Lutter plus pour gagner plus

J’étais dans mon bled, (Savoie) dans ma bagnole, enfin celle de ma mère. J’ai pas d’bagnole.

J’écoutais France info – c’est dire.
J’aime bien écouter la radio au volant
en fumant une clope.

Même France info.

Reportage :

Y’avait un type de la cftc
Un cadre quoi, qui Gueulait :
« les salauds !!! »

Il désignait ainsi les boss de Continental, (boîte allemande de pneumatiques ) plus quelques autres non identifiés sûrement mais on se doute… bref

– On a travaillé plus pour gagner plus, on a cru au slogan, on a négocié à 40 Heures pour sauver la boîte, aujourd’hui ils nous virent tous, 1120 bonshommes, les salauds…-

Délégué syndical cftc dixit
Enervé le gars
Grosse colère
Il en chialait presque.

et moi de soliloquer au volant – et pourquoi t’as négocié les 40 Heures, sale jaune, et pourquoi t’as plié, au lieu de lutter à ce moment là sans céder au chantage. Jamais céder aux chantages, c’est écrit dans les dix commandements de la lutte de classe des blaireaux, sinon, engrenage et dîner de con assuré.-

Et je repensais à cette phrase copiée colée du ‘monolecte’ :

– La cupidité des uns se nourrit forcément des renoncements des autres –

Et je me disais que les résistants de la 25eme heure ne luttaient que quand la foudre leur tombait sur la gueule, en bons petits soldats de la machine à fric, toujours dans le court terme, en espérant que ça tape sur la tronche du voisin.

Alors que, c’est en luttant avant, avec et pour les autres, qu’on pense intelligemment à soi.

Penser solo ok mais jouer collectif au moins.

Voilà ce que je me disais dans la bagnole de ma mère, dans les rues de ma ville natale, dont le maire UMP libéral, châtelain depuis peu, faisait beaucoup dans l’immobilier et n’aimait pas les arbres. (Quelques projets en ruines d’ailleurs…)

Tout en écoutant France info.

( Plus RMC et TF1, en lisant, le Dauphiné libéré et le point….Quand je suis ici je me fais un stage comportemental de français de plus de 65 ans en Sarkozie profonde. Et j’apprends beaucoup.)

Quelques jours plus tard, toujours dans la même bagnole, toujours en écoutant France info, et toujours en fumant ma clope, j’écoutais un autre délégué syndical de la même boîte, se désoler, de l’irruption intempestive d’ouvriers en colère dans une réunion de concertation avec la direction.

« Débordements compréhensibles mais inacceptables » qui avaient mis fin illico à la négociation.

Quid des débordements inacceptables ?

Deux ou trois verres de cassés.

Je regardais mes montagnes, avec de la neige dessus et un zest de soleil et je me pensais tout bas – qu’ils se démerdent, les syndicalistes des 40 heures de chez Continental, ex croyants sarkoziens, tétanisés grégaires par deux ou trois verres de cassés quand une direction casse allègrement et sans états d’âme, une usine entière avec 1000 gars dedans.

Autant dire qu’avec un tel degré de radicalisation, ils n’étaient pas prêts, de s’accaparer l’outil de travail en autogestion et de mettre leur prime de licenciement dedans, les gentils délégués moutons qu’avaient si peur de déranger à l’heure de l’abattoir.

Parce qu’à part lutter plus pour gagner plus
Je ne connais pas d’autre moyen de défendre et de conquérir des droits et un chouïa de justice sociale.

Mais tant qu’on tremble à l’idée de casser la vaisselle…

tgb

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

15 commentaires sur « Lutter plus pour gagner plus »

  1. Beaucoup de nicotine et pas beaucoup de ski, dis-moi…
    Je hais la violence, mais les « bisounours », les « fraises tagada » (comme disent mes élèves) n’ont pas d’avenir. Demain, des défilés sans casse mais sans effets?

