloger à coups de flingues, les barrages civils des autochtones.

Bilan : 25 policiers, 9 Indiens morts selon les cow-boys, l’inverse selon les indiens.

Rappelons que Garcia, dernier vestige droitier avec Uribe en Amérique latine, grand amateur de crise économique, son premier mandat (1985-1990) avait plongé le pays dans un marasme spectaculaire, s’appuyait lors des dernières présidentielles sur le slogan : « Aidez-moi à construire un Pérou plus juste »

On voit que c’est bien parti.

Qui pourrait bien se soucier en effet du scalp d’un peau rouge, syndicaliste qui plus est, au pays des grands propriétaires terriens et des compagnies pétrolières internationales ? certainement pas le peau vert de la tribu BOBO, Cohn-Bendit dont on attends toujours une vive réaction, certainement pas non plus l’héliporté de chez Pinault simple fric, dont on peut attendre longtemps une photo de cadavre indien.

Sauf qu’aujourd’hui dans l’Amérique Bolivarienne de Chavez, les amerindiens ont des frangins qui leur ouvrent l’asile diplomatique et ça change tout.

Car s’il est un espoir de changement quelque part, c’est bien ce retour de l’indianité et de leurs représentants, luttant pour recouvrir terres, droits et maîtrise de leur destin et arrachant peu à peu les pouvoirs exorbitants des mains des colonisateurs. Une juste revanche sur le génocide indien.

Enfin, notons au passage, que le groupe pétrolier Shell, accusé de complicité, après l’exécution de neufs militants des droits de l’Homme par l’armée nigériane en 1995, dont l’écrivain Ken Saro-Wiwa dans la région fort marécageuse (sic) du Delta, a finalement signé un accord de 15,5 millions de dollars avec les familles des victimes pour échapper au tribunal de New-York admettant ainsi, implicitement sa culpabilité.

Baril de sang contre baril de pétrole ? après tout, si parfois la lutte pour la justice payait ? Si en vrai, de temps en temps, Zorro bottait vraiment le cul du sergent Garcia ?

C’était mon message optimiste de l’année dans ce monde brutal du pétrole brut.

tgb

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

12 commentaires sur « Zorro et le sergent Garcia »

  1. Pas gentil pour le sergent Garcia…un peu benêt…mais pas vraiment un mauvais bougre…dans le fond…
    Par contre, espérant que ça dure, j’aime beaucoup cette solidarité pan-indienne, seule façon pour que la résistance perdure et gagne.

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  2. @ yelrah – on ni’magine pas françois chereque devoir se refugier à l’ambassade du venezuela c’est clair
    @ flingononduper – c’est vrai que le sergent Garcia est nettement plus sympatique que la crapule Alan Garcia

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  3. « Sauf qu’aujourd’hui dans l’Amérique Bolivarienne de Chavez, les amerindiens ont des frangins qui leur ouvrent l’asile diplomatique et ça change tout. »
    Oh que oui.
    En attendant mieux, d’ailleurs : une fois Uribe et Garcia virés, l’Amérique Latine aura quand même une sacré gueule. Et pour peu que ce soit aussi contagieux que la grippe porcine, je verrais bien l’épidémie gagner ensuite l’Europe.

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  4. Des bons points pour Chavez dans ce coin là mais je n’en dirai pas autant avec ses félicitations au nouvel élu iranien , je sais bien que c’est géopolitique mais quand même !!

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  5. i@ agathe – ils vont tricher comme d’hab
    @ kulturam – entre pestiférés de la pensée occidentale propore sur elle on fait ce qu’on peut

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  6. félicitations pour cet article (et les autres). on ne dira jamais assez comment les puissances, USA en tête avec la CIA, ont contribué à empêcher la démocratie en soutenant des régimes dictatoriaux et corrompus. les exemples abondent: soutien au Shah d’Iran contre Mossadegh, organisation du coup d’Etat de Pinochet, soutien à Suharto. sans oublier l’imperium économique imposé par le FMI et la banque mondiale sous forme d’ajustements structurels et de conformation aux critères du consensus de Washington.

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