les jolies colonies de vacances ?

Bon positivons.

Si le sarkozisme pour moi, a finalement une utilité pédagogique, c’est de bien me faire comprendre et concrètement encore, ce que fût le pétainisme, spécificité locale, et comment une énorme partie de la population française, en sa majorité silencieuse et consentante, a pu s’en accommoder, voire s’en réjouir.

Moi qui ai la chance (sans avoir à m’en vanter vu que je n’y suis pour rien) d’être issu d’une famille rangée instinctivement, presque par nature, dans le camp estimable et justement vainqueur, la collaboration restait un avatar de l’histoire de France, une tâche honteuse et indélébile mais circonstanciée et lointaine.

Or, je suis en train de prendre péniblement conscience qu’elle est fondamentalement une constante de notre peuple, une composante de notre mode de fonctionnement, une inclinaison assez naturelle de notre culture ordinaire.

Certes nous avons échappé au fascisme à l’italienne, (qui renaît de ses cendres) au franquisme espagnol (et Aznar rode encore), au national socialisme Hitlérien, mais notre particularité qui perdure reste ce goût tranquille pour le conformisme servile, l’obéissance consciencieuse et la délation pépère de bon Français faisant respectablement son devoir de bon français.

Car évidemment, comme les copains, on a assez facilement la haine des autres, le mépris facile des plus faibles, le goût malsain du bouc émissaire et des penchants scabreux qui ne demandent qu’à s’épanouir pour peu qu’on les caresse dans le bon sens du poil.

Et il se trouve donc que ce sarkozisme, que l’on nous survend moderne, a du talent pour la chose, s’y connaît en viles flatteries de reptilien beauf et a en lui, quelque chose de pathétiquement archaïque, de l’ordre précisément de cette trinité poisseuse et indémodable :

travail, famille, patrie : cette trinité qui sent bon son populisme satisfait et étroitement bourgeois.

Le flic obéissant aveuglement dans son souci servile de l’objectif quantifié et de la rafle performante
L’administration scrupuleuse dans son efficacité pointilleuse et ses statistiques lissant les drames humains en colonnes de reporting.

Le ministre zélé et adipeux, appliqué dans sa culture du résultat et tout à ses records espérant la reconnaissance du chef et la promotion qui s’ensuit.  (les bons cons faisant les bons amis)      

Colonel noius voilà….                                                                             

Le propagandiste suffisant dans sa morgue décontractée tout concentré à dénoncer les témoins de l’incendie plutôt que ceux qui l’attisent.
Le journaliste complaisant dans sa soumission ambitieuse, faible avec le fort, fort avec le faible.
L’intellectuel de service s’indignant du fascisme d’hier ou du bout du monde et justifiant, arrogant, celui sous ses yeux et devant chez lui.

Et toute cette populace, vengée du malheur des uns, indifférente au mieux, dans sa lâcheté ordinaire, à l’humiliation des autres, tout à son aspiration à l’ordre misérable et hiérarchique, et prête à échanger deux barils de liberté dont elle n’a que faire contre un pur baril de sécurité fantasmée et méchamment matraquée.

Cette France normalement hideuse qui se dessine, dont la traque aux sans-papiers, n’est finalement qu’un avant-goût obscène, un laboratoire du contrôle à venir, ce sont les pauvres, puis les classes moyennes, qui se croient à l’abri car n’ayant rien à se reprocher, (sauf de laisser faire), qui en seront les inévitables et prochaines victimes.

Inévitable car c’est un processus classique et constant dans l’histoire.

Bien sûr et heureusement la France vigilante secrète ses anti-corps et des femmes et des hommes de tous milieux, de toutes origines et dans leur souci de dignité et d’humanité sauvent l’honneur d’un pays retournant à ses plus bas instincts.

 Mais tant que les centres de retention (ah ces charmants euphémismes) mais plus sûrement les camps d’internement, cet arbitraire concentrationnaire, cet été carcéral du triage, se dilueront dans les joyeuses colonies de vacances et les campings des flots bleus, les barbelés en attendant les miradors, s’incrusteront bien peinards dans le paysage estival de notre douce France en toute sa triste laideur…

Oui, tant que la révolution, c’est pour après les vacances…

tgb

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

16 commentaires sur « les jolies colonies de vacances ? »

  1. « travail, famille patrie », et la délation, ce putain de réflexe de trouille à l’encontre de ceux qui sortent des clous, plus lâche qu’une bonne baston, plus vile que toute la violence qu’elle engendre:
    http://jide.romandie.com/post/12008/119965
    Lu chez ZGUR: « J’ai compris alors que je détestais moins la violence que les institutions de la violence. » (A. Camus).
    Tout est dit…

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  2. Une lecture salutaire pour les amis de la rue affre: De quoi sarkozy est-il le nom? Alain Badiou. Permet de mieux cerner cette composante réac et vichyste de notre société et de ne pas céder au découragement qui nous guette? (qui me guette depuis maintenant presque quatorze mois: putain, c’est long!).