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  2. « j’écoutais un autre délégué syndical de la même boîte, se désoler, de l’irruption intempestive d’ouvriers en colère dans une réunion de concertation avec la direction. »
    Pas étonnant vu les signataires de l’accord de 2008 :
    – « Un accord, qui prévoit également l’embauche de 130 salariés supplémentaires sur le site d’ici au 1er janvier 2008, a été signé mercredi entre la direction du site et les syndicats CFTC (majoritaire) et CGC. Il entérine le retour aux 40 heures de travail hebdomadaire pour environ 650 des 1.200 salariés du site, ont précisé Thierry Wipff, directeur de l’usine, et Antonio Da Costa, délégué syndical CFTC. » (site Nouvel Obs, 23 06 08),
    – le même Da Costa rajoutant (1) :
    «  »Après la signature de l’accord, nous avons réuni les équipes, et nous avons senti qu’ils étaient soulagés d’aboutir enfin à quelque chose et de se voir garantir un peu leur emploi », a estimé Antonio Da Costa, soulignant que le site était « sous la menace d’un plan social depuis 18 mois ».
    C’est effectivement apparemment incroyable de se faire ainsi empapaouter … et de continuer,
    d’autant que :
    « 40 heures: « aucun engagement » sur la pérennité de Continental Clairoix (direction)
    LILLE, 13 mars 2009 (AFP) – L’accord signé en 2007 sur le retour à 40 heures de travail dans l’usine de Clairoix (Oise) « ne prévoyait aucun engagement quant à la pérennité du site », a affirmé vendredi la direction du groupe allemand, qui a annoncé mercredi la fermeture de cette usine d’ici un an.
    « L’accord signé ne prévoyait pas de sauvegarder les emplois et ne prévoyait aucun engagement quant à la pérennité du site de Clairoix, notamment en cas de retournement de la conjoncture économique, comme c’est le cas aujourd’hui », selon un communiqué de la direction.
    « Malgré les efforts faits en matière d’investissements par la direction et en temps de travail par les salariés, la productivité du site de Clairoix n’est pas améliorée, le site est (…) resté le moins compétitif des usines du groupe Continental en Europe de l’Ouest », poursuit le communiqué.
    Dans l’accord passé en 2007, « nous avons donné des garanties d’investissements » et d’embauches, pas de pérennité du site, avait assuré Bernhard Trilken, vice-président senior de Continental, lors d’une conférence de presse jeudi.
    Selon certains délégués syndicaux du site de pneumatiques de Clairoix, qui emploie 1.120 salariés, l’accord sur les 40 heures devait assurer la pérennité du site jusqu’en 2012 au moins, leur avait promis la direction d’alors. (2)
    (1) avec un préservatif bénitement offert par Benito XVI
    (2) il se serait contenté de dire :
    « Nous avons l’assurance que grâce aux économies réalisées par ce projet équilibré, nous retrouvons une certaine performance, et nous pouvons réinvestir dans le site », a déclaré Thierry Wipff. » (Site du Nouvel obs)
    Conclusion :
    signer plus pour se faire empapaouter plus

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  3. @ jide – et quelques sals gueules au passage
    @ christine – j’arrive même à allier ski et nicotine tout en avalant quelques fraises tagada – j’ai toujours pensé que la non violence était d’une extrême violence
    @ PS – merci pour toutes ces infos et c’est vrai que les gars sont d’une candeur …

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  4. Il est important pour chacun de trouver Savoie,
    afin de ne pas oublier que derrière les miroirs aux alouettes
    contre lesquels on se tape la tête en essayant de réfléchir à leur place,
    il y a des vrais gens et qu’on en fait partie.

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  5. « Il est important pour chacun de trouver Savoie »
    Respect 🙂
    Des fois, je me dis : à force de se prendre des mandales dans la gueule, les syndicalistes réformistes finiront bien par se rendre compte qu’il faut en arrêter là avec les concessions et la discussion. Et qu’il s’agit désormais de »lutter plus pour gagner plus ». En tout cas, tout d’accord avec le constat.

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  6. @ parkane – trouver Savoie lactée rajouterais je même, quant à faire parti des vrais gens…gens oui, vrais des fois j’ai des doutes
    @ JBB – mais peut être qu’ils aiment ça les madales aprés tout, Chérèque a bien la tête à ça
    @ damien – effectivement bonne synthèse – en plus un syndicaliste au jus d’orange ne me met guère en confiance

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