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  3. @ christine c’est long mais on tiendra et on les aura à l’usure
    @ kamel – faut aller jeter un oeil chez olivier Bonnet (dans la colonne gauche) super boulot sur l’affaire du mec du betar qui court pas assez vite et qui a dégusté pour les autres
    @ kikine – glaçant certes mais on resiste – une balle perdue sur un tarmac et ils sont tous aux abris – des colosses aux pieds d’argile
    @ jide – oui j’avais lu ça chez Zgur – beau raccourci de pertinence – c’est comme ça chez les grands écrivains – ils nous rendent intelligent

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  4. Je ne suis pas d’accord avec toi, TGB, pour une fois…
    Les Français ne sont pas ces limaces informes, sans idées, sans convictions que tu décris.
    OUI, par contre l’élite couchée et servile qui suit l’idéologie malsaine du président actuel est lâche à gerber. Rappelle toi l’élite sous Pétain (certes on était pas né) ? Ses flics, ses cadres, ses journaleux, ses écrivains, ses miliciens ! Pareils !
    Je sais que jamais le petit peuple n’a cautionné les horribles déportations. Jamais. Mais les gens avaient la trouille. À juste titre.
    Maintenant les gens ont la trouille de perdre le peu qu’ils ont : leur boulot merdique et leur baraque à crédit… Il faut les comprendre.
    Mais n’oublie pas qu’ils n’en pensent pas moins. Tu verras : il y aura un sacré retour de bâton. J’en suis sûr !

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  5. @ cui cui non seulement je t’autorise à ne pas être d’accord avec moi (hihihi) mais en plus je ne demande qu’à te croire
    mais depuis que j’ai vu les infimières en chaleur demander des autographes au type qui leur bousille leurs acquis sociaux j’ai des doutes.
    Parce qu’en principe si l’électorat de sarkozy c’est à dire Neuilly grosso modo était le seul à voter pour lui ça ferait allez disons 10% or il en trouve 43% de plus
    quant au retour de bâton j’en suis absolument convaincu ce type appelle la violence
    il l’aura

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  6. Oui mais concernant les infirmières, il s’agit d’un phénomène médiatique, tu sais bien, les pauvres gens, dès qu’ils côtoient une personne connue, ils tombent en transes, ça, c’est la pire aliénation qu’amènent la télé et les journaux people !
    Cette starisation qui prend de nos jours des proportions incroyables me parait vachement grave en effet car il accentue le pouvoir de pseudos célébrités médiatiques qui n’ont rien à dire sur de pauvres gens persuadés d’être, à tort d’ailleurs, des moins que rien parce que inconnus et ignorés dans une société qui méprise le citoyen ordinaire…

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  7. @ tgb
    Plus personne n’est assez candide pour faire la révolution…
    @ cui-cui
    sympa cette tendance à trouver des excuses à tous ces braves couillons qui ont voté pour sarko, ne s’en vantent plus guère, certes, mais les faits sont têtus!

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  8. @tgp: « quant au retour de bâton j’en suis absolument convaincu ce type appelle la violence
    il l’aura »
    C’est bien ça le problème. Ce type appelle la violence de toutes ses forces. Pour montrer qui est le patron, et pour utiliser ses jolis drones, tasers, et pourquoi pas faire feu contre la plebe en furie. Il en est parfaitement capable sans une hesitation.
    Sa politique est conçue pour soulever la violence, pour faire voter des lois liberticides contre les « terroristes » et mieux contrôler son peuple.
    Si on rentre dans un rapport de force ouvert et violent, il faudra être les plus forts ou se faire impitoyablement écraser.
    Pas le choix

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  9. @ christine – tant que les français ont trop à perdre effectivement et c’est pour ça que je dis la révolution aprés les vancances – aprés l’accessoire…
    @ jide – on est d’accord ce type est violent et génère la violence sciemment ou pas
    si ‘quelque chose se passe’ il est clair qu’il faut que ça aille au bout ou sinon il en sera le premier bénéficiaire – émeutes – mai 68 – tant la France profonde aime l’ordre
    A la place du petit timonier que les grèves les manifs ne fonctionnent pas ne me réjouirait pas – faut que l’humeur sorte et si elle ne sort pas organisée
    alors….
    mécaniquement – organiquement c’est inévitable

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  10. @ jide
    eh oui, ce type qui nous sert de chef d’Etat et ses sbires cherchent la confrontation directe, à coups de provocations quotidiennes. Pour mieux donner un tour de vis liberticide par la suite, avec les applaudissements et le soulagement de la majorité de nos con-citoyens.cqfd. Alors quelle sortie possible pour tous ceux qui n’ont pas voulu cela? Peut-être saboter le système en s’intéressant à la seule alternative possible: consommation minimale, éducation maximale. Comme un parfum de décroissance sur notre doux pays? J’ose espérer que la révolution -tranquille?- passera par là…

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  11. OH YOYOYE COMME TU Y VAS MA CLOD comme ça devant tout le monde….
    allez allez t’avais tes prédispositions….bises du nord

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